Publié le 31 Aug 2012 - 19:25
MARCHE DE PROTESTATION CONTRE LES EXÉCUTIONS EN GAMBIE

La Sénégambie debout contre Jammeh

 

Les organisations de défense des droits de l’Homme n’ont pas été les seules à protester hier contre l’exécution de condamnés à mort en Gambie. C’est la Sénégambie qui s’est dressée contre le président Jammeh.

 

Une marche spéciale et magique à la fois. Tel est le spectacle offert hier par les pourfendeurs de Yaya Jammeh. Dans les rangs, les peuples sénégalais et gambien ont communié et ont inondé de leur sueur la route qui jouxte l’ambassade de Gambie au Sénégal. Les manifestants des deux peuples se sont dressés contre un seul homme, une seule cible : Yaya Jammeh, le fantasque président gambien.

 

Cheveux rassemblés dans un foulard blanc, tee-shirt blanc assorti d’un jean et de chaussures de sport, Ndèye Khady Salla est dans la masse. ''Nous criions face aux dérives de Jammeh, mais les peuples africains étaient restés sourds. Aujourd’hui que l’irréparable est en train de se produire, le sursaut est brutal'', flingue la Gambienne mariée à un Sénégalais. Elle poursuit dans une rafale qui frise la démence : ''Yayah Jammeh se plaît bien à provoquer le Sénégal et Dieu sait que ce pays s’est toujours gardé de le suivre sur ce chemin.''

 

Le temps est-il venu donc de mettre un terme aux agissements de l’homme fort de Banjul ? Affirmatif, clame cette bande de jeunes Gambiens qui arrivent sur les lieux portant aux bras le cadavre du président Jammeh enrobé sur un linceul blanc. En faux bien entendu ! ''Le président Macky Sall doit rester vigilant, car Jammeh veut se foutre de lui, comme il le faisait avec le président Wade'', avertit Moussa Dramé, en exil au Sénégal depuis un an. Les organisations de défense des droits de l’Homme, initiatrices de la rencontre, se sont défoncées sur l’homme fort de Banjul.

 

De l’appel au ''Jihad' contre Jammeh proposé par Me Boucounta Diallo, à l’engagement citoyen du mouvement ''Y en a marre'' auprès d’Alioune Tine de la Raddho, en passant par le souhait de voir Jammeh traduit devant la Cour pénale internationale. Rien n’a été laissé au hasard par cette foule qui s’est résolument employée à concocter un cocktail explosif pour mettre le président gambien ‘’hors d’état de nuire’’. Abdoulaye Wilane du parti socialiste, dans ses envolées lyriques, ''ose espérer que la raison visite les Gambiens qui doivent savoir que l’histoire et les liens qui les unissent avec le Sénégal sont antérieurs à Jammeh et dépasseront de loin l’homme''.

 

''Pourquoi Jammeh nous fait ça ?''

 

Le soleil pointe haut, le drapeau gambien reste statique comme pris par un coup de gêne, face aux cris de détresse de deux peuples qui ne font, en réalité, qu’un. L’histoire s’écrit devant une ambassade portée par un vieux bâtiment situé à quelques encablures du commissariat de Thionk. Mais les ardeurs restent les mêmes, les protestataires demandent avec toute la fermeté du monde, la délocalisation sans délai du siège de la Commission africaine des droits de l’Homme basée en Gambie. Et c’est la toute nouvelle présidente de la Commission de l’Union africaine qui est interpellée : ''Sortez de votre silence et dénoncez'', déclare Alioune Tine.

 

Une délégation de la Cour africaine des droits de l’Homme sera à Dakar, le 6 septembre prochain et déjà, deux correspondances ont été envoyées à la Commission africaine des droits de l’Homme. Pas question de lâcher prise, a laissé entendre Médoune Seck, membre d’une ONG qui assure le secrétariat de la coalition pour les droits humains en Gambie. Il appelle désormais à la prise de mesures préventives, au lieu d’agir après coup. A midi passé, le tout a déjà été dit, même si les occupants de l’ambassade de Gambie ne se sont pointés à aucun moment. Cette vendeuse sénégalaise s’éloigne des lieux en s’interrogeant : ‘’Pourquoi Jammeh nous fait ça à un moment où nous faisons difficilement face à un ciel troué qui inonde nos maisons’’ ? Que ceux qui ont réponse à cette question lèvent le doigt.

 

Amadou NDIAYE

 

 

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