LA MARÉCHALERIE
Fatou Touré, une femme dans un univers traditionnellement masculin
C’est un des plus vieux métiers du monde. La plupart du temps exercé par des hommes. Mais, au Sénégal, Fatou Touré a su s’imposer. Cette femme est une maréchale-ferrante. La Thiessoise démontre que ce métier à connotation virile, peut aussi être exercé par des femmes.
Fatou Touré est maréchale-ferrante. Ce métier, elle l’a choisi, elle l’a voulu et elle l’assume parfaitement. Elle est l’une des rares femmes à pratiquer la maréchalerie au Sénégal. Un métier qui est majoritairement réservé aux hommes. Existant depuis plus de 2 000 ans, ce travail consiste à effectuer le parage et le ferrage des sabots des équidés, des actes essentiels à l’amélioration de leur santé. Dans cette profession, la Thiessoise Fatou Touré y est tombée un peu par hasard.
‘’Après avoir échoué au Bac à deux reprises, j’ai décidé de suivre une formation en menuiserie métallique. Après trois années d’apprentissage, je suis sortie avec un diplôme d’Etat. Par la suite, j’ai fait une autre formation en menuiserie aluminium. Mais au cours d’un séminaire, j’ai vu des gens qui entouraient des chevaux. Quand j’ai demandé à un ami, il m’a dit qu’ils font de la maréchalerie. Automatiquement, je lui ai dit de m’inscrire, bien qu’il m’ait dissuadée. Il trouvait ce travail éprouvant pour une femme. Mais je lui ai tenu tête, car avec mon parcours, j’ai fait plus dur que ça’’, a confié la jeune dame qui est devenue une l’une des premières femmes en Afrique de l’ouest à exercer ce métier.
Après une formation de six mois avec plus de deux mois de renforcement de capacités offerte par Brooke, une ONG britannique, et la Direction de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’insertion, Fatou Touré fait partie des deux femmes sur les onze récipiendaires qui ont obtenu leur certificat de spécialité en maréchalerie. Ils ont tous été formés au Cep de Thiès.
Animée par sa passion et pleine de bonne volonté, Fatou Touré dit être très à l’aise dans ce métier qui comporte pourtant des exigences telles que : être en bonne condition physique, savoir forger et bien connaître l’anatomie du cheval ou de l’âne. D’ailleurs, c’est avec patience, délicatesse et douceur que cette dame parvient à apprivoiser les chevaux (ânes). Ces derniers, avec docilité, la laissent sculpter, adapter et ajuster leurs sabots.
Par ailleurs, dans un milieu quelques fois macho, Fatou Touré dit pourtant être à l’aise. Rassurante, elle renseigne qu’elle s’entend très bien avec les hommes avec qui elle entretient de bonnes relations. Selon elle, il n’existe pas d’obstacle pour exercer le métier que l’on souhaite. ‘’Maréchal-ferrant, pour moi, c’est un métier d’avenir et noble comme l’est tout autre métier. Ce n’est pas uniquement réservé aux hommes ou aux femmes. Et je suis vraiment à l’aise en l’exerçant’’, déclare-t-elle avec fierté.
En tant que femme, Fatou Touré affirme que son travail ne constitue pas une entrave à sa vie sociale. Avec le soutien de sa famille, elle poursuit avec quiétude sa passion. S’adressant aux femmes, la maréchale-ferrante lance : ‘’Il n’y a aucune limite à ce que nous voulons accomplir en tant que femmes. L’essentiel, c’est de croire au métier. Comme le dit l’adage wolof, ‘gueum sa bopp’. Elle en est la parfaite illustration. Elle croit en elle et ne fixe pas de limites. Go girl !
MAGUETTE NDAO
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