Mansour Faye réplique et déballe sur Sonko
Le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale accuse, entre autres, Ousmane Sonko d’avoir essayé de bénéficier de sa position de beau-frère du président de la République. Un déballage sur l’opposant qui l’a taillé, la veille, sur son refus de déférer à une éventuelle convocation de l’Ofnac.
Des comptes, il en a des tonnes. En rendra-t-il un jour ? Qui sait ? Mais, en attendant, Mansour Faye en solde. En particulier avec le leader de Pastef/Les patriotes. La veille, Ousmane Sonko avait souligné son ‘’ignorance’’ et son ‘’arrogance’’, suite à l’annonce de son intention de ne point déférer à une convocation de l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption) sur la gestion des fonds alloués pour la riposte à la pandémie de coronavirus.
Hier, le ministre beau-frère du président de la République a d’abord soutenu, sur le plateau de la matinale d’une télévision, n’avoir ‘’pas de commentaire à faire, parce que ce jeune (Sonko, NDLR) ne sait pas ce qu’il dit’’. Puis, il s’est montré incisif : ‘’Lorsque tu ne sais pas, tu dois te taire. On va tous rendre des comptes. Un ministre va rendre compte. Quelqu’un qui a des charges publiques est également dans l’obligation de rendre compte. On ne peut pas se dérober. Je rendrai compte, ‘Inch Allah’ à qui de droit.’’
En réponse aux difficultés économiques, conséquence des restrictions imposées par le gouvernement pour limiter la propagation du virus, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale était chargé de l’achat et de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence pendant la pandémie de Covid-19. Une aide de 69 milliards de francs CFA mise en cause pour mauvaise gestion, notamment par deux plaintes à l’Ofnac sur le manque de transparence autour du processus, du mouvement Frapp/France dégage et du président du parti d’opposition FDS, le docteur Babacar Diop.
Mais en défendant sa gestion qui ‘’s’est déroulée dans les règles de l’art’’, dimanche dernier, Mansour Faye a assuré que ‘’les contrats ont été signés en bonne et due forme’’ et qu’il ‘’n’y a aucun conflit d’intérêts’’.
A propos des plaintes citées plus haut, il a soutenu : ‘’Je les ai suivies à travers les médias. Je n’ai pas été convoqué. Si l’Ofnac me convoque, je n’irai pas. Parce que l’Ofnac n’a pas vocation, n’a pas compétence pour convoquer un ministre. Si des responsables du ministère sont convoqués, il n’y a aucun problème, mais moi, en tant que ministre, je ne répondrai pas à une convocation de l’Ofnac.’’
Lundi, le leader de Pastef/Les patriotes avait mis en garde Mansour Faye, en commentant ses propos sur l’Ofnac tenus dimanche. Ousmane Sonko assurait que ‘’ces déclarations attestent à suffisance de deux choses : d’abord, une ignorance extrêmement aggravée, lorsqu’il s’agit d’une autorité de ce niveau. Il ne connait même pas les lois de ce pays. Mais cela ne nous surprend pas. Car l’on parachute des personnes qui n’ont pas le niveau requis pour occuper de telles fonctions. Elles sont juste beau-frère, parent ou ami du président. Ensuite, cela dénote d’une arrogance que rien ne justifie. Des personnes ont exercé des responsabilités avant eux et l’on sait comment cela s’est terminé. S’il croit que du seul fait d’être le beau-frère du président Macky Sall, cela lui accorde une impunité totale, il se trompe. Tôt ou tard, ceux qui ont géré rendront compte’’.
‘’Il m’a demandé, à genoux, une audience’’
Hier, c’est un Mansour Faye loin de se sentir en danger, qui a répliqué au candidat arrivé troisième à la dernière Présidentielle. Celui qui n’entend pas non plus se justifier auprès du Comité de suivi du fonds Force-Covid-19 mis en place pour évaluer les aides accordées aux entreprises et ménages touchés par la pandémie, clame surtout sa fierté d’être lié à la famille du président Macky Sall.
‘’C’est vrai que je suis un beau-frère du président de la République à 100 % et je le revendique’’, assure-t-il, avant de déballer sur Ousmane Sonko : ‘’Lui-même est venu solliciter une audience au beau-frère. Il voulait que je fasse une intervention auprès du président de la République pour son propre compte. Il m’a demandé, à genoux, une audience. Je l’ai reçu dans mon bureau pour une médiation auprès du chef de l’Etat et devant témoin. Je ne vais pas entrer dans les détails. Demandez-le lui, s’il ose le nier. C’est un jeune, j’espère que son esprit ne va pas lui jouer des tours, comme avec les affaires Mercalex et Atlas.’’
Quand est-ce que cette audience aurait-elle eu lieu ? Dans quel contexte ? De nouvelles questions qui risquent d’entretenir la polémique entre les deux hommes. D’autant que le colonel Abdourahim Kébé, ancien collaborateur d’Idrissa Seck et néo-patriote, a répondu dans la foulée, à travers un post Facebook bien senti : ‘’Xamoul, meunoul, dieufoul. Il est une calamité. Accablé de toutes parts, il cherche du buzz et à détourner l’opinion, mais Sonko ne lui donnera pas l’occasion. Qu’il aille répondre à l’Ofnac et au Force-Covid-19. La brutalité de la chute sera à la hauteur de son arrogance’’, a-t-il posté.
Mais ce qui est sûr, est que le ministre Mansour Faye a compris la consigne du président Macky Sall qui a demandé à ses partisans d’arrêter de se contenter de répondre face aux attaques politiques et de commencer à attaquer.
Et pour en revenir à l’affaire de la convocation, le professeur de droit constitutionnel Ngouda Mboup, estime que Mansour Faye ‘’peut se tromper de bonne foi’’, mais l’Ofnac peut ‘’convoquer n’importe qui, excepté le président de la République’’. Et un tour sur le site de l’organe de lutte contre la fraude et corruption permet de constater que sur ses prérogatives, il est bien écrit qu’il peut ‘’entendre toute personne dans le cadre de ses enquêtes’’.
Lamine Diouf