L’Afrique en voie de maitriser la pandémie
L’Afrique est en bonne voie de maitriser la pandémie de Covid-19 en 2022. Cette déclaration est faite hier au cours d’une conférence en ligne par la Directrice régionale de l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’Afrique Dre Matshidiso Moeti.
Au cours des deux dernières années, le continent a connu quatre vagues de Covid-19, chacune présentant des pics plus élevés ou un nombre total de nouveaux cas plus élevé que la précédente. Ces vagues ont été principalement provoquées par de nouveaux variants du SARS-CoV-2. Qui étaient hautement transmissibles, mais pas nécessairement plus mortels que, lors des vagues précédentes. Chaque nouvelle vague a déclenché une riposte plus efficace que la précédente et chaque nouvelle flambée des cas était de 23 % en moyenne plus courte que celle qui l’a précédée, souligne l’Organisation Mondiale de la Santé. Alors que la première vague a duré environ 29 semaines, la quatrième vague a pris fin, après six semaines, soit environ un cinquième de la durée de la première vague.
Selon la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, ces deux dernières années, le continent africain est devenu plus intelligent, plus rapide et plus efficace à riposter à chaque nouvelle recrudescence des cas de Covid-19. Dr Matshidiso Moeti : ‘’Malgré les obstacles, notamment les importantes inégalités dans l’accès à la vaccination, nous avons résisté avec résilience et abnégation à la tempête de la Covid-19, en nous appuyant sur la longue expérience de l’Afrique en matière de lutte contre les flambées épidémiques. Mais la Covid-19 nous a coûté cher, avec la perte de plus de 240 000 vies et des dégâts considérables infligés à nos économies’’, a-t-elle déclaré, hier au cours d’une conférence de presse en ligne.
Dr Moeti de poursuivre : ‘’Bien que la Covid-19 soit là pour durer, nous commençons à apercevoir le bout du tunnel. Cette année, nous pouvons mettre fin aux perturbations et à la destruction que le virus a laissées dans son sillage et reprendre le contrôle de nos vies. Maîtriser cette pandémie doit être une priorité, mais nous sommes conscients qu’aucun pays n’a eu la même expérience de la pandémie qu’un autre. Ce qui signifie que chaque pays doit tracer sa propre voie de sortie de cette situation d’urgence’’..
Lorsque l’Afrique a connu sa première vague, attribuée à la propagation du SARS-CoV-2 sauvage, le taux de létalité moyen, autrement dit la proportion de personnes infectées qui décèdent de causes liées à la Covid-19 était élevé (2,5 %). Ce chiffre, renseigne-t-elle, est passé à 2,7 %, lors de la deuxième vague alimentée par le variant Bêta, avant de redescendre à 2,4 % lors de la troisième vague due au variant Delta. En revanche, le taux de létalité moyen au cours de la quatrième vague est faible (0,8 %). ‘’C’est la première fois que la recrudescence du nombre de cas au cours d’une vague ne se solde pas par une augmentation proportionnelle des hospitalisations et des décès. Depuis le début de la pandémie, la capacité du continent à prendre en charge les cas de Covid-19 s’est progressivement améliorée, avec une disponibilité accrue de travailleurs de santé formés, d’oxygène et d’autres fournitures médicales’’, explique-t-elle. Avant d’ajouter que le nombre de lits en unités de soins intensifs a augmenté sur tout le continent, passant de huit lits pour un million de personnes en 2020 à 20 lits pour un million de personnes aujourd’hui.
Renforcer la capacité de détection des variants des pays africains
Alors que nous entrons dans cette nouvelle phase de la pandémie de Covid-19, l’OMS conseille d’utiliser les enseignements tirés des deux dernières années pour renforcer les systèmes de santé de notre continent. Ce, afin d’être mieux préparés à faire face aux futures vagues de la maladie. De l’avis de Dr Moeti, dans la mesure où les nouveaux variants sont à l’origine des vagues successives, il est primordial que les pays renforcent leur capacité de détection des variants grâce à un meilleur séquençage génomique. Cela permettra également de repérer rapidement d’autres virus mortels.
A ses yeux, la vaccination est l’arme la plus puissante contre l’apparition de nouveaux variants. À ce jour, près de 672 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 ont été reçues en Afrique, dont 65 % par le canal du mécanisme COVAX, 29 % par des accords bilatéraux et 6 % par l’intermédiaire du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins créé par l’Union africaine. En janvier 2022, renseigne Dr Moeti, un total de 96 millions de doses de vaccins ont été expédiées vers l’Afrique, soit plus du double du nombre de doses de vaccins livrées au continent il y a six mois. Et de souligner que, depuis janvier, le mécanisme COVAX n’expédie les vaccins aux pays qu’à leur demande. Ce qui donne à chaque pays la possibilité d’obtenir au bon moment le volume exact de vaccins dont il a besoin.
Selon Dr Moeti, même si l’Afrique accuse du retard en matière de vaccination, avec seulement 11 % de sa population adulte entièrement vaccinée. Le continent dispose désormais d’un approvisionnement régulier en doses de vaccins anti-Covid-19. ‘’La vaccination est primordiale, mais nous ne devons pas oublier le dépistage et la surveillance, dont nous savons qu’ils sont des outils essentiels pour ramener un semblant de normalité dans nos vies. Depuis le début de la pandémie, 95 millions de tests sont effectués sur le continent. Le dépistage s’est progressivement amélioré, avec 21 pays sur les 47 de la Région africaine qui remplissent désormais le critère de référence recommandé par l’OMS. C’est à dire effectuer 10 tests de dépistage pour 10 000 personnes chaque semaine’’, informe-t-elle.
L’année dernière, renseigne Dr Moeti seulement 15 pays en étaient capables. Dans la mesure où la transmission de la Covid-19 en Afrique est essentiellement le fait de personnes asymptomatiques, il est important, pour elle, d’accroître le nombre de tests de dépistage et des actions de riposte au sein des communautés.
VIVIANE DIATTA