Publié le 2 Jan 2024 - 00:55
NDIACK LAKH (CANDIDAT A L’ELECTION PRESIDENTIELLE

‘’Nous avons besoin d'un nouveau Sénégal qui allie progrès économique, écologique et humain’’

Ndiack Lakh, consultant international spécialisé dans la gouvernance des ressources minérales, se présente avec un optimisme débordant en tant que candidat à l'élection présidentielle de 2024. Dans cette course acharnée, il place sa confiance dans sa spécificité et son programme novateur. Convaincu que l'avenir du Sénégal réside dans une transition écologique porteuse de prospérité, il a identifié les défis environnementaux et émis des propositions brillantes. Entretien!

Monsieur Ndiack Lakh, pourriez-vous nous faire part de votre parcours académique ?

Je suis originaire de Dakar, où je suis né et plus précisément à Mermoz, où j'ai effectué mes études primaires et une partie de mes études secondaires. J'ai choisi une filière scientifique dès mon plus jeune âge et j'ai décidé de poursuivre des études d'ingénieur. J'ai eu l'opportunité d'intégrer une prestigieuse école d'excellence en Europe, l'École Polytechnique en Belgique, où j'ai obtenu mon diplôme d'Ingénieur Civil des Mines.

En plus de ma formation en ingénierie, je suis titulaire d'un Exécutive master en Management Environnemental, Développement durable et RSE. J'ai exercé une partie de ma carrière au Sénégal et à l'international dans le secteur des ressources minérales. J'ai eu le privilège de faire partie des Sénégalais qui ont pu évoluer dans ce que nous aurons sous peu, la nouvelle économie du Pétrole et du Gaz. Fort de près de 20 ans d'expérience, j'ai occupé des postes de direction régionale, direction générale, technique et commerciale dans le domaine des ressources minérales, tant au Sénégal qu'à l'étranger. Aujourd'hui, je suis un expert consultant international spécialisé dans la gouvernance des ressources minérales.

Pourriez-vous nous expliquer quand et comment vous avez amorcé votre implication en politique ?

Depuis mon jeune âge, le Sénégal m'a toujours intéressé. Je n'ai jamais exclu ma participation au jeu politique, car c'est comme une vocation pour moi. Je me suis engagé en politique en constatant que les décisions prises dans les hautes instances ne reflètent pas toujours nos ambitions et nos rêves pour les communautés qui nous ont vus naître, grandir et nous épanouir. Pour remédier à cela, il est nécessaire de se retrouver là où les décisions se prennent, afin d'influer positivement sur notre avenir commun. Je suis convaincu que je peux apporter énormément au Sénégal, surtout dans le contexte de la nouvelle économie du pétrole et du gaz, en mettant à contribution mes compétences professionnelles au service du pays. De plus, il est temps que ceux qui possèdent des connaissances ou des capacités s'engagent dans la sphère publique, afin de ne pas laisser celle-ci entre des mains aux intentions pas toujours nobles.

Y a-t-il des partis politiques qui soutiennent votre candidature ou vous êtes indépendant ?

La plate-forme qui accompagne ma candidature s’appelle Ndiack Lakh 2024. Elle est composée de mouvements et d’identités remarquables, ayant tous un fort ancrage local et dont les actions de développement en faveur des populations sont connues et reconnues.

Comment s'est déroulée, pour vous, la collecte de parrainages ?

Au lancement de notre candidature en vue de l’élection présidentielle au mois de septembre 2022, nous avions décidé d’abandonner les plateaux télés et d’aller à la rencontre des populations. Cette approche nous a permis d’élaborer dans le temps et collectivement notre offre politique à travers une démarche inclusive et participative, mais également d’anticiper sur le parrainage.

Que pensez-vous du montant de la caution qui devait servir de premier filtre pour les candidatures pléthoriques ?
Le montant de la caution reste élevé. L’argument qui consiste à dire que c’est pour décourager le nombre élevé de candidatures n’est pas vérifié, dans la mesure où on a enregistré beaucoup de dépôts de candidature pour cette présidentielle.

Justement que pensez-vous de ce nombre élevé de candidats en lice ?

Le nombre est élevé. Cependant c’est l’architecture et l’organisation du système électoral du Sénégal qui le permet. Dans un pays où il y a plus de 300 partis politiques, on ne doit pas s’étonner de voir une centaine de candidats, d’autant plus que l’objectif premier d’un parti est la conquête et l’exercice du pouvoir. Pour mieux organiser cela, l’effort doit être fait déjà dans l’applicabilité de la loi relative au fonctionnement des partis politiques au Sénégal. Je pense que si la loi était appliquée correctement, on devrait se retrouver avec une dizaine de partis qui fonctionnent correctement.

Face aux défis environnementaux actuels, quelles sont vos propositions concrètes pour promouvoir le développement durable, préserver l'environnement et opérer une transition vers des sources d'énergie propres au Sénégal ?

L'avenir du Sénégal réside dans une transition écologique créatrice de richesses. Nous avons besoin d'un nouveau Sénégal qui allie progrès économique, écologique et humain. Les défis écologiques sont nombreux et pour réussir ce défi, je propose les axes suivants : Renforcer la capacité des territoires à fournir et bénéficier des services écosystémiques tout en assurant la résilience des territoires (Soutenir les pratiques agro-écologiques, préserver la diversité des territoires et lutter contre l'artificialisation) ; réduire la dépendance de notre économie aux ressources non renouvelables (Soutenir et promouvoir l'économie du recyclage, favoriser un mix énergétique diversifié, encourager la réutilisation des eaux usées traitées, promouvoir la fertilisation à partir d'effluents d'élevage, etc.) ; accompagner la transition écologique des entreprises (Mettre en place et actualiser un répertoire évolutif des métiers de l'économie verte) ; éduquer, former et sensibiliser à la transition écologique et au développement durable (Orienter davantage la formation professionnelle vers les métiers, les compétences et les parcours de professionnalisation de l'économie verte, lancer le programme spécial "Stop aux préjudices écologiques") ; soutenir les investissements pour attirer les financements vers des projets liés à la transition écologique (Intégrer les enjeux de la transition écologique et à long terme dans les choix de financement et d'investissement des projets).

Je compte aussi mettre en place une responsabilité sociétale des entreprises, élargissant leur responsabilité fiduciaire aux enjeux portés par la transition écologique ; mettre en place une nouvelle politique industrielle et agricole plus économe en ressources et axée sur l'innovation (Initiatives pour soutenir les véhicules propres, développement des capacités de stockage d'électricité, etc.).

Quelles sont vos intentions pour encourager l'emploi et favoriser l'entrepreneuriat au Sénégal? 

Nos régimes se succèdent et se ressemblent. Malgré ses énormes potentialités, son formidable capital humain et intellectuel, le Sénégal peine à réellement s'engager dans les chantiers du développement. L'avenir du pays réside dans le développement de nos industries innovantes, la transition vers une économie verte créatrice de richesses, le nationalisme économique, la justice fiscale, ainsi que la protection et la promotion de ce qui nous enrichit et nous distingue.

Ce que je propose, c'est d'enrichir notre nation grâce à un tissu dense et territorial d'entreprises. Pour ce faire, nous mettrons l'accent sur la réalisation tant attendue d'une adéquation entre la formation et l'emploi, la vulgarisation des clés pour promouvoir l'entrepreneuriat, l'organisation d'actions visant à renforcer et encourager un environnement propice au développement entrepreneurial. Nous construirons une économie du gaz qui englobera 80 métiers, 800 entreprises et créera près de 2 millions d'emplois. Nous soutiendrons la mise en place d'une industrie nationale permettant la transformation locale planifiée de matières premières critiques (fragiles ou épuisables) que notre pays a la chance de produire.

L'État apportera son soutien aux secteurs porteurs tels que l'agroalimentaire, le sport-business, l'économie numérique, la logistique, l'automobile et l'industrie pharmaceutique. Nous mettrons en œuvre une véritable politique industrielle impulsée de l'intérieur, en mobilisant les ressources de chacun de nos territoires. Nous créerons la Banque des Sénégalais de l'extérieur pour financer les entreprises locales, mettrons en place le financement local par le biais de l'actionnariat populaire, et établirons un programme d'aides d'État aux entreprises pour assurer l'autonomie stratégique du pays. Nous prendrons également en charge le handicap dans les chantiers d'insertion destinés aux jeunes et aux femmes, entre autres mesures.

Pourriez-vous nous exposer votre vision quant à la promotion du développement économique et social de notre pays, si vous veniez à être élu ?

Ce que j'ai comme élément singulier, c'est l'option en faveur de l'économie et des entreprises. Mon grand projet est de soutenir l'économie et les entreprises. L'objectif est de diriger les ressources de développement de l'État vers les entreprises, en plaçant la jeunesse et les entreprises au cœur des politiques publiques. Pour cela, le concept ‘’Xalé Xippi Liggey’’ traduit mon ambition et ma vision, celle d'un Sénégal dont l'avenir repose sur une jeunesse consciente des enjeux actuels et futurs, avec le travail comme clé de voûte.

‘’Xalé’’ représente la jeunesse, nos forces actives. Lorsque l'on parle de capital humain dans un pays, il s'agit de la jeunesse, ceux qui ont la force vive, l'intelligence et l'âge de travailler, et qui doivent travailler pour propulser le pays. ‘’Xippi’’, car tout se passe dans la tête. Il est nécessaire de sensibiliser et de former les jeunes pour qu'ils soient à l'aise avec les nouveaux enjeux de notre économie. Ils doivent comprendre et être convaincus. Lorsqu'ils réaliseront que les milliards ne peuvent pas être obtenus uniquement à travers un bureau, mais grâce aux entreprises. ‘’Xippi’’ en wolof a une signification philosophique, c'est la compréhension, le discernement. Les jeunes doivent être en phase avec les enjeux et les urgences du moment. ‘’Liguey’’ pour enrichir la nation, la hisser en tant que puissance économique régionale.

Quelles sont vos propositions concrètes afin de renforcer la gouvernance et mener une lutte efficace contre la corruption au Sénégal, dans le but de garantir la transparence et la responsabilité au sein de l'administration publique ?

Il est nécessaire d'adopter une réaction appropriée face aux scandales en cascade et à l'impunité systémique qui règne dans notre pays, notamment en ce qui concerne la délinquance financière sous ses différentes formes, la corruption des élites et les criminels en col blanc qui échappent aux radars, ainsi que les dommages croissants causés à notre économie, d'un régime à un autre. Il est essentiel de renforcer les dispositifs de lutte contre la corruption afin de freiner les aspirations à la richesse des futurs détenteurs du pouvoir.

Je m'engage résolument à entreprendre les chantiers de la dépolitisation de la fonction publique. Le Sénégal a besoin d'une administration neutre, dégagée de la politique politicienne. La politisation des financements publics et des marchés publics crée des inégalités entre les Sénégalais. Toutes les instances d'attribution seront confiées et gérées par des personnes apolitiques.

La gouvernance judiciaire est également une question d'intérêt national. Il est primordial d'avoir une justice impartiale afin que les décisions rendues soient acceptées et acceptables pour le peuple au nom duquel la justice est rendue. Certains comportements, attitudes, discours et décisions suscitent des doutes et des incompréhensions. Le chef de l'État ne devrait plus présider le haut conseil de la magistrature. Je propose également la mise en place d'un code ministériel qui établira les lignes directrices pour les membres du gouvernement. Un programme spécial de sensibilisation sur le gaspillage financier au sein des hautes sphères de l'État sera mis en place. Le principe de la réédition sera aussi érigé en mode de gouvernance publique.

Comment envisagez-vous aborder les problématiques liées à l'éducation et à l'accès à une éducation de qualité pour l'ensemble des citoyens sénégalais, notamment pour les personnes issues des zones rurales et défavorisées ?

L'une de mes priorités est de lutter contre les nombreuses inégalités entre les Sénégalais. Parmi celles-ci, l'accès à l'éducation occupe une place importante. Pour y parvenir, il y a des prérequis nécessaires pour réussir ce défi. Le premier axe d'intervention consistera à résoudre définitivement les conflits dans le secteur de l'éducation et les crises récurrentes qui perturbent le bon fonctionnement du système éducatif. Afin d'apaiser le climat social, il est essentiel de garantir le respect des accords signés depuis 2014 de manière définitive. Je propose également la mise en place d'une stratégie nationale plus cohérente pour le développement des formations techniques et professionnelles de courte durée, au profit des jeunes exclus du système scolaire. Il sera également nécessaire de modifier l'approche purement théorique de l'apprentissage et le rôle limité attribué à l'école, en favorisant la création d'entreprises-écoles, d'ateliers-écoles et de pôles agricoles-écoles.
Le financement de la priorité consistant à éliminer les abris provisoires est une urgence pour relancer le secteur de l'éducation. Il doit être accompagné d'un programme de construction d'infrastructures socio-éducatives avec une répartition optimale qui tient compte des différents territoires.

BABACAR SY SEYE

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