Publié le 2 Oct 2019 - 19:09
MAUVAISE GESTION A LA RTS

Le Synpics dénonce le ‘’terrorisme social’’ de Racine Talla

 

La situation que vivent des travailleurs à la télévision nationale du Sénégal serait des plus injustes. Le Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) l’a dénoncée hier, au cours d’un point de presse à Dakar.

 

‘’La presse est prompte à parler des problèmes des autres, mais pas des siens’’, constate, pour le regretter, le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Bamba Kassé. Il faisait face à la presse, hier, au siège de Reporters sans frontières (Rsf) à Dakar, aux côtés des secrétaires généraux des sections Synpics de la Rts, d’Excaf et de ‘’Direct Info’’.

Pourtant, ce ne sont pas les difficultés qui manquent dans ce secteur, surtout en ce moment. ‘’La situation de la presse est difficile’’, alerte M. Kassé. N’allez surtout pas croire que ce diagnostic s’adresse juste aux médias privés. Le mal est partout. A la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts), un mauvais management leur cause mille et un hics. ‘’Ce qui se passe à la télévision du Sénégal est très grave’’, s’inquiète M. Kassé. Le directeur général, Mamadou Racine Talla, ferait dans ‘’l’abus de pouvoir à l’encontre de confrères et consœurs, basé sur le ‘matay’ et ‘ma la ëpë doolé’’’, déplore-t-il.

C’est pourquoi le Synpics dénonce ‘’le terrorisme social de l’actuel directeur général Racine Talla, qui passe tout son temps à créer et à entretenir des conflits sociaux, et qui inscrit la Rts dans la lignée des entreprises délinquantes’’.

A la Rts, quand on commet une faute, l’on ne suit pas la procédure normale de sanction, selon le Synpics. L’on ponctionne directement les salaires, à la base, sans préavis. Ainsi, l’agent ne s’en rend compte qu’à la fin du mois et c’est quand il pose la question qu’on lui explique la raison. ‘’Ça ne devrait pas se passer comme cela’’, interpelle le Sg national du Synpics. ‘’Avant de couper le salaire de quelqu’un pour x raisons, il y a tout une procédure, pour une entreprise qui se respecte. Il faut une demande d’explication et d’autres choses avant que l’entité ne prennent une décision administrative disciplinaire à l’encontre du mis en cause. C’est après cela seulement qu’on peut procéder à la coupe de salaire. Ces genres de situation sont légion à la Rts. Ce n’est pas juste’’, signale Bamba Kassé.

Racine Talla ‘’a refusé d’exécuter une décision de justice, suite à un verdict de la Cour d’appel de Dakar, et poursuit sa politique d’abus de pouvoir en refusant de payer les frais de missions aux bénéficiaires, au motif qu’il s’agirait d’un luxe.

En effet, souligne-t-on, ‘’le Synpics s’étonne que la Rts préfère la procédure du référé en difficulté pour un montant de moins de 800 000 F (en clair, la Rts dit qu’elle est dans l’impossibilité d’honorer une créance de moins de 800 000 F) en engageant un avocat dont les seuls honoraires pourraient largement dépasser cette somme. Il s’agit là d’un dilatoire perfide, technique qui est utilisée contre d’autres agents à qui il est demandé de se soumettre ‘’en présentant des excuses’’ ou de faire les frais de la toute-puissance du Dg’’.

Par ailleurs, le Synpics se désole que Racine Talla ait mis son veto sur l’agenda de reportage. C’est lui qui décide de ce qui va être couvert et de ce qui ne le sera pas. ‘’La Rts n’est pas la télé de Youssou Ndour, de Bougane ou de Sidy Diagne. C’est la télé du Sénégalais. Elle doit nous montrer ce qui se passe au Sénégal. Il faut qu’on arrête cet embrigadement qui s’y passe. Il faut que cela cesse. Il faut enlever cet esprit-là’’, appelle Bamba Kassé.

Il regrette que ‘’Racine Talla, qui a reçu 60 milliards de fonds publics depuis qu’il est nommé directeur général, a fini de détourner les Sénégalais de leur télévision’’. Pourtant, les choses ne devraient pas être compliquées, semble dire M. Kassé. Car Radio-Sénégal internationale a su s’affranchir et avoir une certaine liberté rédactionnelle. ‘’Au moment où la radio nationale reprend du poil de la bête en total respect de sa mission de service public, la télévision se complait dans un traitement tendancieux et une gestion partisane de l’antenne qui frise le ridicule. Elle se permet de montrer en boucle les images des retrouvailles entre l’ex et l’actuel président au moment où, depuis le départ du premier, aucune seconde ne lui a été réservée à la télévision et ce, quel que soit le fait informationnel le concernant. Une telle attitude est simplement abjecte !’’, se révolte M. Kassé. ‘’La rédaction doit être libre !’’, prône Bamba Kassé.

Cette attitude de Racine Talla laisse croire qu’il agit comme si la télévision nationale était sa propriété. Qu’il est le seul à décider de tout. ‘’Tous les Sénégalais sont des actionnaires de la Rts. C’est avec notre argent que fonctionne la Rts, l’Aps et ‘le Soleil’. La Rts doit être au service des Sénégalais et non au service de celui qui en est le chef. Il faut enlever cet esprit-là. La Rts n’est pas la télé de Youssou Ndour, de Bougane ou de Sidy Diagne. C’est la télé du Sénégalais. Elle doit nous montrer ce qui se passe au Sénégal. Il faut qu’on arrête cet embrigadement qui s’y passe. Il faut que cela cesse !’’, invite M. Kassé.

Pour toutes ces raisons, le Synpics veut ‘’mettre en place un plan d’action contre Racine Talla’’. Le secrétaire général précise tout de même que ‘’le combat n’est pas personnel. Nous avons du respect pour le journaliste Racine Talla. Mais on n’a aucune espèce de respect pour le manager qu’il a été. Pendant 7 ans, il a fait de la Rts ce qu’il a voulu contre l’intérêt des populations sénégalaises. Nous en appelons à toutes les forces vives pour faire une lettre de dénonciation officielle à l’encontre de M. Racine Talla’’. Et Bamba Kassé assure que lui et le Synpics sont décidés à mener le combat pour le respect des droits des travailleurs à la Rts. Ces derniers peinent même parfois à se déplacer correctement. Il est des fois demandé aux entités organisatrices, d’après M. Kassé, d’envoyer une voiture qui puisse transporter l’équipe de reportage. Le Synpics trouve cela déplorable. ‘’Au cas où il y a un accident, quelle assurance couvrirait ces travailleurs ?’’, se demande alors le Sg national.

Pour toutes ces raisons, ils souhaitent le départ de M. Talla, d’autant plus qu’il est retraité.

Par ailleurs, cette conférence de presse a été l’occasion d’évoquer ce qui passe à Excaf. Après la publication d’un communiqué de presse dans lequel le syndicat maison liste les différents points de revendication, la direction les a reçus lundi. ‘’On n’a pas trouvé de terrain d’entente. On se revoit mardi prochain. La direction nous dira qu’est-ce qui peut être fait à court terme et ce qui le sera sur le long terme. On décidera, après cette réunion, de la suite de notre lutte’’, informe le secrétaire général de la section Synpics d’Excaf, Lansana Diandy. Cette volonté notée à Excaf semble faire défaut à ‘’Direct Info’’. La direction semble faire un pas en avant et deux autres en arrière. D’après le secrétaire général Massaer Dia, après différents échanges et un consensus, la direction n’a pas voulu des accords sur lesquels les deux parties se sont entendues. L’affaire a atterri finalement à l’inspection du travail. D’ailleurs, il est prévu une rencontre aujourd’hui pour contraindre l’administrateur de ‘’Direct Info’’ de signer les accords. Lesquels se résument au paiement des arriérés de salaire, la délivrance de bulletins de salaire et des contrats en bonne et due forme. Signé à l’inspection du travail, ce document sera comme une décision de justice, déclare Massaer Dia.

PROBLEMES A LA RTS

Les réponses de la direction générale

Après la conférence de presse d’hier du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), ‘’EnQuête’’ a appelé le directeur général de la Rts pour avoir son avis sur les différentes accusations faites à son encontre. Occupé, il nous a mis en rapport avec son conseiller spécial en charge de la communication et des relations publiques, Dominique Ndecky. Ce dernier a apporté des réponses aux griefs soulevés.

Concernant la coupe des salaires, il affirme que nul ne peut s’arroger ce droit sans raison fondée. ‘’Le salaire est la compensation financière d’un travail produit. On ne peut prétendre à un salaire si on ne travaille pas. Celui dont le salaire a été coupé n’a pas travaillé. On n’a pas besoin d’un préavis dans ce cas, puisqu’on sait qu’on n’a pas travaillé. Cela doit paraître bizarre qu’une autorité coupe des salaires. Ils auraient dû dire ce qui s’est passé jusqu’à ce que Racine Talla coupe des salaires sans préavis’’, soutient M. Ndecky. Cela signifierait-il que tous ceux à qui on a coupé les salaires sont ceux-là qui n’ont pas travaillé ? ‘’Je ne dirai pas ça comme ça. A ma connaissance, il y a eu un cas et le problème a été réglé’’, rétorque M. Ndecky.

Concernant le choix des reportages, le conseiller du Dg assure que les journalistes de la Rts sont assez professionnels pour faire eux-mêmes leurs choix rédactionnels. Ils n’ont pas besoin d’être guidés. ‘’La Rts a le meilleur ‘Journal télévisé’ du pays. Je ne pense pas que le directeur général est dans les rédactions pour  couper ou ne pas couper des éléments, même s’il est un journaliste professionnel et a la mission d’orienter les choses, parce que quand même, on a une ligne rédactionnelle. Nous sommes au service de l’ensemble des communautés avec des exigences liées à sa mission de service public’’, argue-t-il.

Pour lui, à la Rts, on soutient ‘’les politiques publiques’’. Mais ‘’les gens confondent l’action du gouvernement avec l’action politique’’. Pour eux, leur seul credo est de satisfaire les Sénégalais. Toutes les couches de la population sont prises en compte, dans cette mission.

Concernant les frais de mission, il affirme qu’il n’enverrait pas quelqu’un sans le payer. ‘’Si vous connaissez quelqu’un à la Rts qui n’a pas ses frais de mission, vous me dites’’, dit-il. Dominique Ndecky élague de la même manière le problème des véhicules de reportage. ‘’Venez à la Rts et vous verrez qu’on a des 4x4 avec chauffeur qui amènent les journalistes en reportage. ‘’Seulement, précise-t-il, il peut arriver, à cause du nombre important de reportages que nous recevons, d’avoir des problèmes. On demande alors à l’organisateur, s’il le peut, d’envoyer une voiture. Ce sont des choses marginales, parce que la Rts se donne les moyens de transporter ses reporters. La direction générale fait tout pour améliorer les conditions de travail de ses agents’’.

Racine Talla est à la retraite, il devrait quitter la Rts, pensent les syndicalistes. Dominique Ndecky rétorque que M. Talla est lié à l’entreprise par un contrat social. Cela n’a rien à voir avec celui administratif qui voudrait qu’à 60 ans ou 65 ans, qu’on prenne sa retraite.

Le directeur des ressources humaines de la RTS, M. Thiam pense qu’on fait un mauvais procès à la boite. ‘’ Ce qui se passe à la RTS est inédit. Le plateau technique est changé aussi bien à Dakar que dans les régions. La RTS est passée à la HD. On est en train de plannifier la formation des agents à cet effet. Aujourd’hui, la RTS est en chantier. Le bon gestionnaire est celui qui anticipe le changement. Ce n’est pas le moment de parler de mauvaise gestion. On est en phase de relever un défi’’, sourit-il.

BIGUE BOB

 

 

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