L'arrivée du Bus Rapid Transit (BRT) à Dakar divise les habitants de la capitale. Alors que certains voient en cette nouvelle initiative un moyen de transport rapide et efficace pour faire face aux embouteillages persistants, d'autres expriment des inquiétudes quant à son impact sur les modes de transport traditionnels et sur la gestion du réseau routier. ‘’EnQuête’’ examine les perspectives variées qu’offre le BRT, en mettant en lumière à la fois ses opportunités et ses défis dans un contexte d'évolution du paysage urbain de Dakar.

C’est officiel ! Le Bus Rapid Transit (BRT) tant attendu va être mis en circulation le mercredi 15 mai 2024. C’est lors d’une réunion de sécurité qui s’est tenue hier avec les partenaires et autres, dirigée par le gouverneur de Dakar, que le directeur de la Cetud en a fait l’annonce. Au moins 14 des 23 stations seront opérationnelles dans la première phase, couvrant le trajet entre Guédiawaye et Petersen. Mor Talla Tine a assuré que le réseau sera progressivement étendu pour inclure toutes les stations prévues.  

Pour la sécurité, les autorités ont nommé un commissaire pour la mise en circulation de ce moyen de transport révolutionnaire. Ainsi, le directeur de la Cetud a mis l'accent sur l'importance pour les usagers, en particulier les automobilistes, d'adopter les bonnes pratiques, afin d'assurer la sécurité et l'efficacité du nouveau système de transport à Dakar. Il a souligné que le respect des règles sera d'autant plus crucial dans l'espace dédié au BRT, que la tolérance envers les infractions sera moindre.

Une des annonces clés faites par M. Tine est le lancement progressif du service de bus du BRT. Le directeur de la Cetud a également détaillé le fonctionnement du service, en soulignant qu'il y aura un intervalle de six à trois minutes entre les bus BRT pendant les heures de pointe, de 6 h jusqu'à 21 h. Cette fréquence élevée vise à offrir un service fiable et ponctuel aux usagers, encourageant ainsi l'adoption du BRT comme nouveau mode de transport privilégié dans le département.

Tarifs réduits, avec des tickets ‘’sociaux disponibles entre 250 et 200 F CFA

 Concernant les tarifs, Tine a confirmé les prix précédemment annoncés, variant entre 400 et 500 F CFA. Cependant, il a également annoncé la mise en place d'un tarif social, visant à soutenir les populations à faible revenu. Ainsi, 16 % des usagers pourront bénéficier de tarifs réduits, avec des tickets disponibles entre 250 et 200 F CFA.

Enfin, Tine a souligné l'impact économique positif du BRT, qui pourrait générer environ 1 000 emplois directs. Jusqu'à présent, 700 de ces postes ont été pourvus, mais il est prévu que beaucoup d’autres opportunités d'emploi émergeront à mesure que le système se développera.

La mobilité urbaine, un casse-tête insoluble ?

En somme, le lancement imminent du BRT représente une étape cruciale dans la modernisation du système de transport urbain à Dakar. Avec des fonctionnalités conçues pour améliorer l'accessibilité, la ponctualité et l'efficacité, le BRT promet de transformer la mobilité et de faciliter la vie quotidienne des habitants de Dakar.

Pour de nombreux usagers comme Ndèye Coumba Ndiaye et Fatou Bintou Sow, l'arrivée du BRT est une aubaine offrant un moyen de transport rapide, fiable et efficace pour se déplacer dans une ville confrontée à des embouteillages incessants. Elles qui quittent tous les jours Keur Massar pour rejoindre la cité Keur Gorgui son lieu de travail, l’arrivée du BRT tombe à pic.

Même si l'itinéraire est entre Guédiawaye et Dakar, il permettra de raccourcir la durée du trajet qui peut aller jusqu’à deux heures.  Dakar, la capitale sénégalaise, est confrontée depuis des années à un système de transport urbain sous forte pression. Avec près de 80 % du parc automobile national et environ 30 % de la population locale concentrée dans cette région, la demande de mobilité dépasse largement les capacités du réseau de transport actuel. Ajoutez à cela la densité de la population la plus élevée du pays, avec 7 500 habitants/km2 et vous obtenez une situation où les embouteillages et les retards sont monnaie courante.

Pour cet agent qui fait la navette depuis quatre ans, ‘’l'introduction du Bus Rapid Transit à Dakar représente un tournant majeur dans la quête de solutions durables pour les problèmes de transport urbain. Car il a été conçu pour offrir un mode de transport rapide, fiable et efficace. Le BRT est destiné à répondre aux besoins croissants des habitants de Dakar en matière de déplacement’’.

BRT, une alternative attrayante et moderne aux embouteillages 

En effet, une des priorités du BRT est de désengorger les moyens de transport existants, notamment les bus Tata et les taxis qui dominent le transport urbain. Ces véhicules, bien que prisés, sont souvent surchargés et contribuent aux embouteillages et à la pollution. ‘’En introduisant le BRT, les autorités espèrent offrir une alternative attrayante et pratique, réduisant ainsi la dépendance excessive à ces modes de transport traditionnels’’, renseigne Fatou Bintou Sow qui prend tous les jours les taxis banlieue plus connus sous le nom de ‘’clando’’ pour faire la navette entre Hamo 6 et son lieu de travail situé sur la VDN.

Mais pour certains usagers, le BRT vise également à moderniser l'ensemble du système de transport urbain. Cette modernisation, combinée à une gestion plus efficace du réseau routier, devrait contribuer à améliorer la fluidité du trafic et à réduire les temps de trajet pour les usagers.

Préoccupations

Cependant, certains usagers, comme Sogui Guèye et Gora Diop, expriment des préoccupations quant à l'impact du BRT sur les autres moyens de transport traditionnels. Ils soulignent également la nécessité d'une gestion efficace du réseau routier pour éviter les complications potentielles. C’est une alternative aux autres moyens de transport, lâche Sogui Guèye qui en voit un équilibre.

Toutefois, il remet en cause l'étroitesse de la route secondaire qui, en cas d’accidents, peut occasionner de longues files d’embouteillage.

Pour le chauffeur Gora Diop, le BRT risque de tuer à petit feu les autres moyens de transport traditionnels. Le gouvernement devrait penser à recycler ces travailleurs qui pourraient faire les frais de la mise en circulation du BRT.

En fin de compte, le BRT, tout comme le Train Express régional (TER) en cours de déploiement, marque le début d'une nouvelle ère dans le domaine des transports à Dakar. Ces projets ambitieux ont le potentiel de révolutionner la façon dont les habitants se déplacent dans la ville et de positionner Dakar comme un modèle de développement urbain durable en Afrique de l'Ouest.

Amadou Camara Gueye