Kevin De Bruyne, une fin sans faim ?

Médiocre face à Manchester United, Kevin De Bruyne confirme qu’il est sur les rotules pour ses derniers matchs sous le maillot de Manchester City. À quelques semaines de son départ, les Citizens doivent toutefois éviter de se laisser entraîner dans un processus de deuil qui les empêcherait de sauver leur fin de saison.
Il régnait presque une ambiance de fin de saison après le derby de Manchester, ce dimanche. Au terme d’un match mou sans but et sans occasions, les joueurs des deux formations voisines se sont tranquillement offert des accolades amicales après le coup de sifflet final. Avec Kevin De Bruyne, en particulier. En effet, toute l’Angleterre le sait depuis ce vendredi : le prodige belge va mettre un terme à son aventure avec les Sky Blues à la fin de la saison, dix ans après avoir posé ses valises à Manchester.
Des applaudissements collectifs totalement légitimes pour celui qui est l’un des plus grands de l’histoire du championnat anglais, mais qui ne doivent pas masquer le triste tableau du jour. Car face à leur rival, les Citizens ont une nouvelle fois livré une rencontre extrêmement pauvre. Avec, justement, un De Bruyne sans génie et résigné comme tous les autres à se contenter d’un triste 0-0. Il s’agissait pourtant là d’un derby à sept journées de la fin de championnat, avec comme objectif d’arracher une place pour la Ligue des champions face à une concurrence multiple et de qualité. Absolument tout le contraire d’une rencontre sans enjeu, en somme.
Une fatigue physique qui joue sur l’attitude
Durant l’ensemble de sa carrière, les principales critiques émises envers Kevin De Bruyne concernaient plus souvent son caractère que son pied droit. L’ancien de Genk n’a en effet jamais été doué pour dissimuler ses émotions sur le pré, notamment lorsque les choses ne tournaient pas rond. Les supporters des Diables rouges peuvent le confirmer, d’ailleurs : plus d’une fois, KDB s’est montré grognon, agacé voire résigné face aux défaillances collectives de son équipe nationale. Avec comme conséquence une mise au frigo de son talent sur le terrain, qui n’aidait pas les autres à aller mieux. Cette dark version d’un homme qui ne semble pourtant jamais aussi bon que lorsque son visage est cramoisi par l’effort a été bien plus rare à Manchester, tout simplement parce que les Citizens n’ont pratiquement connu que le beau temps au cours des six saisons précédentes. Dans un collectif en chute libre depuis de trop longs mois, De Bruyne semble peu à peu avoir perdu son inspiration, son volume de jeu ou encore sa capacité à rendre les autres meilleurs. Et, plus grave, peut-être son envie.
Car c’est sans doute ça, le plus triste : au cours de cette dernière pige, le Belge ne ressort pas comme un cadre, un capitaine ou un leader technique. Simplement comme un joueur sur la fin, pas totalement concerné par le sort de son équipe. Au point de se demander si Pep Guardiola doit vraiment encore coucher son nom sur les feuilles de match en cette fin d’année sportive. Toutefois, il est difficile de garder le sourire quand la totalité du reste du corps fait la grimace. Le déclin soudain du meneur de jeu n’est probablement pas étranger à l’usure physique dont il a été victime, lui qui a connu de nombreux passages à l’infirmerie en Angleterre et qui a déjà forcé à plusieurs reprises sur son corps lorsque son équipe avait besoin de lui. N’est-ce pas un aperçu de ce qui attend tous les grands joueurs dans les prochaines années, eux qui devront disputer un nombre toujours plus grand de minutes avec une intensité toujours plus forte ? À 33 ans et avec un palmarès où toutes les cases sont déjà remplies, De Bruyne ne rebondira probablement pas dans un gros d’Europe ou dans une équipe du Big Five. Plutôt du côté des États-Unis, de l’Arabie saoudite ou encore d’une autre destination exotique.
Le top 4 pour sauver les meubles
À Manchester, il faut aujourd’hui penser à limiter le carnage avant de réfléchir à la vie sans De Bruyne. Si le club n’est plus empêtré dans la spirale de mauvais résultats connue quelques mois auparavant, les erreurs défensives sont toujours légion, le manque de créativité offensif est criant et l’équipe semble toujours assez fragile mentalement. Le groupe a-t-il déjà la tête à la saison prochaine, avec bon nombre de cadres qui ne seront probablement plus là dans les prochains mois ? En tout cas, la quatrième place reste un objectif minimal en championnat au regard du calendrier (où Aston Villa est le seul gros poisson à se dresser sur leur route). Un sacre en FA Cup permettrait également de dire au revoir à la légende belge avec la manière, qu’elle se trouve sur le terrain ou pas.
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