Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
Pas de liberté provisoire pour Etienne Fakaba Sissoko. L'économiste malien est jugé en appel pour « atteinte au crédit de l'État ». Il avait été condamné, en mai dernier, à deux ans de prison dont un an ferme et à payer des dommages et intérêts à l'État de 3 millions de francs CFA. En cause : un livre dans lequel il dénonce la « propagande » du gouvernement de transition. Après sept mois de détention, la cour d'appel a autorisé, ce lundi 14 octobre, Etienne Fakaba Sissoko à rentrer chez lui, sous contrôle judiciaire, en attendant l'audience sur le fond, mais le parquet général s'y est immédiatement opposé.
Le sentiment de victoire, même partiel, n'aura duré que quelques minutes. Le temps, pour l'avocat d'Etienne Fakaba Sissoko, d'apprendre le pourvoi du parquet général, alors que la cour d'appel venait d'ordonner sa libération, sous contrôle judiciaire, dans l'attente de son nouveau procès. Ce pourvoi est suspensif. L'économiste reste donc en prison.
« Cela suscite en moi un sentiment de désespoir, de regrets », confie, désabusé, Maître Ibrahim Marouf Sacko qui s'interroge sur « l'acharnement » dont est victime, selon lui, son client qui vient déjà de passer près de sept mois en détention et continue de clamer son innocence.
Le parquet général moins sensible que les magistrats indépendants
« Ce pourvoi est un droit du parquet général, mais au regard du contexte, des débats et de tous les arguments que nous avons développés, je pensais que le procureur aurait dû être aussi sensible que la cour qui vient d'ordonner la liberté », déplore l'avocat qui rappelle que « la liberté, c'est le principe et Etienne Fakaba Sissoko est présumé innocent ! Lorsque des juges, des magistrats indépendants, décident qu'il doit être en liberté, le Parquet général se doit d'adopter une attitude de clémence, ne serait-ce que pour le respect de ce droit fondamental qu'est la présomption d'innocence. Cela n'a pas suffi. Il y a de l'acharnement et encore de l'acharnement contre mon client, mais nous allons faire face. »
L'audience sur le fond de ce procès en appel a été fixée au 11 novembre prochain. « Tout ce qu'il nous reste à présent, c'est de nous battre pour obtenir la relaxe », conclut Maître Sacko.
« Le contraire nous aurait étonné »
Pour la défense, le livre dans lequel l'universitaire dénonce la « propagande » du gouvernement de transition est un travail académique et sourcé qui n'a d'ailleurs suscité aucun trouble à l'ordre public, depuis sa parution.
« C'est le contraire qui nous aurait étonné », explique un proche de l'économiste qui estime que le pourvoi du ministère public démontre une nouvelle fois le caractère « purement politique » de la procédure, destiné à intimider les voix trop critiques. « Mais c'est la marche de la lutte et nous continuerons de nous battre pour le procès », ajoute cette source.
RFI.FR