200 femmes enceintes séropositives n’ont pas accès au traitement
Le Sida constitue un véritable problème de santé publique. Pour éliminer cette pandémie, l’Organisation des Nation unies dans la lutte contre cette maladie ainsi que les acteurs de la réponse réfléchissent sur les stratégies à mettre en place pour son éradication en Afrique de l’Ouest et du Centre.
La pandémie du Sida préoccupe de plus en plus les acteurs. A ce propos, une consultation régionale sur la stratégie de l’ONUSIDA est organisée à Dakar, afin de réfléchir sur les mécanismes d’élimination de l’épidémie en Afrique de l’Ouest et du Centre, pour la période 2016-2021.
Les acteurs s’accordent que la maladie, qui a connu de larges baisses, doit être mieux combattue avec un changement de fusil d’épaule. L’un des chantiers est d’éliminer la transmission mère-enfant. Docteur Leo Zekeng estime que c’est possible dans la ville de Dakar, même s’il y a 200 femmes enceintes séropositives à retrouver. ‘’C’est vrai, la prévalence au niveau du Sénégal n’est pas élevé, c’est 0,4%. Mais dans une ville comme Dakar, à l’heure actuelle, si on fait des efforts, le gap entre le nombre de femmes enceintes séropositives qui n’ont pas accès au traitement, c’est 200. On sait où est-ce qu’elles sont. Donc, le message, c’est de dire : pendant qu’on agit de façon globale, qu’on regarde aussi les cas dans les villes les plus affectées’’, a dit Dr Zekeng. Si ces femmes ne reçoivent pas de médicaments, l’enfant risque de naître contaminé.
En Afrique de l’ouest et du centre, la prévalence est de 2,3%. ‘’La région compte 6 millions de personnes vivant avec le VIH, pour une population d’à peu près 450 millions d’habitants. Soit 17,4% de la charge mondiale du VIH. Les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée. Dans certains groupes de la population, même au sein des pays, notamment les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, l’on note un taux de prévalence 8 à 15 fois supérieur au taux national global enregistré dans la population générale, a-t-il expliqué. Donc, selon le médecin, si on veut vraiment accélérer et changer de paradigmes, il est important qu’on aille là où l’épidémie se trouve, au plan des populations et aussi au plan des pays.
Le Nigeria, le Cameroun, la RDC, la Côte-D’ivoire le Ghana et le Tchad représentent 82% du poids de la maladie
Le Docteur Zekeng relève aussi le caractère hétérogène de l’épidémie, avec une prévalence se situant, entre 0 et 4% au Niger, niveau le plus bas, et 6,2% en Guinée Equatoriale, niveau le plus élevé. ‘’On a 6 pays (le Nigeria, le Cameroun, la RDC, la Côte-D’ivoire, le Ghana et le Tchad) qui représentent 82% du poids de la maladie. On doit mettre l’accent sur ces pays, si nous voulons atteindre nos objectifs’’, a-t-il soutenu. En terme de couverture, actuellement, 1 adulte sur 4 a accès aux antirétroviraux, et un enfant sur 10 a accès aux antirétroviraux dans la région. ‘’Ce n’est pas acceptable que dans d’autres régions, sur 6 millions de personnes vivant avec le VIH, seulement 1 million 400 aient accès aux soins. Il faut qu’on réduise cet écart pour qu’un plus grand nombre de personnes soient testées et soient mises sous traitement’’, a-t-il souligné.
Toutefois, des progrès ont été faits en termes de réduction de nouvelles infections. Elles ont diminué de 37% en termes de décès, grâce au financement et à l’aide de la communauté internationale. ‘’Si on doit accélérer, il faut qu’on réduise cette dépendance par rapport à l’aide extérieure. Dans notre région, en dehors du Gabon, et la Guinée Equatoriale qui financent leur réponse à plus de 80%, près de 15 pays sur 25 sont à plus de 75% de financements extérieurs. Ce n’est pas bon’’, a dit Docteur Zekeng.
‘’Changer la façon de faire et accélérer le pas’’
Selon le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Docteur Luiz Loures, on peut s’attendre à 2,5 millions de nouvelles infections en 2030 s’il n’y a pas de nouvelles stratégies. ‘’Si nous ne changeons pas de paradigmes, notre façon de faire, nous ne pouvons pas vaincre cette épidémie. Donc, dans 15 ans, nous serons ici encore en train de spéculer sur ce que nous devons faire. La réponse à cette épidémie est simple, il faut changer la façon de faire et accélérer le pas’’, a dit Dr Loures. Ils vont réfléchir sur des mécanismes innovants, afin de voir là où les pays peuvent financer leurs réponses et quels sont les préalables. Là où les pays ne peuvent pas, l’ONUSIDA va s’engager et voir dans quelle mesure la communauté internationale peut continuer à honorer ses engagements.
VIVIANE DIATTA