Publié le 31 Aug 2013 - 12:36
PAR MOMAR DIENG - AUDIT DES MARCHÉS PUBLICS

 L'ARMP doit défendre ses missions pour protéger sa crédibilité

 

 

Directive de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour les huit pays membres, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) du Sénégal appartient désormais au cercle restreint des organes dédiés à la bonne gouvernance. Mais à force d'enchaîner rapport sur rapport sans que l'Etat mette en branle une vraie politique de sanction à l'endroit des délinquants, elle met en péril sa crédibilité et finira par banaliser ses missions de service public.

 

Après le rapport sur l'état de la gouvernance et de la reddition des comptes produit par l'Inspection générale d'Etat (IGE), voilà que l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) livre, à son tour, les résultats de ses audits dans le cadre de la passation des marchés publics au Sénégal pour l'année 2011.

C'est connu depuis Mathusalem, le secteur des marchés publics (MP) est l'épine dorsale de la corruption dans notre pays. Plus que tout autre secteur de l'économie nationale, les MP sont le lieu de construction et de consolidation des fortunes mal acquises, des biens et patrimoines ramassés sans sueur, en chantant. Ils sont le lieu mythique de déperdition des deniers de la nation entre les poches de quelques privilégiés sans scrupules qui ont la veine de se retrouver au bon endroit à un moment favorable...

L'Armp est certes une excellente directive communautaire (UEMOA) qui a le don de remettre un petit peu d'ordre et d'orthodoxie dans la jungle, quelques fois mafieuse, des marchés publics. Les collusions y sont légendaires entre commerçants véreux, agents d'autorités contractantes, fonctionnaires d'Etat sans foi ni loi, intermédiaires et trafiquants d'influence aussi influents que mystérieux dont le matériel de travail se limite à deux effets : un téléphone portable et un cartable.

Comme sous l'ancien régime, les velléités de torpillage du travail de salubrité publique de l'Armp n'ont pas encore disparu. Sous prétexte de «délais intenables et irréalistes», les plus hautes autorités de la République, à commencer par le président de la République et son Premier ministre, n'arrêtent pas d'asséner coups de poignard et coups de boutoir dans le dos de l'autorité en question. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle veille, dans la mesure de ses moyens, à la régularité des procédures de passation de marchés publics. Il y a bien sûr des cas exceptionnels qui commandent les «vraies urgences».

 

Les fausses urgences des politiciens

Mais trop souvent, trois phénomènes d'envergure sont à la base des «fausses urgences» invoquées par certaines autorités contractantes afin de passer par dessus les procédures : un management inefficace, une incompétence brute, un manque de sincérité notoire. Le cas de la Pharmacie nationale d'approvisionnement (PNA), détaillé par l'audit 2011 de l'Armp, est à cet effet un modèle du genre.

La bonne gouvernance des biens publics dans notre pays a besoin de structures comme l'Armp. Toutefois, il sera difficile à l'opinion d'accepter que les rapports qui épinglent chaque année des flopées de délinquants restent sans suite, sans sanction. Même si elle s'acquitte de ses missions, en dépit du fait qu'il lui est arrivé de fermer les yeux sur des monstruosités aussi manifestes que le Monument de la Renaissance, entre autres, l'Armp joue sa crédibilité dans le long terme. L'extrême rareté des ressources dans notre pays, qui transforme d'ailleurs l'Etat en emprunteur obligataire invétéré, est une raison suffisante pour faire franchir au Sénégal une étape fondamentale sur le chemin d'une bonne gouvernance enfin stabilisée.

Car enfin, il nous reste trop d'efforts à faire sur ce plan-là ! Quand certains ministres cesseront de tirer les ficelles de la corruption dans leur propre ministère et que certains SAGE arrêteront d'être leurs complices ombilicaux dans les pratiques de concussion, lorsque des marchands de cacahuètes – métier noble par ailleurs – n'auront plus aucune chance de gagner des marchés de fuel, alors oui, on pensera avoir fait un pas dans la bonne direction...

 

 

 

 

 

 

Section: 
RETRAIT LICENCE 5G À YAS ET À EXPRESSO : Ce que l’État reproche aux opérateurs
LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DES TERRES AU SÉNÉGAL : Plus de 80 000 ha seront restaurés avec le projet SURAGGWA
PREMIER TRIMESTRE 2025 : Le nombre d'employés est de 341 699, contre 338 125 un an plus tôt
Der/FJ
Activité industrielle
RÉSILIENCE CLIMATIQUE DES ZONES RURALES GRÂCE AU FINANCEMENT DES MIGRANTS : Le Sénégal dans un projet de 2 milliards F CFA de l'UE
TAUX DE CHÔMAGE ÉLARGI AU PREMIER TRIMESTRE 2025 : Il est de l'ordre de 21,7 %
SAID
RÉALISATIONS DANS 13 COMMUNES DU SÉNÉGAL : Le Promovilles injecte 89 milliards de francs CFA
“GIMI” ATTEINT SA DATE D'EXPLOITATION COMMERCIALE, KOSMOS AUGMENTE SA PRODUCTION DE GNL Dernières nouvelles sur le projet GTA
ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE AFRICAINE : La Chambre de commerce vante le potentiel de la Zlecaf
La BM accorde 115 millions de dollars au Sénégal
LENTEURS DANS LES INVESTISSEMENTS : Le Code des marchés publics, un bouc émissaire
JOURNÉE DES GENS DE MER : L’Anam fait son ‘’ndeup’’
EXÉCUTION BUDGÉTAIRE TQ 2024 : Hausse remarquable des investissements en 2024 
RAPPORT D'EXÉCUTION BUDGÉTAIRE : Un net repli des investissements
REGLEMENTATION DU SECTEUR DE L'ELECTRICITE : Le Sénégal, 1er en Afrique
PRIX À LA CONSOMMATION - PREMIER TRIMESTRE 2025 : Une baisse de 0,4 % notée
OCTROI MARCHÉ TNT À UNE ENTREPRISE MALIENNE : Excaf menace de saisir les tribunaux
EXPLOITATION EXTRACTIVE ET TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : Pour une large implication des femmes sur la question