Nous préparer au pire pour atteindre le meilleur
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Le déni du crime est un des grands impensés et angles morts de la modernité. Pour nous en tenir à la seule réflexion économique et financière, l’aveuglement au fait criminel est aussi profond qu’unanimement partagé. Cela nous renvoie à la prédation et à ses acteurs, et au peuple, agonisant, méthodiquement dépecé par des hordes de rapaces insatiablement voraces. Une image qui traduit la funeste gouvernance de Macky Sall rythmée par cette relation entre les prédateurs, si divers, et les proies, encore plus nombreuses, car s’établissant naturellement dans une relation trophique originelle, supportée par cette intimidation mortelle, organique et biologique.
La contre conférence de presse organisée par les sbires de l'ancien régime apriste suite à celle du gouvernement relative aux conclusions du rapport de la cour des comptes est la preuve palpable que la peur s'est installée dans leur camp. Cet état des lieux qui dépeint l'ampleur de leurs méfaits leur est devenue une déréliction impossible à porter en dehors d’opérations logiques et subjectives coûteuses ainsi que nous les rencontrons dans des pathologies de déni de la réalité ou délire des négations.
Et ils sont nombreux à penser pouvoir encore enfreindre le cours de l'histoire politique de ce pays. Tous ces bras armés de la mafia compradore mackyste, oligarques asservis, médias alimentaires, ripoux institutionnels, funestes magiciens, marabouts colporteurs, transhumants brouteurs, va-t-en guerre sans foi, parias néo coloniaux et autres félons racoleurs, entre autres taupes politiques, adeptes du grand écartement, tentent de sonner la résistance se croyant capables sans trop de conviction d'empêcher l'emballement de la machine de la reddition du pouvoir.
Les voilà donc, funestes fossoyeurs du bien commun dans une situation nouvelle qui remet en question leurs individualités, leurs compétences, leurs rôles et leurs valeurs.
Cette rupture dans leurs certitudes arrogantes, reçue comme une menace, provoque l’apparition de forces contraires au changement, usant de l'enfumage et de toutes sortes de distorsions complotistes pour justifier la précarisation sans commune mesure de nos ressources publiques. Et leur résistance n'y fera rien.
Alors Kleptocrates de l'ancien régime, pilleurs de deniers publics et détenteurs de biens mal acquis (y compris immobiliers): tremblez ! Vous et vos proches serez désormais traqués jusque dans vos derniers retranchements !
Parole d'un chef de gouvernement qui s'est juré d'aller décrocher la croissance avec les dents et de faire régurgiter à tous ces brigands économiques et financiers le fruit de leurs rapines. Et rien ne sera laissé au hasard pour mettre à nue la kleptocratie de réseau, la kleptocratie héréditaire et la kleptocratie transnationale, dont les rouages ont semblé bien huilés pour déposséder le peuple sénégalais de ses ressources.
La reddition des comptes se fera contre vents et marées. C'est un contrat social en béton que le peuple a signé avec ses gouvernants.
Sous tendu par un diagnostic de la société, sans indulgence ni alarmisme, ensuite, une vision vers où faire évoluer le pays. Puis, des moyens, sans démagogie ni démesure. Le tout articulé dans un agenda, et des temps d’évaluation...
Ce Projet tant chanté ne le sera que quand ses porteurs subiront de facto l’épreuve du pouvoir pour pouvoir parler de volonté politique.
Leur capacité à mettre en œuvre leur projet, surmonter les défis et affronter les résistances seront les baromètres qui permettront de moraliser la pratique étatique passant par l'immunisation de tous les corps qui la composent.
Une vision, un cap et une détermination. C’est ça la volonté politique. En politique, rien n’est facile. Rien n’est acquis. Ce sont les femmes et les hommes inébranlables qui font les institutions. Sinon, elles restent des coquilles vides. En tout état de cause, les priorités de l’action publique doivent aller en faveur du plus grand nombre des populations car, la politique est ce qui donne naissance à un monde qui peut être commun, comme le dit Hannah Arendt : « c’est dans la mesure où les actions sont politiques que le monde peut être partagé».
Ce bilan sombre de la dette abyssale héritée de l'ancien régime de Macky Sall ne nous laisse pas d'autre choix que de nous préparer au pire pour atteindre le meilleur. Pour se préparer et survivre, il nous faut comprendre notre environnement et ses dangers, mais aussi observer les gens, les peuples et les nations qui nous entourent pour visualiser les raisonnements, les logiques internes, les potentiels à exploiter et les risques.
La nouvelle ère souverainiste nous plonge indéniablement au cœur du laboratoire mondial dans lequel la réflexion des démocraties sur l'homme d'État mûrit en secret et en silence, afin que naisse l'État que notre siècle attend, le défenseur des deux libertés, celle des hommes et celle des nations.
K.G 14 février 2025
Par Khady GADIAGA