« TEMPETE DECISIVE » Comprendre les faits
Le 25 mars 2015, l’Arabie Saoudite lance une série de frappes sur le Yémen sous le nom de code : TEMPETE DECISIVE.
Pour mémoire, en septembre de l’année dernière, face à un projet de constitution sur un Etat fédéral qui les priverait d’un accès à la mer, les Houthis firent un mouvement vers la capitale Sanaa et finirent par chasser le président Hadi.
L’opération TEMPETE DECISIVE est lancée contre la milice Chiite des Houthis. Il faut rappeler que ce groupe a déjà chassé le président Mansour Hadi du pouvoir l’obligeant à se refugier à l’intérieur du pays. Dans sa retraite il sollicite les monarchies sunnites du Golfe pour une intervention militaire afin de repousser les Houthis qui ont fini de s’installer dans plusieurs sites stratégiques avec parfois la bénédiction de certains éléments des forces loyalistes.
C’est ainsi que l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et les Emirats Arabes Unis ont pris la décision de répondre favorablement. L’Egypte, la Jordanie et le Soudan ont confirmé leur volonté de participer à cette croisade.
Washington décide également d’apporter un soutien logistique et un appui en renseignement.
L’Iran de son côté dénonce une opération dangereuse qui de son avis pourrait être lourde de conséquences dans la région et a informé de sa décision de livrer des armes aux Houthis.
Dans le fond tout est parti de l’Irak et de la Syrie.
Depuis quatre ans une terrible guerre confessionnelle embrase la Syrie avec l’appui et la complicité de certains Etats de la région mais aussi occidentaux qui avaient mal apprécié la résilience de Bashar Al Assad.
En Irak, du fait du système clanique instauré par Al Maliki après le transfert du pouvoir ; les tribus sunnites sont entrées dans une rebellions sans fin contre le pouvoir.
Cette état de fait a créé un regroupement ou mieux encore une fédération des terroristes Salafistes sous la direction de leader Abou Bakr Al Baghdadi avec dans ses rangs des rebelles syriens en quête d’un cadre d’expression.
Toujours en opposition à la gestion sectaire d’Al Maliki ce groupe va occuper sans trop de difficultés les gouvernorats majoritairement sunnites créant ainsi le premier Etat terroriste dans le territoire irakien.
Il faut reconnaitre également que l’Etat Islamique doit aussi son salut à la porosité de la frontière avec la Turquie qui lui aura permis de s’ouvrir au reste du monde pour échapper à l’autarcie (renforts humains ; commerce pétrole, etc.).
La création de cette entité va attiser le feu et accroitre la course pour le leadership dans le Golfe Persique opposant l’Iran et l’Arabie Saoudite soutenue par les Etats Unis.
Par ailleurs le territoire sous contrôle de Daesh compte une frontière de plus de 350 km avec l’Arabie Saoudite ce qui constitue un gros souci sécuritaire pour le pays. Qui plus est l’Etat Islamique pourrait dans le cadre d’une large coalition Shiite prendre le pouvoir au Yémen avec son projet très stratégique d’accès au Canal de Suez et avoir une frontière terrestre avec l’Arabie Saoudite.
En réalité, la guerre que mène le leader arabe au Yémen est une double guerre par procuration. Il s’agit d’abord d’un conflit des alliés (USA ; Arabie Saoudite, Qatar, Egypte, etc.) contre l’axe du mal pour reprendre l’expression de G. W. Bush (Iran, Russie, Daesh) ; mais également et surtout une terrible guerre confessionnelle entre Sunnites et Shiites depuis plusieurs années au Liban, en Irak, dans la bande de Gaza, en Syrie et aujourd’hui au Yémen pour des raisons religieuses mais aussi de suprématie géostratégique.
Au total, il faut retenir que Daesh nourrit le projet secret d’accéder aux lieux saints de l’islam et de les « libérer » du joug sunnite et de la dynastie des wahhabites. Affaire à suivre !
Mamour Niang
Chef d’Entreprise
Analyste politique et géostratégique