Un budget divisé par dix mais des défis toujours plus grands
Yaya Abdoul Kane, le ministre des Postes et des Télécommunications, défendait avant-hier son projet de budget 2015 devant les députés du Sénégal. À peine un (1) milliard de nos francs lui a ainsi été alloué, soit 90,84% de moins qu’en 2014. Une réduction drastique liée, entre autres, au rattachement à d’autres ministères de certaines structures importantes comme l’ADIE, la RTS et l’APS.
Malgré des enjeux toujours plus grands dans des domaines perçus comme stratégiques dans la mise en œuvre des projets du PSE, le Ministère des Postes et des Télécommunications s’est vu allouer pour 2015 un budget équivalent au dixième de celui qui était le sien en 2014. Ainsi, de 11 342 517 860 F CFA en 2014, ledit budget est passé cette année à la ‘’modique‘’ somme de 1 038 754 040 F CFA, soit 10 303 763 820 francs en moins que l’année dernière. Une situation qui s’explique, selon le ministre, par le fait que certaines structures comme la RTS, l’APS, l’aide à la Presse et la Direction de la Communication (…) de l’ADIE soient transférées à d’autres ministères comme celui de la Culture et de la Communication.
Il n’empêche qu’un chapitre vitrine de cette réduction est celui du transfert en capital qui est passé de 7,35 milliards en 2014 au néant en 2015. Un autre exemple de ce serrage de ceinture, les sections des dépenses de fonctionnement et des dépenses en capital toutes deux sujettes à des coupes substantielles vis-à-vis du budget voté en 2014. Seul chapitre bénéficiant d’une augmentation cette année, celui des dépenses en personnel qui passent de 282 863 860 F CFA (en 2014) à 336 658 040 F CFA (en 2015), soit une hausse de 19,02%.
Dans leurs interventions, les élus ont abordé, entre autres, le sujet de la renégociation prochaine (en 2017) de la concession faite à la Sonatel ; de certains ‘’manquements dans le comportement‘’ dudit opérateur vis-à-vis de certaines collectivités locales (redevances non payées) ; de la mauvaise qualité du réseau (Orange) dans les zones reculées ; de la pénurie de bureaux postaux dans certaines localités et de la vétusté, dans d’autres, des locaux et du matériel dans les bureaux existants ; du manque de sécurité quant au retrait des mandats postaux ; des centres multimédia communaux (CMC), de leur équipement et de la nécessité de leur multiplication dans le cadre du programme d’accès universel à l’internet mis en place par le gouvernement.
La Poste et la Sonatel au cœur du débat
Partageant la conviction des députés selon laquelle ‘’les télécommunications sont un secteur clé de notre développement’’, Yaya Abdoul Kane a répondu, point par point, à l’ensemble des interpellations faites à son adresse. Ainsi, abordant l’épineux sujet de la Sonatel, le ministre a rappelé dans l’ensemble les efforts consentis par ladite société au Sénégal, cela en précisant néanmoins qu’il restait ‘’à renforcer’’ certains aspects de sa contribution au mieux être des populations. Il a notamment fait état, à titre d’exemple, d’un partenariat noué entre l’opérateur en question et les universités sénégalaises, cela dans le but de permettre aux étudiants de bénéficier de stages en entreprise pouvant préparer, voire faciliter leur insertion dans le monde professionnel.
Dans la foulée, le ministre a ensuite évoqué la ‘’nouvelle taxe de 1%’’ mise en place par le gouvernement vis-à-vis des opérateurs. Une taxe qui pourrait, selon le ministre Yaya Kane, contribuer avec le payement des redevances à produire des retombées économiques conséquentes.
Au sujet de l’internet, le ministre a évoqué l’éventualité du lancement prochain d’une licence fournisseur pour démocratiser le secteur. Ce faisant, il a par ailleurs évoqué le financement à hauteur de 40 milliards consenti par la BAD dans le sens de promouvoir au Sénégal l’accès au Web. Sur le point relatif au CMC, le ministre a rappelé que dans le cadre du Projet de Numérisation du Territoire, leur renforcement était bel et bien prévu.
Concernant enfin les doléances relatives à la Poste du Sénégal, le ministre a tenu à rassurer les élus sur le fait que ‘’tous les efforts’’ seront faits pour donner une réponse satisfaisante aux attentes des populations tout en dissipant certains malentendus quant au mode de financement de ladite structure qui, a-t-il rappelé, est une société nationale et non un service pris en charge à 100% par l’État.
Sophiane Bengeloun