Deux cent cinquante-huit milliards de francs CFA consacrés à l’Education supérieure
L’Assemblée nationale a adopté, hier, le budget 2022 du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Hier marquait le deuxième jour du marathon budgétaire. A cet effet, il a été soumis à l’appréciation des députés le budget 2022 du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri). Arrêté à 367 885 168 131 F CFA en autorisation d’engagement (AE) et à 258 186 961 675 F CFA en crédit de paiement (CP), il est réparti entre trois programmes : ''L'Éducation supérieure’’ (140 453 303 894 F CFA en CP) ; les ‘’Œuvres sociales universitaires’’ (113 113 306 994 F CFA en CP) et le ‘’Programme pilotage, gestion et coordination administrative’’ (4 638 350 987 F CFA).
Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 79 % du programme ‘’Éducation supérieure’’ seront consacrés à l’amélioration de la qualité des enseignements, à la promotion de l’employabilité et à l’insertion professionnelle dans les instituts d’enseignement supérieur (IES). Cette part du budget renferme également les subventions destinées aux universités et instituts supérieurs d’enseignement professionnel. Concernant les ‘’Œuvres sociales universitaire’’, 75 % des crédits sont consacrés à ''l'amélioration de la qualité de vie des étudiants dans les campus sociaux’’ et 23 % seront alloués à l’accroissement des capacités d’accueil des campus sociaux. Pour le ‘’Pilotage, la gestion et la coordination administrative’’, les crédits seront essentiellement répartis entre l’organisation du Baccalauréat (80%) et au fonctionnement du cabinet du Mesri et à des services rattachés.
Devant les députés, Cheikh Oumar Hanne a assuré que tous les bacheliers de cette année, qui en ont fait la demande, seront orientés dans les universités publiques. Avec les nombreuses infrastructures universitaires réalisées et celles en cours de réalisation, le gouvernement veut améliorer les capacités d’accueil des universités. Ainsi, chacune des futures universités Amadou Mahtar Mbow de Dakar et El Hadj Ibrahima Niasse du Sine-Saloum recevra, à terme, 30 000 étudiants. Le ministre de l’Enseignement supérieur pense que d’ici 20 ans, ‘’il ne se posera plus de problèmes de capacité d’accueil de nos universités publiques’’.
Toutefois, la soutenabilité de ce choix ambitieux a été interrogée par les députés, eu égard aux capacités d’accueil limitées de la carte universitaire sénégalaise, par rapport aux nombre croissant de nouveaux bacheliers. D’ailleurs, certains ont suggéré au gouvernement de s’inspirer de l’expérience de pays de la sous-région dans lesquels l’essentiel des bacheliers sont absorbés par des structures privées, l’accès aux universités publiques étant assujettie à des critères d’excellence.
L’enseignement supérieur, c’est aussi une transition vers la professionnalisation, avec un objectif d’orienter 30 % des bacheliers dans les instituts supérieurs d’enseignement professionnel (Isep). D’ailleurs, fait savoir le ministre, ‘’le maillage national des Isep sera effectif d’ici deux ans’’ avec l’ensemble des 14 régions du Sénégal qui seront équipées d’un Isep de 3 000 places.
S’agissant des espaces numériques ouverts (Eno), Cheikh Oumar Hanne a annoncé que tous les 46 (un par département) seront réceptionnés d’ici 18 mois.
Le Sénégal est aujourd’hui un hub incontesté de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne. Parmi les actions et projets qui confortent ce leadership, les quatre centres d’excellence financés par la Banque mondiale, le démarrage du Campus franco-sénégalais (CFS) et le projet spatial pour le montage de nano-satellites, avec le Centre spatial universitaire de Montpellier. Engagé sur la transposition des directives communautaires relatives à l’harmonisation du Baccalauréat dans les Etats membres de l’UEMOA (Union monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le ministre de l’Enseignement supérieur a fait savoir que les épreuves du Baccalauréat seront bientôt harmonisées dans tous les pays de l’organisation, de même que les droits d’inscription dans les universités.
ATTRIBUTION DES BOURSES AUX ÉTUDIANTS SENEGALAIS Les députés préconisent une rationalisation par l’excellence Pendant le vote du budget du Mesri, les parlementaires de même que les ministres de l’Enseignement supérieur et des Finances et du Budget ont soulevé la situation de plus en plus intenable de la part allouée au paiement des bourses dans les crédits du Mesri. Les députés préconisent une rationalisation des dépenses allouées au paiement de bourses d’études dans les universités sénégalaises. Lors du vote du budget 2022 du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), les parlementaires ont signifié à Cheikh Oumar Hanne ‘’la rationalisation des effectifs au sein des établissements publics d’enseignement supérieur et le choix de l’excellence comme principal critère d’attribution de la bourse’’. En effet, selon les représentants du peuple, malgré la part belle faite aux œuvres sociales universitaires dans le budget du Mesri, la politique d’attribution générale de bourses, bien qu’empreinte d’un fort marqueur social, ne paraît pas soutenable à long terme. De passage devant la Commission des finances et du contrôle budgétaire, Cheikh Oumar Hanne révélait qu’aucun pays africain ne fait autant que l’Etat du Sénégal, en matière d’allocation d’études. D’autant que le montant total des crédits attribués à l’étudiant sénégalais tourne autour de 1 500 000 F CFA par an. Sur la même lancée, ajoute-t-il, 50 % du budget du département du Mesri est consacré aux œuvres sociales universitaires. Présent lors de cette séance, le ministre des Finances et du Budget a fait savoir que les allocations des étudiants en bourses sont passées de 42 624 000 000 F CFA en 2021 à 50 124 000 000 F CFA dans les prévisions au titre de l’année 2022. Mais dans l’effectivité des décaissements, les chiffres précités étant évaluatifs, 72 milliards de francs CFA ont été payés en 2021 en bourses. Rejoignant la position des députés ayant soulevé cette question, Cheikh Oumar Hanne a reconnu que l’Etat ne pouvait plus supporter ces dépenses à moyen et long terme. Raison pour laquelle il a préconisé des états généraux de l’enseignement supérieur, pour solutionner cette question hautement sensible. Par ailleurs, les réalisations faites dans l’amélioration du cadre de vie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été saluées par les parlementaires. Afin d’éviter l’anéantissement des importants efforts, ils appellent les autorités à travailler davantage à créer un environnement social paisible à l’université, à travers le paiement régulier des bourses et l’assainissement du milieu syndical estudiantin. Un moyen d’y arriver est le relèvement ‘’de la Direction des bourses en une direction générale comportant des démembrements dans toutes les universités’’. |
Lamine Diouf