Un dépistage précoce permet de le guérir à 90 %
D’après la présidente de la Ligue sénégalaise de la lutte contre le cancer (Lisca), Dr Fatma Guenoune, le cancer peut être guéri, s’il est découvert très tôt.
‘’Nous avons démarré la campagne depuis le 1er octobre. Il s’agit d’un moment de sensibilisation pour pouvoir impacter beaucoup plus la population féminine. Et nous faisons appel aux femmes qui ont 40 ans et plus à venir se dépister. Parce que si le cancer est vu tôt, il peut être guéri dans 90 % des cas’’, souligne la présidente de la Ligue sénégalaise de la lutte contre le cancer (Lisca) qui prenait part à une activité qui entre dans le cadre des manifestations d’Octobre rose.
D’après docteur Fatma Guenoune, la Lisca ne cesse de sensibiliser depuis sur les méfaits de ce cancer et voit des cas à des stades très avancés, malheureusement. ‘’C’est ce que nous ne voulons pas. Le dépistage, ce n’est pas pour consulter des femmes, c’est pour examiner les femmes qui ne sentent rien. Nous sommes à notre 4e jour de campagne et nous avons dépisté des cas de cancer des femmes qui viennent avec de volumineuses tumeurs qui ont commencé à faire des métastases. C’est ce que nous ne voulons plus. C’est pourquoi nous faisons appel en sensibilisant pour dire que le cancer vu tôt se guérit, vu tard on ne peut malheureusement que les accompagner à la mort’’, se désole la patronne de la Lisca.
En outre, elle a confié que le cancer du col de l’utérus tue beaucoup plus que celui du sein. Le cancer du sein étant le deuxième en termes de prévalence et de mortalité. C’est 1 800 nouveaux cas contre 951 décès par an. Ce qui est énorme, à ses yeux. ‘’Et nous avons constaté que cela touche des femmes de plus en plus jeunes. Donc, il faudrait apprendre aux femmes comment faire l’auto-examen des seins à partir de 40 ans. Elles doivent pouvoir bénéficier d’une mammographie tous les deux ans, parce que cet examen est une radiographie du sein qui permet de voir les tumeurs de très petites tailles. Et si les tumeurs de très petites tailles sont détectées, la femme n’a même pas besoin de faire de la chimiothérapie qui altère son organisme. Elle n’a pas besoin d’être amputée de son sein. Nous avons lancé cette campagne, depuis 2010, pour ne plus voir des stades 4. Je pense que les femmes qui habitent à Dakar et les environs peuvent venir à la Lisca, même en dehors d’Octobre rose, pour qu’on puisse les prendre en charge à faire une mammographie diagnostic’’, lance-t-elle.
Cette année, la Lisca compte subventionner 2 000 bons et examiner 10 000 femmes. Et parmi les femmes examinées, si elle trouve des lésions, elle leur offrira gratuitement le bon de mammographie et elle va les accompagner dans le diagnostic. ‘’Pour la maison de vie, nous attendons de l’État une promesse ferme du président de la République. Nous attendons d’avoir le terrain. Nous avons déjà le financement qui est disponible depuis trois ans. Il n’y a que le terrain qui tarde à être livré. Il s’agit d’un besoin pour les malades’’, dit-elle.
Venu prendre part à la rencontre, le directeur de l'institut Joliot-Curie, Pr. Mamadou Diop, a indiqué que des gens sont en train de reproduire le modèle de la Lisca, en formant les jeunes ; ce qui est une excellente chose. ‘’Il s’agit d’un travail important pour le cancer du col. Parce qu’il faut que les gens sachent que pour le cancer du col de l’utérus, dans les pays où il y a des programmes de dépistage, ce cancer est l’un des cancers les plus rares. C’est le cas des États-Unis, de la France de l’Europe de l’Ouest. Parce que le col de l’utérus, ce n’est pas comme le sein. On n’a pas les yeux pour voir la glande mammaire, il faut une mammographie.
Le pré-cancer, on ne peut pas le détecter, il faut le détecter avant les lésions cancéreuses, alors que pour le col de l’utérus visible, on peut voir les lésions précancéreuses pendant 10-15 ans. L’OMS disait que si toutes les femmes du monde se faisaient voir au moins une fois dans leur vie, on réduirait de 40 % la mortalité du cancer du col de l’utérus. Donc, c’est un cancer qui est à notre portée. On peut le faire reculer, en mettant en place un programme national de dépistage pour y arriver. Nous avons les compétences et cela ne demande pas beaucoup d’investissements’’, explique Pr. Diop.
CHEIKH THIAM