‘’Nous avons retrouvé notre souveraineté’’
Reddition des comptes, polémique sur l’argent de la traque des biens dits mal acquis, création de la plateforme Initiative 35, situation économique du pays, le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est à nouveau au front. Et c’est pour défendre la politique du chef de l’Etat, son mentor, tout en lançant des pierres dans le jardin de l’opposition.
Depuis un certain temps, la polémique ne cesse d’enfler par rapport à l’argent recouvré dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis. Et le gouvernement vient d’entrer dans la danse, en publiant un communiqué dans lequel il est fait état de plus de 152 milliards de francs Cfa recouvrés. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que le communiqué du gouvernement vient confirmer les propos de Mme Aminata Touré. Il faut rappeler que tout ce qui a été recouvré, dans le cadre de la reddition des comptes, ne peut pas figurer sur une loi de finances rectificative. Les sommes que le gouvernement va recouvrer sur 35 ans ne peuvent pas encore figurer sur des lois de finances rectificative. Il faut arrêter ce dilatoire et cette volonté de passionner le débat ou de parler de quelque chose qu’on ne maitrise pas.
Toujours est-il que depuis la fameuse sortie de l’ancien Premier ministre sur l’argent de la traque, les critiques fusent de partout. Et on n’a pas senti l’Apr soutenir Mimi Touré.
Ah non, il ne faut pas dire cela. Moi, je suis de l’Apr et pourtant j’ai dit que j’étais solidaire à Mme Aminata Touré. Je fais nettement la différence entre traque des biens mal acquis et reddition des comptes. Mimi Touré a été à la pointe de la traque des biens mal acquis, par la volonté du président de la République qui croit à la reddition des comptes. C’est le chef de l’Etat qui l’a positionnée à ce niveau-là. La reddition des comptes a rapporté plus de 200 milliards. Il faut assumer ce débat.
Donc, vous confirmez les chiffres du gouvernement et ceux de Mimi Touré ?
Je vais aller plus loin. Mais, auparavant, je voudrais rappeler que quand le gouvernement fait une loi de finances rectificative, il y a ce qu’on appelle les recettes additionnelles. Mais ce n’est pas toujours de l’argent. Rien que dans le domaine du transport aérien, ce qui a été recouvré dépasse les 470 milliards de francs Cfa.
On ne peut pas prendre l’aéroport et les sociétés annexes qui y opéraient et les présenter sous forme de loi de finances rectificative, parce que c’est un immobilier, des actifs qui sont fixes et qui sont là. L’Aibd avait conclu un contrat avec Daport (une société allemande) pour exploiter sur 24 ans, avec un préavis de 5 ans, c’est-à-dire 29 ans. Avec ce schéma, l’Etat du Sénégal n’allait gagner rien du tout. La société était détenue par deux personnes dont une non identifiée jusque-là et qui avait 90 % des actions, les 10 % appartenant à un autre individu. Cet aéroport est aujourd’hui devenu un patrimoine de l’Etat du Sénégal. La société de gestion qui opère à Aibd possède 34 % des actions. Vous-mêmes (les journalistes) vous avez annoncé que l’aéroport a coûté 470 milliards de francs Cfa.
Mais quand on recouvre un bien de 470 milliards, naturellement, on a recouvré le montant de la valeur de cette propriété. C’est différent de la société Ahs qui a été créée avec les résidus du patrimoine que le Sénégal avait au niveau d’Air Afrique. Ils ont hérité de ce matériel avec le franc symbolique et ont eu l’agrément d’opérer à l’aéroport avec zéro franc comme ticket d’entrée. Ils l’ont donné à un Sénégalais qui n’avait aucune expertise dans ce domaine. Ahs rapporte au minimum 28 millions par jour de bénéfices après opération. Prenez 28 millions multipliés par trente puis par 12 et voyez combien cela va donner sur une année seulement. Cette société devait opérer sur 29 ans. C’est tout cela qui a été recouvré. Saviez-vous qu’il y a eu une société qui transportait les passagers à l’aéroport à raison de 1 050 F Cfa par voyageur sur moins de 600 m ? Au Sénégal, on faisait 1,5 million de passagers par an. Multipliez 1,5 million par 1 050 F et vous verrez que c’est de l’argent. Vous pensez que tous ces biens, on va les mettre dans une loi de finances rectificative ?
Toujours est-il que dans ce débat, on n’a pas entendu les structures de l’Apr.
Il y a beaucoup de débats sur lesquels on n’entend pas les structures de l’Apr. Depuis lors, les instances du parti ne se sont pas réunies. Mais vous avez vu des responsables politiques de notre parti prendre en charge ce combat. La traque des biens mal acquis est la volonté du président de la République qui s’est engagé devant Dieu et les Sénégalais à instaurer une politique de reddition des comptes.
Donc, selon vous, il n’y a pas de malaise Mimi Touré à l’Apr ?
Il n’y a aucun malaise Aminata Touré à l’Apr. Elle se bat à nos côtés, elle est avec nous. On partage le même combat autour du président de la République.
Récemment, vous avez dit, dans un entretien, que certains d’entre vous ont des agendas cachés.
C’est parce que le journaliste m’a dit : ‘’Vous êtes en train d’organiser un procès politique contre Khalifa Sall. Est-ce que vous ne voulez pas le liquider parce qu’il est candidat ?’’ Je lui ai dit qu’il y a des gens qui peuvent être candidats même au sein de l’Apr. La preuve, Thierno Alassane Sall est sorti et il a annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2017. Demain, quelqu’un d’autre peut le faire. On n’a pas cette phobie du candidat qui va émerger. Quoi qui puisse arriver, nous aurons la dignité de faire face aux Sénégalais, de répondre par rapport à nos engagements, de reconnaitre les difficultés et d’expliquer à nos compatriotes les solutions. Au-delà d’être démocratiques, nous sommes des croyants. Vous pensez que devant la barre, le juge va demander à Khalifa s’il est candidat ou s’il est du Ps ? Le procureur ne l’a pas accusé parce qu’il est candidat. Il l’a accusé parce qu’il détient de fausses factures, parce qu’il a dit qu’il a acheté du riz que le magasinier dit n’avoir jamais vu la couleur. C’est cela le problème de fond.
Si le maire de Dakar était toujours avec vous, serait-il trainé devant la justice de cette manière ?
Le rapport qui a épinglé Khalifa Sall a épinglé d’autres maires qui sont de chez nous. Ils sont tous passés devant la Commission de discipline budgétaire à la Cour des comptes.
Qui, par exemple ?
Vous avez le rapport. Il y a des maires qui sont de la mouvance présidentielle et qui sont allés payer.
Pourquoi Khalifa Sall n’a pas été simplement traduit devant cette commission de discipline budgétaire ?
Parce qu’il y a, dans son dossier, un problème de fausses factures. Pour les autres, ce n’était pas des détournements de deniers publics. Il s’agissait simplement de fautes de gestion budgétaire qui sont réprimées par la loi de façon graduelle. Mais pour Khalifa, il y a eu détournement de deniers publics. S’y ajoute que l’un de ses collaborateurs a reconnu qu’il lui donnait de l’argent cash.
Est-ce que ce n’est pas une pratique qui se faisait ?
Ce que les gens oublient, c’est qu’on a été élu pour combattre ces pratiques. Les gens disent oui, il y a Mamadou Diop qui le faisait. Mais, après prescription, on ne va pas poursuivre Mamadou Diop, encore moins Pape Diop. Mais c’est Khalifa Sall qui l’a fait et qui n’a jamais dit que ce n’était pas lui.
Vous venez de mettre sur pied une structure dénommée Initiative 2035. Pouvez-vous revenir sur les objectifs assignés à cette structure ?
D’abord, ce n’est pas une structure. C’est une plateforme qui regroupe de jeunes cadres sénégalais, pratiquement de la même génération, qui ont eu à participer à des combats politiques sur le plan national. Si vous voyez la composition de cette plateforme, vous verrez que les membres qui la composent sont issus d’horizons divers. Certains étaient dans des partis politiques, d’autres n’ont jamais fait de la politique. Il y en a également qui viennent de la mouvance présidentielle et de la société civile. Donc, c’est un problème de génération qu’on est en train de régler à travers cette plateforme qui n’a pour but que de prendre en charge une seule préoccupation : le Sénégal de demain. Nous partageons, avec ses membres, les mêmes valeurs, la même compréhension de ce que veut dire le Sénégal de demain, les mêmes préoccupations démocratiques et républicaines. C’est ce qui justifie la mise en place de cette plateforme générationnelle.
Vous voulez, à travers cette plateforme, rendre plus visible les actions du régime. Est-ce à dire qu’il y a des failles dans la communication gouvernementale ?
Il ne s’agit pas de porter la communication du gouvernement. C’est un travail politique qui est en train d’être fait et qui est très différent de l’agenda du gouvernement. Ce travail politique se fait par rapport à notre projet politique qui est porté et dirigé par le président de la République. Il y a des contingences politiques qui justifient la création de cette plateforme. Si vous voulez une explication plus claire, comprenez que Benno Bokk Yaakaar (Bby) c’est l’armée de la majorité. Et comme dans toute organisation militaire, il y a des subdivisions qui sont spécialisées. Partant de ce fait, vous pouvez considérer Initiatives 35 comme une force spéciale qui a des missions particulières.
Est-ce à dire que l’Apr et Bby n’ont pas été à la hauteur pour riposter aux attaques de l’opposition ?
Celle qui va à l’assaut de l’opposition, c’est Bby. Mais quand l’armée va à l’assaut de l’ennemi, il y a toute une stratégie qui se dégage. I35 est une force spécialisée dans ces genres de mission. Il y a beaucoup de guerres qui ont été remportées ou dont le cours a été changé par l’intervention des unités d’élite. C’est à l’image de cette stratégie que nous avons mis en place cette plateforme qui va se spécialiser dans la réflexion et dans des frappes chirurgicales pour éclairer certaines choses, de temps en temps ; endiguer les flots que certains ont décidé de laisser couler et qui, stratégiquement, n’arrangent pas la stratégie globale.
Des militants de l’Apr sont contre cette initiative. Ils vous reprochent de prêcher pour votre propre chapelle et comptent même mettre sur pied un cadre dénommé Initiative 2019. Qu’en pensez-vous ?
Nous n’avons pas créé un parti politique. Nous avons créé une plateforme qui peut inciter quand même à occuper le terrain politique, à prendre en charge certaines préoccupations politiques et à éclairer les populations par rapport à des questions bien précises qui sont agitées et entretenues par l’opposition. Nous avons décidé de mutualiser nos forces pour soutenir le débat politique. Le pays a été projeté sur 50 ans. Certes, il y a des difficultés, mais il y a des débuts de solution qui, conformément au Plan Sénégal émergent (Pse), vont permettre au pays d’atteindre ses objectifs de développement. Ce ne sera pas pour le bien de ma modeste personne, mais pour celui de toute une génération.
Certains pensent que cette plateforme regroupe plus de transhumants que de militants de l’Apr. Que répondez-vous ?
Nous ne résonnons pas en termes de transhumant ou de militant authentique. Aujourd’hui, on est arrivé à un stade où, il faut le reconnaître, il y a une recomposition politique qui est en train de se faire. Quand on parle de recomposition, on fait référence aux sortants et aux adhérents. Il y a des gens qui ont épousé la vision déclinée par le président de la République, qui s’identifient par rapport à cela et qui veulent travailler à ce que ce programme demeure et reste notre référentiel. Ces gens-là, ce sont des Sénégalais qui ont le droit de voter, de se prononcer sur ce qui est en train d’être fait pour ce pays et qui ont décidé de se joindre à nous pour soutenir les actions que nous sommes en train de mener dans le cadre du gouvernement.
On constate une floraison de plateformes qui gravitent autour de l’Apr. Est-ce que I35 n’en est pas une de trop ?
Vous savez, si on fait l’actualité aujourd’hui, c’est que la composition de cette plateforme a créé une surprise. Jamais, dans l’histoire politique de ce pays, autant de jeunes cadres engagés, qui ont un passé politique avéré, ne se sont retrouvés autour de l’essentiel. C’est ce qui fait la particularité de cette plateforme. Beaucoup se demandent comment est-ce que des gens d’une même génération, issus d’horizons différents, ont pu se retrouver autour d’un dénominateur commun : le Pse, la vision du président de la République et la volonté de concrétiser ses engagements. Nous sommes une génération qui a la responsabilité de consolider ces acquis et de travailler pour que ce programme puisse continuer à impacter les Sénégalais, parce qu’il y va de l’intérêt du Sénégal et particulièrement de notre génération.
Des plateformes de ce genre disparaissent souvent comme elles naissent. Jusqu’où comptez-vous aller ?
Les plateformes divergent de par leurs objectifs et de par leurs compositions. Nous ne nous donnons pas cette peine pour mettre en place une plateforme pour la voir ensuite mourir. Nous comptons aller jusqu’au bout de notre logique. Le potentiel est là. Si I35 suscite tant d’intérêts, c’est par la composition de ses membres. Pour nous, c’est un problème d’engagement et de loyauté. Défendre et assumer des positions pour le bien-être de notre génération. C’est l’avenir qui est en jeu et cet avenir, il n’appartient pas au troisième âge. Il appartient à notre génération. D’ici 10 à 20 ans, c’est notre génération qui sera au-devant de la scène. Nous croyons aux réalisations du gouvernement qui vont encore, une fois de plus, impacter de façon positive sur notre vécu d’ici 35 ans. C’est cela qui est en jeu et c’est cela qui nous regroupe.
Donc, si on suit votre logique, I35 va au-delà de l’élection de 2019.
C’est une initiative qui va jusqu’en 2035. Elle est calquée sur le Pse. Elle transcende les hommes et le régime en place. C’est une vision incarnée par une personne qui a eu la générosité de mettre ce plan en marche et qui va au-delà de ses deux mandats. C’est cela qui est important. Nous travaillons pour que ce plan reste et demeure le seul référentiel de notre politique publique.
En quoi le président de la République a-t-il, aujourd’hui, besoin que son bilan soit défendu ? Est-ce à dire qu’il n’est pas assez convaincant ?
Non ! Il faut comprendre que défendre un bilan, c’est l’expliquer politiquement. Cette plateforme va rencontrer une génération, recueillir ses idées, parce qu’un plan parfait n’existe pas. C’est ce qu’on va appeler le retour d’expérience. Notre génération peut apprécier ce plan et apporter des améliorations. Défendre un bilan, ce n’est pas trop difficile. L’opposition fait le tour du pays en battant campagne, mais je pense que si nous mettons notre bilan en relief, ils vont arrêter de faire le tour du Sénégal.
Selon Idrissa Seck, votre vision s’arrête à Diamniadio.
D’abord, il faut identifier les gens qui parlent. Certains opposants sont en train de faire le tour du pays en disant aux Sénégalais que vous n’avez pas accès à l’eau. Mais ce qu’ils ne disent pas aux populations, c’est que de 2012 à 2017, nous avons doublé les capacités de production en eau de ce pays. Au Sénégal, il n’existait pas 185 forages. En cinq ans, on a réalisé plus de 200 forages. Ils omettent de dire aux populations combien d’entre elles ont maintenant accès à l’eau potable de 2012 à 2017. Ils disent aux Sénégalais, ‘’vous ne vous soignez pas assez et vous n’avez pas accès à des soins de qualité’’, mais ils oublient de dire que la Cmu soigne 4 millions de citoyens de plus sur le nombre existant. Ils oublient aussi de leur dire combien de villages et de communautés rurales ont été électrifiés, quand ils évoquent la question de l’électricité.
C’est vrai, ils évoquent des problèmes qui existent. Mais ils refusent de prendre en charge les avancées dans certains domaines. Prenons le cas de l’enseignement, nos opposants disent aux Sénégalais que le pouvoir a affaissé le système scolaire. Mais si on compare les cartes universitaires de 2012 à maintenant, l’on se rend compte qu’aujourd’hui il existe, dans chaque région du Sénégal, un Isep ou un Eno. Les Sénégalais issus du monde rural peuvent aujourd’hui étudier chez eux jusqu’à l’obtention du Bac+2. Ils disent aux jeunes qu’il y a un problème de chômage. C’est réel. Mais les 45 % de jeunes non qualifiés dont on a hérité, ce n’est pas de notre faute. Ils omettent de dire que la formation professionnelle a triplé ses capacités et a créé 34 nouveaux Bts pour absorber et régler définitivement ce problème dans le court et le moyen terme.
Est-ce que le gouvernement a assez fait pour sensibiliser les populations sur ses réalisations ?
Vous savez, l’opposition est dans son rôle. Moi, je ne suis pas outré d’entendre nos adversaires politiques dire que nous n’avons rien fait. C’est à nous de dire ce qu’on a fait.
Est-ce que vous être en train de le faire ?
C’est ce que je m’exerce à vous dire. Il y a un problème de chômage, mais des emplois ont été créés et des correctifs ont été apportés pour qu’il soit réglé dans le moyen terme. Ce que je ne peux pas supporter, c’est cette diffamation organisée. Quand on reproche à une personne ses compétences, on doit être compétent. Quand on reproche des problèmes de valeur à des gens, on doit être d’une probité morale avérée. Idrissa Seck a dit que nous sommes incompétents. Mais la compétence est sanctionnée par des diplômes.
Le président est ingénieur. Moi, je suis contrôleur de l’aviation civile. Kidiéra est sociologue, Aliou Sow est avocat. Lui, qu’est-ce qu’il est ? J’ai fréquenté Science po ! Moi, vous me demandez mes diplômes, je vous les présente tout de suite. Il n’a qu’à nous sortir un papier de l’Ecole polytechnique ou un diplôme de l’université Science po de Paris. Ce ne sont pas des attaques personnelles. Ce que je ne comprends pas et ce que je ne peux pas supporter, c’est qu’il dit qu’on n’a pas de parole. Dans son Cd2 avant qu’il n’aille en prison, 34e minute, Idrissa Seck avait dit : ‘’Retrouver Abdoulaye Wade serait une double abomination politique et morale.’’ Soleil au zénith, sans l’avis de ses amis, il s’est rendu chez Abdoulaye Wade.
Une personne qui fait ça, ne peut pas nous donner de leçon de moral. Il a même perverti nos valeurs et nos mœurs. Aujourd’hui, les gens ont peur d’aborder certains sujets de discussion même avec leurs amis, parce qu’ils soupçonnent des enregistrements. La personne qui a introduit cela dans notre culture et dans nos réalités s’appelle Idrissa Seck. Parce qu’il a assumé devant Dieu et les Sénégalais avoir enregistré des conversations entre lui et Abdoulaye Wade. C’est ce qu’il a appris à ma génération. Et les rares jeunes qui sont restés avec lui, des jeunes braves et loyaux, la seule chose qu’il leur a apprise, ce sont des détournements jusqu’à ce qu’ils soient épinglés par l’Ige. Aujourd’hui, Yankhoba Diattara, qui est mon ami et que j’assume, Idrissa Seck s’est arrangé pour l’impliquer dans des nébuleuses. Il a été épinglé par des rapports de l’Ige. Nous tous nous le savons.
Pour ce qui est de Khalifa Sall, je ne comprends pas que lui et ses amis disent que nous ne sommes pas transparents et que nous n’avons pas instauré une gestion sobre et vertueuse. On ne nous a pas pris avec de fausses factures. S’ils ont des fausses factures contre nous, ils n’ont qu’à les montrer. Si vous me demandez où est le rapport de l’Ige qui épingle Yankhoba Diattara, je vous envoie les copies. On ne peut pas, sur la base de rumeurs, accuser d’honnêtes citoyens.
L’opposition vous accuse aussi de vous endetter…
(Il coupe) Cette histoire de la dette agitée par l’ancien président Abdoulaye Wade n’a aucun sens. Ce monsieur, pour qui j’ai beaucoup de respect, qui a dirigé ce pays pendant 12 ans, s’est endetté à des taux de 8.25 % pour construire 7 km de route au niveau de la corniche. Il s’est endetté à hauteur de 110 milliards de francs Cfa pour financer le Fesman. Aujourd’hui, c’est cette même personne qui nous reproche d’endetter le pays.
C’est vrai. Nous sommes endettés, mais c’est pour faire le Ter qui règle un problème auquel notre pays va être confronté d’ici 10 ou 20 ans. Nous avons emprunté 1 milliard de dollars pour financer ce projet, 187 milliards pour faire Kms3, 400 milliards pour construire Ila Touba. Mais lui Abdoulaye Wade, ce qu’il a emprunté va être remboursé par notre génération et c’était pour organiser un festival de danse dirigé par sa propre fille. Nous assumons avoir endetté le pays, mais c’est pour faire des travaux nécessaires pour notre génération et celle à venir. Nous n’avons pas emprunté pour dilapider l’argent dans des festivités. Les bailleurs de fonds ne mettent pas leur argent n’importe où. Nos partenaires ont confiance en nous et en notre économie. Nos détracteurs, même s’ils sont dans leur rôle d’opposants, ils devaient être mal à l’aise d’aborder certains sujets. On ne peut pas couper des arbres à 500 000 F Cfa l’unité et dire que les gens ne sont pas transparents. Il faut que certains opposants soient beaucoup plus sérieux.
Le président de la République a reconnu avoir mis certains dossiers sous le coude. Au même moment, l’Ofnac n’a pas produit de rapport depuis le départ de Nafi Ngom Keïta. Est-ce que cela ne pose pas problème ?
Le président lui-même s’est prononcé sur cette question. Il a dit qu’il a mis sous le coude le dossier de Sindiély Wade. Moi, j’y ajoute le dossier de Yankhoba Diattara. Si on traduit ce dernier devant la justice, ils vont dire que c’est une cabale politique. On nous parle d’un rapport du Coud. Mais personne n’a vu ce rapport.
Une partie de l’opposition vient de mettre sur pied une structure dénommée Initiative pour la transparence des élections. Quel commentaire cela vous inspire ?
Les Sénégalais savent que le régime en place s’est donné tous les moyens pour instaurer un dialogue permanent avec l’opposition, pour discuter de l’ensemble des points de désaccord en ce qui concerne le processus électoral. Mais il y a une partie de celle-ci qui fait tout pour empêcher la tenue de ces concertations. Il faut rappeler que le dialogue démocratique se passe à l’Assemblée nationale. Ces concertations cherchent à avoir des consensus forts sur le processus électoral pour éviter, à l’avenir, toute contestation. Mais si une des parties refuse ces concertations, je pense qu’il faut renvoyer le dialogue à l’Assemblée nationale. Nous avons compris que l’opposition cherche à créer un dilatoire pour qu’à six mois des élections, elle crie partout que les lois de la Cedeao interdisent tout changement dans le processus électoral. On a compris ce jeu. Le dialogue démocratique existe au Sénégal. Mais si on ne peut pas se concerter dans les commissions qui ont été créées, je pense qu’il faut renvoyer le débat à l’Assemblée nationale où tous les partis sont représentés.
Parlons à présent de tourisme. Vous avez sorti récemment un arrêté ministériel pour menacer de fermeture certains réceptifs hôteliers. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un arrêté ministériel qui dit qu’au 31 décembre 2017, l’ensemble des réceptifs qui ne sont pas agréés vont être fermés. Cette mesure est liée à un contexte bien défini et à des problèmes de sécurité. L’ensemble des personnes qui ont été arrêtées dans le cadre du terrorisme ont résidé dans des réceptifs qui ne sont pas répertoriés.
Qu’est-ce qui explique ce laisser-aller ?
Il faut reconnaitre qu’à un moment donné, il n’y avait pas assez de vigilance. Nous devons réagir et créer les conditions de conformité à la réglementation en vigueur. C’est ce qui assure la sécurité des Sénégalais et des opérateurs.
Y a-t-il des risques que beaucoup de réceptifs soient fermés ?
Il n’y en aura pas beaucoup. Tous les jours, on signe entre 50 à 60 agréments. Il y a des gens qui ont des problèmes. Mais toujours est-il qu’il faut déposer pour qu’on puisse identifier d’abord la fiche au niveau des préfectures et sous-préfectures. Ce qui va nous permettre d’avoir une visibilité très claire sur les gens qui gèrent les réceptifs. Le monde a beaucoup évolué. Nous sommes obligés de nous conformer. Sinon, nous mettons en danger tous les Sénégalais.
Il y avait également dans les tiroirs du ministère du Tourisme un projet de classification des réceptifs hôteliers. Où en êtes-vous ?
Nous allons aller au-delà de cela. D’ici deux à trois semaines, nous allons lancer les travaux de l’élaboration d’un code touristique qui va réglementer le secteur. Cela va nous permettre d’être plus compétitifs et de rassurer les investisseurs, les hôteliers, les travailleurs.
PAR ASSANE MBAYE ET I. KHALIL WADE