Les jeunes de Kolda réclament les 204 milliards promis par Macky Sall
Les membres de la Convention régionale des jeunes de Kolda (CRJK) réclament les 204 milliards de francs CFA promis par Macky Sall et déplorent le manque criard d’infrastructures de base et le fait que Kolda soit devenu abreuvoir électoral pour les hommes politiques.
La région de Kolda est dans la déche, malgré ses potentialités économiques. Elle donne l’image d’un mendiant assis sur une chaise en or et qui continue à tendre la main. En effet, cette contrée, érigée en région depuis 1984, peine à prendre son envol. Selon les membres de la Convention régionale des jeunes de Kolda (CRJK), elle rencontre de sérieuses difficultés pour exploiter ses ressources naturelles. « Les raisons de ce marasme économique sont à chercher dans l’incapacité des élus locaux et des autorités étatiques à exploiter convenablement les potentialités dont elle dispose », soutiennent-ils.
Pour le président de ladite structure, Abdoulaye Cissé, il y a une terre très riche pour développer l’agriculture, des espaces disponibles ne manquent pas, d’où la nécessité d’implanter des usines et des unités de transformation des produits locaux. « Ceci pour une meilleure harmonisation sociale et lutter contre la pauvreté. Les jeunes ont une qualification professionnelle et ne parviennent pas à trouver de l’emploi. Conséquences : les familles vivent dans des conditions déplorables », martèle-t-il. « En effet, le décor qui s’offre à tout visiteur entrant dans cette ville historique, est celui de la désolation et la forte émotion qui s’empare de vous finira non seulement par vous donner des frissons, mais vous fera couler des larmes ».
A l’en croire, l’envers du décor, au-delà des apparences et des déclarations de politiciens en quête de popularité, est inquiétant. « Des routes et des ruelles sablonneuses, défoncées, quasiment impraticables, à l’image de celle de Radio Dunyaa. Les eaux pluviales ont creusé de véritables cratères sur leur passage. Le non curage des caniveaux a accéléré la dégradation de certaines voiries et les a transformées, pendant l’hivernage, en véritables marigot. A cela s’ajoute l’état de délabrement très avancé de certains bâtiments, du fait que l’urbanisme est en panne, faute de moyens. Ce n’est pas tout, la capitale du Fouladou dévoile, ostensiblement, ses saletés, presqu’à tout coin de rue, faute d’un système efficace de ramassage des ordures », se désole M. Cissé. Il rappelle qu’en « 2007, la population koldoise s’est levée pour dire niet à la mal-gouvernance et a pu bénéficier des délices du régime de Abdoulaye Wade, avec le bitumage de 19,288 km de route, grâce au programme Kolda Indépendance 2006 dont certains chantiers ne sont pas achevés. Nous invitons le Président Macky Sall à terminer les travaux qui restent».
Kolda devenu un abreuvoir électoral
Les jeunes de Kolda comptent en découdre avec les autorités étatiques. « Le Président Macky Sall avait promis à Kolda deux cent quatre milliards (204) de francs Cfa. Mais, jusqu’à présent, rien n’a été réalisé concrètement sur le terrain. Depuis son départ de Kolda, il n’a fait aucun signe de vie. Aucun acte allant dans le sens de respecter des engagements qu’il avait pris lors du conseil des ministres. Au vu de ce constat, nous avons tenu ce point de presse pour réclamer les 204 milliards de francs qu’il avait promis aux Koldois », soutient Abdoulaye Cissé.
Pour lui, le conseil des ministres tenu à Kolda en mars dernier est un commérage. « Les ministres étaient venus ici pour faire de la comédie et partir, laissant Kolda dans une morosité économique extraordinaire. Et pourtant, le Président avait suscité l’espoir des populations, mais malheureusement, cet espoir s’est transformé en tragédie. Ce qui fait aujourd’hui que nous vivons une vraie tragédie économique dans tous les secteurs vitaux de la région. Les hommes politiques viennent à Kolda pour puiser dans le vivier électoral et s’en aller. Ils ont fini de transformer Kolda en un abreuvoir électoral », a-t-il déploré.
Les membres de la CRJK soulignent que « malgré une panoplie d’Ong, de projets installés dans la région, les populations sont toujours plongées dans la misère totale ». Selon eux, le manque de soutien de l’Etat est aussi à l’origine de tous les maux dont souffre le Fouladou. « La pauvreté et la vétusté des infrastructures routières ont amené les habitants à expérimenter ce mode de transport : les motos-taxis. Aujourd’hui, les commerces jonchent les rues, relevant de fait la grande paupérisation des populations. Ces signes qui témoignent de la mauvaise santé économique, sont bel et bien visibles au Fouladou », regrettent-ils.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)