La nouvelle sortie… d’Ismaïla Madior Fall
La justice est sur des braises et le ministre de la Justice a semblé, hier, soufflé dessus, en se prononçant sur certaines des questions dont le procès devant opposé Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, ou encore, la loi d’amnistie en gestation et le troisième mandat.
Rien ne retient plus Ismaila Madior Fall, depuis son retour dans le gouvernement. De plus en plus, il multiplie les sorties de route, à l’instar de son prédécesseur Maitre Malick Sall. Interpellé, hier, dans ‘’Objection’’, sur l’affaire Ousmane Sonko contre Mame Mbaye Niang, il a presque condamné avant l’heure l’opposant politique.
À la question de savoir s’il peut garantir que la main de l’Exécutif n’est pas derrière, il s’emporte : ‘’Combien de journalistes ont été condamnés pour diffamation au Sénégal ? Combien de directeurs de publication ont été condamnés à cause d’articles écrits par des journalistes, alors qu’ils n’étaient même pas au courant de la publication ? Mais c’est le droit. Alors pourquoi vous dites l’Exécutif donc ? Pourquoi, dans les autres affaires, vous ne soupçonnez pas l’Exécutif ?’’
Au journaliste qui rappelle le statut d’homme politique de la personne poursuivie, il rétorque : ‘’Est-ce qu’un candidat à la Présidentielle doit diffamer les gens impunément ? Je suis candidat, je diffame et personne ne peut m’attaquer…’’, s’étrangle-t-il de rage, face à des journalistes qui n’ont pas manqué de lui signaler que l’affaire n’a pas encore été jugée pour savoir si le candidat à la Présidentielle est coupable ou non de ce dont on l’accuse.
Par ailleurs, le ministre de la Justice a aussi été d’attaque sur l’affaire de l’amnistie de Khalifa Sall et Karim Wade. "Le problème de l'amnistie, souligne-t-il, c'est que parfois, il est difficile d'amnistier des personnes. On ne peut pas dire qu'on amnistie Jean et Paul. Souvent, c'est des faits qu'on amnistie. Et donc, la démarche qui a été privilégiée, c'est que le projet de loi d'amnistie vise des faits. En l'occurrence, dans le premier cas (Karim Wade), c'était le délit d'enrichissement illicite commis de telle période à telle période. Et dans le deuxième cas (Khalifa Sall), c'est des faits de détournement de deniers publics, de blanchiment qui sont visés. Ces faits sont dans la loi d'amnistie et cette loi concerne au principal ces deux personnes’’.
À l’en croire, c’est comme si le mot des personnes concernées est important. Il semble en tout cas convaincu que Khalifa est, lui, concerné. Ismaila Madior Fall : ‘’J'espère qu'eux-mêmes sont intéressés par l'amnistie. Je crois savoir que l'un serait intéressé par l'amnistie. Je pense, même si je ne l’ai pas entendu le manifester, parce qu'il faut aussi une manifestation d'intérêt. Et l'autre, je sais qu'il a dit 'je ne suis pas intéressé par l'amnistie’. Le dossier est en tout cas entre les mains du chef de l'État."
Dans le cas de Khalifa Sall, on s’est vite senti visé et on a jugé nécessaire de réagir. Porte-parole du leader de Taxawu, Moussa Taye répond au ministre : "Une loi, par définition, a une portée générale et un caractère impersonnel. On ne légifère ni pour quelqu’un ni contre quelqu’un. D’ailleurs, la loi d’amnistie vise des faits et non des personnes. Pourquoi donc parler de ‘manifestation d’intérêt’. ? Cela montre simplement qu’on veut semer le doute dans l’opinion publique. Et pour cela, vous n’hésitez point à dire une contre-vérité. C’est vraiment dommage pour un éminent juriste."
Par ailleurs, la question de la troisième candidature a été abordée. Le ministre est revenu sur ses tergiversations sur la question. « La parole, elle est importante et il faut s’employer, autant que faire se peut, à la respecter. Et si les circonstances pour changer sa parole se présentent, on peut changer de parole et communiquer de façon appropriée sur le changement de parole. Fut-il président de la République, empereur ou roi. Ce n’est pas la fin du monde ».
MOR AMAR