Chaos dans les airs !
La situation est inédite et augure de lendemains difficiles. Il y a une pénurie de kérosène au Sénégal. L’annonce a été faite, hier, par la Société de manutention de carburants aviation (SMCADY). Dans la foulée, la direction de l’AIDB a pris des mesures ‘’utiles’’ et envisagé des ‘’solutions d’urgence’’.
À l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, les opérations d’avitaillement des aéronefs ne pourront plus se poursuivre à partir de demain à 12 h. Ce, pour une durée provisoire de deux semaines. Et pour cause ! La Société de manutention de carburants aviation (SMCADY) évoque une indisponibilité de carburant aviation (kérosène). Par conséquent, les avions qui transitent à Dakar, devront faire leurs opérations d’avitaillement dans les pays de la sous-région qui ne sont pas encore touchés par la rareté de ce produit. Une des conséquences de la guerre en Ukraine.
Hier, la Direction générale de l’AIBD SA a confirmé les tensions dans l’approvisionnement en kérosène de l’aéroport Blaise de Diass et annoncé certaines mesures, après avoir été informée de la situation par le directeur général de SMCADY, société en charge de l’approvisionnement du kérosène, des difficultés dans l’avitaillement dudit carburant. Selon la note des services du DG Doudou Ka, cette situation est "consécutive à une conjoncture internationale défavorable qui, conjuguée avec les tensions inédites sur les prix de certaines matières premières, a fortement perturbé le système d’approvisionnement en kérosène de ladite société". De ce fait, pour faire face à cette conjoncture internationale née de l’intervention russe en Ukraine, la direction de l’AIBD a annoncé des mesures transitoires pour assurer la continuité des activités aéroportuaires.
Selon le communiqué, les opérateurs aériens sont invités à assurer eux-mêmes leur autonomie en kérosène. "Les autorités sénégalaises ont pris toutes les mesures utiles et nécessaires, et ont déployé des solutions d’urgence pour faire face à cette situation nouvelle. L’AIBD SA, qui est un acteur principal de la plateforme aéroportuaire nationale au service de l’intérêt général, s’est résolument engagé dans la recherche de solutions, afin d'assurer la continuité des activités aéroportuaires au niveau du Sénégal", annonce la direction. Elle informe avoir demandé, depuis dimanche, à "tous les opérateurs aériens opérant à l’aéroport international Blaise Diagne, de prendre les dispositions nécessaires pour transporter la quantité de carburant nécessaire pour assurer l’autonomie en carburant des vols retour". D’autant que la SMCADY a pris la décision de réserver ce qui leur reste en stock au pavillon national.
La note souligne, cependant, que "des dérogations exceptionnelles pourront être accordées, sur demande, par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) pour répondre à des contraintes opérationnelles de certains transporteurs aériens".
L’alerte de Birahime Seck
Comment sortir de cette situation inédite ? A l’heure actuelle, personne ne sait. Dr Khaly Niang, responsable de la communication de la plateforme aéroportuaire, repris par Igfm, renseigne que la SMCADY ‘’n’a aucune visibilité pour le moment sur l’arrivée de navires de kérosène’’. C’est pourquoi, il déclare sans ambages que ‘’la situation est très alarmante. Cela nécessite l’intervention de l’Etat au plus haut niveau. Les signaux sont au rouge. Si on ne fait rien, on peut effectivement frôler la catastrophe’’.
Devant cette situation inédite, le coordonnateur du Forum civil/Section sénégalaise de Transparency International, Birahime Seck, attire l'attention des députés sur le risque de pénurie de carburant qui a commencé avec le kérosène. ‘’Au lieu d'inviter le gouvernement à s'expliquer sur la cherté des denrées de grande consommation, les risques de pénurie de carburant, la faible accessibilité à l'eau dans plusieurs localités du pays et les grandes difficultés dans les secteurs de la santé, de la pêche de l'agriculture et de l'industrie (le peu dont le pays dispose), les députés s'engagent dans un jeu politicien de captation de la démocratie, avec l'aide d'acteurs divers du dialogue politique et de l'Exécutif’’, s’indigne-t-il.
GASTON COLY