Publié le 10 Jan 2023 - 15:24
POLITIQUE ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL

Le FMI valide les options de l’État

 

Le Sénégal n’est pas si mal loti au plan économique et des perspectives attendues, si l’on en croit le Fonds monétaire international (FMI) dont le Conseil d’administration s’est réuni ce lundi 9 janvier 2023 pour approuver la sixième et dernière revue du programme appuyé par l’Instrument de coordination des politiques économiques (ICPE) et la troisième revue du programme avec financement appuyé par la facilité de crédit de confirmation (FCC) combiné avec un accord de confirmation (AC)’’.

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a effectivement constaté que les mesures prises par l’État du Sénégal sont aussi bonnes que les perspectives attendues.  ‘’Après avoir réalisé une performance économique de 1,3 % au plus fort de la Covid en 2020, alors que la plupart des pays comparateurs étaient en récession, le Sénégal a rapidement repris son sentier d’avant crise sanitaire, avec un taux de croissance de 6,5 % en 2021 et se projette en 2022 et en 2023, respectivement à 4,8 % et 10,1 %’’.

En conséquence, ‘’les administrateurs du FMI ont favorablement apprécié l’atteinte de la quasi-totalité des critères quantitatifs, dont ceux relatifs aux recettes fiscales et le déficit budgétaire dont la trajectoire consolidante a permis de passer de 6,4 % en 2020 à 6,2 % en 2022’’.

Cette information consignée dans un document, explique que ‘’cette consécration qui intervient au terme de trois années très difficiles aux plans économique et social, est la sanction positive des multiples actions de réformes entreprises par le gouvernement, qui ont rendu résiliente l’économie sénégalaise et assaini son cadre macro budgétaire’’.

Fort de toutes ces réformes couronnées par cette approbation du Conseil d’administration du FMI de la sixième revue ICPE, le Sénégal devrait recevoir, dans les prochains jours, un montant d’environ 133 milliards F CFA.

Par ailleurs, dans le cadre des réformes pour le renforcement de la gouvernance et de la transparence budgétaire et financière, l’institution financière internationale a salué la volonté des autorités sénégalaises d’asseoir son nivellement aux standards internationaux avec l’adoption de la nouvelle loi sur la gestion des hydrocarbures, ainsi que de ses décrets d’application, du nouveau Code des marchés publics qui consolide la mise en concurrence dans les achats publics. Ils ont parallèlement relevé les efforts de redevabilité à travers les redditions de comptes systématiques sur l’utilisation des deniers publics dont la dernière en date est la publication du rapport sur la gestion des fonds Force Covid-19.

Le satisfécit du FMI ne s’arrête pas au seul plan macro-économique, car, souligne une  source, au plan budgétaire, face aux énormes pressions sur les dépenses sociales notamment, le FMI a loué ‘’les réponses efficientes apportées par le gouvernement en rationalisant davantage les autres dépenses courantes et surtout en renforçant la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales’’.

Cette même dynamique devrait se poursuivre en 2023. Sous ce rapport, le FMI a magnifié la décision rationnelle de réduire les subventions régressives sur l’électricité et certains produits d’hydrocarbures. Et sur ce dernier aspect, la rationalisation de la subvention des produits énergétiques ‘’devrait engendrer des économies de l’ordre de 258 milliards dont 100 milliards sur l’électricité et 158 milliards sur les hydrocarbures’’.

Dans sa mise en œuvre, ‘’elle épargne les ménages vulnérables, puisque près de la moitié des clients de la Senelec (1 159 146 clients, soit 48 %) relevant de la tranche sociale de la catégorie «Basse tension») est exclue de la hausse’’. Pour les autres, en dépit de la hausse moyenne annoncée de 18,6 F CFA par kWh, ‘’le gouvernement maintient toujours un niveau de subvention de près de 20 % (soit 27 F CFA sur chaque kWh produit par la Senelec et consommé par les clients)’’. S’agissant des hydrocarbures, ‘’le gouvernement maintient des subventions respectives de 73 F CFA (passant de 19 % à 7,4 %) et 264 F CFA sur chaque litre de supercarburant et de gazole consommé. Au surplus, les produits tels que l’essence pirogue (subventionnée à hauteur de 34 %) et le gaz butane (subventionné à hauteur de 55 %) ne sont pas concernés par la hausse des prix’’.

Ce ciblage et cette tempérance dans les subventions, favorablement accueillis par les partenaires techniques et financiers, ainsi que les populations, donneront, à compter de 2023, plus de marges de manœuvre budgétaires pour la politique de protection sociale du gouvernement, hautement salué, par l’institution de Bretton Woods.

Une ombre sur la toile ? Dans leur préconisation, ‘’les administrateurs ont invité le gouvernement à accentuer les efforts de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, pour sortir le Sénégal de la liste des pays sous surveillance renforcée du Gafi, à accélérer le rythme de mobilisation des recettes et à rationaliser davantage les dépenses’’. 

AMADOU FALL

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