Publié le 10 May 2017 - 02:23
MORTALITÉ ÉLEVÉE DES BRÛLÉS

L’équation des infections

 

La gravité d’une brûlure est fonction de l’âge de la victime, de l’étendue et de la profondeur des dégâts. Mais ce sont surtout les infections, principales causes des décès, qui constituent la grande équation.

 

La brûlure est une pathologie compliquée, du fait des considérations à prendre en compte pour un traitement efficace. Si la brûlure légère est moins problématique, celle qui est de grande ampleur, par contre, demande une certaine expertise. ‘’La brûlure est dite grave lorsqu’elle engage le pronostic vital et/ou fonctionnel par son étendue, sa profondeur, sa topographie, les circonstances de survenue et l’agent vulnérant’’, explique El Hadji Macodou Mbodji, dans sa thèse soutenue le 30 décembre 2009 à la Faculté de médecine de Dakar.

En fait, les cas de brûlés sont divisés en quatre catégories. Il y a d’abord la brûlure au premier degré. Elle est la moins grave parmi toutes les autres et constitue moins de danger pour le patient. Son pronostic vital n’est pas engagé et ‘’la cicatrisation spontanée se fait en deux à trois jours, sans séquelle’’. Il y a ensuite le deuxième degré superficiel un peu plus grave, mais qui n’atteint pas le derme, mais affecte la membrane basale.

Puis vient le deuxième degré profond, assez critique, puisqu’il y a ‘’une destruction quasi totale de l'épiderme dont il ne reste que les annexes dans l'épaisseur d'un derme qui est partiellement lésé’’, relève le Tunisien Kamel Ben Mahmoud Baccar dans sa thèse soutenue le  25 juillet 2001. Enfin, arrive le troisième degré, le plus grave. Il y a là une destruction du derme, sans possibilité de régénération spontanée. Il faut donc compter sur des méthodes artificielles pour refaire la peau.

Toutes ces considérations dépendent de la température et du temps d’exposition. Les lésions cutanées apparaissent à partir de 44°C. Mais à partir de 60°, intervient la coagulation immédiate des protéines, avec mort cellulaire.  Par ailleurs, les endroits touchés participent également à la gravité ou non de la situation. Il existe des zones sensibles telles que la face, le thorax, l’abdomen, les parties génitales et les membres. ‘’Les brûlures localisées à la face sont à l’origine d’un œdème monstrueux qui est d’autant plus grave que la brûlure atteint le plancher buccal. Cet œdème peut devenir obstructif et entraîner l’asphyxie chez le patient. Ce risque est plus grand lors des brûlures circulaires du cou’’, souligne M. Mbodji dans son travail.

Quant aux membres, lorsque les brûlures sont profondes et circulaires, il se produit un effet de garrot qui réduit la circulation sanguine, entraînant une baisse de l'oxygénation des tissus de l'organe en dessous. L’âge de la victime est aussi un facteur décisif. ‘’Un patient d’âge mûr qui a plus de 20% de surface cutanée brûlée rentre dans le cadre de la gravité. Plus de 10% de surface cutanée brûlée, si c’est un âge extrême de la vie, c’est-à-dire un enfant âgé de moins de 10 ans ou une personne âgée de plus de 60 ou 65 ans, il rentre dans le cadre de la gravité’’, explique Dr Mouhamadou Mansour Fall, brûlologue anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Principal de Dakar.

Les conséquences  de la brûlure

Cependant, ce sont surtout les infections qui compliquent la tâche. ‘’Elle représente  la principale cause de mortalité chez les grands brûlés et le principal facteur de morbidité. L’origine de l’infection est liée à une rupture de la barrière cutanée, une translocation de germe et une dépression immunitaire’’, fait remarquer Mbodji dans sa thèse.

À court terme, le brûlé peut connaître une insuffisance rénale aigue précoce secondaire. Il y a aussi des risques de maladies respiratoires liés à une atteinte du poumon due à des lésions de celui-ci, ou bien suite à une inhalation de fumée ou à la résorption de certains liquides. À moyen et court terme, il faut redouter la dénutrition qui ‘’contribue à l’accentuation du  déficit immunitaire et empêche le processus de cicatrisation de la peau’’.

S’y ajoutent les infections, les complications sur le plan fonctionnel (comme la perturbation du fonctionnement normal du cou, de la bouche, des paupières, des membres), l’aspect esthétique, sans oublier le risque de cancérisation. D’où la nécessité d’agir vite. 

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