Publié le 3 Mar 2025 - 19:17
Ne pas se laisser enfermer

L’enjeu crucial pour le Président Diomaye !

 

Lorsqu’un président de la République arrive au pouvoir, il est entouré d’une multitude de conseillers, de ministres et de hauts fonctionnaires censés lui apporter des analyses objectives et éclairées sur la situation du pays. Pourtant, dans bien des cas, ces collaborateurs deviennent progressivement un filtre opaque entre lui et son peuple. Ils ne rapportent que ce qui les arrange, embellissent la réalité ou dissimulent des vérités gênantes. Dans cette configuration, le chef de l’État devient prisonnier d’un cercle restreint qui, sous couvert de le protéger, le coupe du véritable ressenti des populations.

C’est un piège dangereux pour tout régime, et le Président Bassirou Diomaye Faye doit impérativement l’éviter s’il veut préserver la confiance de ceux qui l’ont porté au pouvoir. Car l’histoire récente, en Afrique comme ailleurs, montre que bien des dirigeants ont fini par être renversés ou désavoués non pas à cause d’un manque de vision, mais parce qu’ils ont été isolés, manipulés et maintenus dans une bulle loin des réalités du pays.

Trop souvent, certains conseillers et responsables politiques s’organisent pour accaparer les ressources publiques, détourner des fonds destinés aux services sociaux, et entretenir une clientèle politique qui leur garantit une influence durable. Ils se servent de leur position pour créer une sorte de pouvoir parallèle, exploitant le nom du président pour asseoir leur propre légitimité auprès des populations. Ils font croire au chef de l’État qu’ils sont indispensables, qu’ils sont le lien entre lui et le peuple, alors qu’en réalité, ils agissent avant tout dans leur propre intérêt.

Les vraies préoccupations des citoyens ne remontent plus au sommet. Les souffrances du peuple sont maquillées, les alertes sont ignorées, et le président ne reçoit qu’un tableau biaisé de la situation. C’est ainsi que naissent les frustrations, que la colère gronde et que, progressivement, le pouvoir se déconnecte de sa base.

Si le Président Diomaye veut éviter cet écueil, il doit refuser d’être un dirigeant confiné dans les palais et les bureaux feutrés de l’administration. Il doit sortir, aller sur le terrain, écouter directement les citoyens sans intermédiaires, organiser régulièrement des rencontres populaires où les populations peuvent s’exprimer librement.

Il doit aussi s’appuyer sur des canaux indépendants pour recueillir les préoccupations réelles des Sénégalais : associations, médias non alignés, plateformes citoyennes. Plus un président est en contact direct avec son peuple, plus il est difficile pour son entourage de lui cacher la vérité.

Enfin, il doit mettre en place des mécanismes de contrôle rigoureux pour lutter contre la corruption et le détournement de fonds publics. Un gouvernement transparent, où les ressources sont bien gérées et où les responsables sont redevables, réduit considérablement la marge de manœuvre de ceux qui veulent créer une clientèle politique sur le dos de l’État.

L’erreur de nombreux chefs d’État a été de faire une confiance aveugle à leur entourage, pensant que leurs proches collaborateurs étaient leurs meilleurs alliés. Pourtant, ce sont souvent ces mêmes personnes qui les éloignent du peuple et précipitent leur chute.

Le Président Diomaye a une opportunité unique d’écrire une nouvelle page dans l’histoire politique du Sénégal. Mais pour cela, il doit rester vigilant, refuser l’enfermement, et choisir une gouvernance fondée sur la proximité et l’écoute directe des citoyens. Car un pouvoir qui se coupe de son peuple est un pouvoir qui, tôt ou tard, vacille.

Par Souleymane Jules SENE

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