Pour le respect de la parole donnée
Le mandat présidentiel est un des sujets dominant dans l’espace public depuis quelques jours. Est-ce une question pertinente alors que la Constitution stipule que la durée du mandat du président de la République est de 7 ans ? Oui, car, au fond, loin des considérations juridiques, le débat actuel appelle la question des Valeurs, c'est-à-dire les principes auxquels doivent se conformer nos manières d’être et d’agir en société.
Cette agitation trouve sa source dans les velléités d’une partie du camp du chef de l’Etat, Macky Sall, de remettre en cause son engagement de réduire son mandat à 5 ans. Un engagement politique pris en 2012 et décliné ‘’Urbi’’ et ‘’Orbi’’, au pays et à la communauté internationale. D’ailleurs un référendum est prévu en 2016 sur la question. Mais pourquoi alors ce débat.
Tant que ces velléités étaient exprimées par certains responsables de l’Alliance pour la République (APR), cela pourrait relever de l’épiphénomène, de l’accessoire. On aurait pu y voir une simple agitation, juste des voix qui s’élèvent pour amuser la galerie comme on en entend souvent d’ailleurs.
Lorsque l’opposition à la réduction du mandat présidentiel est exprimée par Me Oumar Youm, ministre de la Gouvernance locale, du Développement de l’Aménagement du territoire, qui plus est le porte-parole du gouvernement, cette prise de position prend un autre relief. Elle a presque quelque chose d’officiel.
Mais vouloir remettre en cause l’engagement du chef de l’Etat est grave. Car cette posture rappelle ce qui avait jeté le discrédit sur Me Abdoulaye Wade et son régime. Vouloir remettre en cause l’engagement présidentiel, c’est faire fi du contexte qui avait amené Macky Sall à renoncer volontairement à deux années du septennat pour lequel il a été pourtant élu en 2012.
C’est oublier le combat de principe mené entre 2011 et 2012 contre les reniements permanents de Me Abdoulaye Wade, qui entendait se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Dés lors, réduire le mandat présidentiel à 5 ans, c’est simplement redonner au respect de la parole donnée tout sens. Voilà le débat de fond, loin de toutes considérations juridiques.
Une élection ne fait pas la démocratie. La démocratie, ce ne sont pas seulement des textes de loi. Elle repose aussi sur des valeurs qui ne sont pas forcément des règles codifiées, mais ont toute leur place dans l’ordre social et impriment une culture démocratique qui fait que lors qu’on perd une élection, on reconnait sa défaite et félicite son challenger.
Parmi ces valeurs, il y a aussi le respect de la parole donnée, la bonne gouvernance, la reddition des comptes, faire valoir le mérite républicain. C’est cela la rupture. Cette autre façon de faire la politique que revendiquent beaucoup d’acteurs de l’espace public ou tout simplement le citoyen lambda. Une rupture qui replace la morale et l’éthique au cœur de l’action politique.
Ousmane Ibrahima DIA, journaliste