Des amphis de l'Ucad au terrain politique
Professeur titulaire des universités de classe exceptionnelle, le professeur Daouda Ndiaye fait partie des candidats-surprises de cette élection présidentielle. Pendant longtemps dans le social, à travers son mouvement Action, il a décidé de descendre sur le très glissant terrain politique. Qui est ce bras droit de Bill Gates en Afrique et qui aspire diriger les Sénégalais le 24 mars prochain ? Éléments de réponse.
C'est à travers des actions sociales dans plusieurs localités du Sénégal, à travers son mouvement Action, que le Pr. Daouda Ndiaye s'est fait connaître au grand public. Entre dons de denrées alimentaires, organisation de journées médicales, offre de médicaments et de suivis médicaux, gestion des inondations, assistance des covidés durant la pandémie de Covid-19, financement des femmes, distribution de lots de fournitures scolaires, ce professeur des universités s’est fait connaître un peu partout. Entre ses actions sociales et le landerneau politique, il n’y a qu’un pas qu’il a allégrement franchi.
Candidat à l’élection présidentielle, une montagne se dresse devant lui, pour espérer occuper le fauteuil présidentiel. En tout cas, il en a l’étoffe.
En effet, le Pr. Daouda Ndiaye est professeur titulaire des universités de classe exceptionnelle, professeur agrégé du Cames, chef du Service de parasitologie-mycologie pharmaceutique à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie (FMPO) de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD). Il est aussi chef du Service de parasitologie-mycologie du CHU Aristide Le Dantec, fondateur et directeur général du Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de surveillance sanitaire (Cigass) depuis juin 2022. Il est aussi le responsable du cours de mycologie du DES de biologie de la FMPO, Ucad, ancien interne des hôpitaux de Dakar, membre du Jury d’agrégation du Cames de médecine au Gabon, au Congo, en Côte d'Ivoire...
Ce n’est pas tout. Le Pr. Ndiaye est, également, conseiller spécial Sciences of Defeating of Malaria Elimination à l’université Harvard de Boston des États-Unis, Tchan School of Public Health, responsable de la coopération entre le Département d’immunologie et des maladies infectieuses Tchan School of Public Health de l’université Harvard des États-Unis et de l’Ucad, professeur associé à l’université Harvard de Boston aux États-Unis. Précédemment expert à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et membre du Panel de certification de l’élimination du paludisme.
S’agissant de la lutte contre le paludisme, il est l’inventeur, en 2016, du test Illumigene Malaria, qui est une révolution dans le dépistage de cette pathologie. D’ailleurs, il est le directeur du Cours international OMS/ECAM d’accréditation sur le diagnostic et l’assurance qualité du paludisme pour l’Afrique francophone et Madagascar. Il est également consultant technique du Programme USAID/PMI/IMaD, Washington, USA et consultant technique du Programme USAID/PMI/MalariaCare, USA.
Un brillant parcours scolaire
S’il est une sommité mondiale dans son domaine, c’est parce que le Pr. Daouda Ndiaye a eu un brillant cursus scolaire et universitaire. Il a obtenu son baccalauréat série D (S) au lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye, en 1992. Les portes de l'université Cheikh Anta Diop (Ucad) ouvertes à lui, il a été admis au concours des internes des hôpitaux de Dakar, cinq ans après, en étant le seul candidat déclaré admis en médecine et pharmacie au Sénégal. En 1999, il a obtenu son Certificat d’études spécialisées en parasitologie à l’Ucad, puis son Doctorat d’État en pharmacie en 2000, toujours à l’Ucad.
Ensuite, il a décroché un Diplôme d’études approfondies (DEA) en biologie animale à la faculté des Sciences et techniques (Ucad), puis un Doctorat ès sciences (PhD), en co-tutelle avec l’université de Harvard de Boston et ensuite un Diplôme de mycologie médicale à l’Institut Pasteur de Paris, France.
En 2010, il obtient le Diplôme de mycologie générale à l’université de Paris VII. La même année, il est admis au grade de Professeur agrégé du Cames, au Togo.
Par la suite, il passe le Diplôme sur l’éthique de la recherche à l’université Harvard, Boston, USA. Puis il obtient un Certificat sur l’éradication du paludisme, toujours à Harvard, USA. Un CV impressionnant.
Ses links avec le milliardaire Bill Gates
En tant que chef du Département de parasitologie de l’Ucad, il a été invité, il y a quelques années, aux États-Unis, par la fondation Bill & Melinda Gates pour discuter des stratégies pour l’éradication du paludisme dans le monde. À l'issue de ce séjour, la proposition d’occuper le poste de conseiller spécial à l’université Harvard lui a été faite. Il a ainsi été le premier Africain nommé à ce poste. Sa mission consiste à proposer les meilleures stratégies en matière d’enseignement, d’innovations stratégiques et technologiques pour l’éradication du paludisme.
Pour la première fois, au mois de juin dernier (du 18 au 23), l’Afrique, notamment Dakar, a abrité une rencontre du Cours mondial de l’éradication du paludisme. La rencontre a enregistré la présence de plus d’une centaine d’experts et de décideurs venus de toute la planète. La rencontre d’échanges avait enregistré la présence du directeur général de l’OMS chargé du paludisme et du coordinateur général mondial du Programme américain (USAID) sur le paludisme. Les deux personnes, déclarait le Pr. Daouda Ndiaye, qui dirigent le monde en matière de paludisme.
Du social à la politique
Natif de la banlieue, le candidat de la coalition Daouda2024 a le social dans le sang. En quelques années, il a réussi à implanter des cellules de son mouvement Action dans les parties les plus reculées du pays.
Alors que beaucoup s'attendaient à ce qu'il brigue la mairie de la commune de Guinaw-rails, à défaut de celle de la ville de Pikine, il n’avait pas bronché, lors des deux précédentes échéances électorales (locales et législatives). Mais, à la surprise générale, il a décidé de briguer le fauteuil présidentiel.
"En tant qu'une personne qui aspire diriger ce pays, on doit régler les problèmes sociaux de la banlieue. En tant que citoyen lambda d'un pays qui pense qu'il a des actions à jouer dans ce pays, pour redresser ce qui ne va pas, jouer pour le développement de son pays, agir sur des clefs que nous maîtrisons. Nous sommes des spécialistes de la santé, un des meilleurs. Nous sommes un des meilleurs dans notre domaine au plan mondial. Nous sommes des éducateurs en tant qu'universitaires. Je pense que notre candidature s’impose. Je vais même dire que c'est une demande sociale, parce que nous savons un peu ce qui se passe dans l'espace politique. Nous avons jugé utile d'essayer d'apaiser un peu le pays pour contribuer à l'apaisement des tensions au plan politique et d'apporter notre édifice à la construction de ce pays. Nous avons jugé important de venir contribuer au paiement de la dette que nous faisons depuis un temps. Mais en accédant à la magistrature suprême, cela nous permettra d'avoir beaucoup plus de ressources, les moyens et coudées franches pour pouvoir implanter au Sénégal un développement durable’’, disait le Pr. Ndiaye au moment de présenter sa candidature.
Un programme présidentiel qui tourne autour de 19 points
Depuis le début de la campagne, le Pr. Daouda Ndiaye fait le tour du pays pour vendre son projet politique, sans tapage. La stratégie sera-t-elle gagnante ? En tout cas, son programme s’articule autour de 19 points. Parmi eux, il prévoit "des ruptures et transformations structurantes pour le Sénégal selon notre modèle économique". Le leader de la coalition PrésidentDaouda2024 compte développer le pays en trouvant les solutions aux questions liées à la santé, à l’éducation, aux infrastructures, à l’économie, à la décentralisation, à la réhabilitation du chemin de fer, à la création d'emplois, à la souveraineté médicale et pharmaceutique, à la diaspora.
Ainsi, après avoir fait le tour de la banlieue, le Pr. Ndiaye est depuis quelques jours à l'intérieur du pays.
Un homme pieux, courtois et perfectionniste
À en croire ses amis et collaborateurs, le Pr. Ndiaye est un homme bien, très pieux et courtois. Il se distingue, dit-on, par son perfectionnisme. Il voue, selon ses collaborateurs, un culte au travail. "C'est un bon patron et qui est très généreux envers ses employés. Je peux dire qu'il fait partie de ceux qui payent les salaires, le premier dans ce pays. Il a le sens de l'humanité. Il ne badine pas avec la religion. C'est un féru du Coran. À ses heures perdues, il le lit beaucoup. Il ne rate jamais une prière. Il effectue souvent des oumras à La Mecque. Il adore le travail et les travailleurs. C'est une bonne personne qui est très généreuse", confient des proches.
Selon leurs confidences, si quelqu’un veut fâcher le professeur, il n’a qu’à lui manquer de respect. Quand il est énervé, il est difficilement contrôlable, avancent-ils. "Vous pouvez vivre avec lui pendant longtemps sans jamais le voir énervé. Mais lorsque cela arrive, il devient un autre homme. Il n'aime pas aussi les escrocs, encore moins ceux qui essayent de lui jouer des tours, pour ne pas dire les faux types qui ne sont intéressés que par l’argent. Il ne cautionne pas cela", soufflent nos interlocuteurs.
Toutefois, il faut souligner que sa machine électorale s’est un peu grippée, ces derniers temps. En effet, la présence de son frère, dit-on, indispose plusieurs de ses collaborateurs. D'après les témoignages des personnes qui sont proches de lui, cela risque de lui coûter cher. Ils dénoncent ‘’la présence abusive de son frère dans ses affaires’’.
L'homme en question, dit-on, est l'alpha et l'oméga dans toutes les affaires du Pr. Daouda Ndiaye. Un comportement qui a poussé plusieurs personnes à la démission, renseigne-t-on. Il fait office, soulignent-ils, de coordinateur et de chargé de gestion de la restauration dans le mouvement politique Cigas. "Beaucoup ont quitté le professeur, à cause de lui. Le plus choquant est le cas de son ancienne directrice de campagne. Cette native de Kolda, qui a longtemps cheminé avec lui, a claqué la porte à cause de son frère. Germaine Sagna a démissionné de son poste au motif qu'elle n'est pas impliquée dans les décisions. D'autres sont dans la même situation. Il a tellement de pouvoir... Le plus bizarre est que le Pr. Daouda Ndiaye ne lui dit rien du tout. Il le laisse dérouler. Ce qui est inconcevable", fulminent-ils.
À la question de savoir s'ils n'ont pas une dent contre le frère du leader d’Action, ils répondent par la négation. "C'est vrai que les gens ont du respect envers le professeur, mais son frère lui cause beaucoup de soucis. Peut-être, aussi, qu'il n'est pas au courant, mais c'est une chose à régler. Quand on aspire diriger le pays, on doit avoir un œil sur la gestion de sa formation politique. C'est une situation qui indispose plus d'un dans le mouvement’’, alertent nos interlocuteurs.
Ainsi, le candidat est invité à plus impliquer ses collaborateurs dans les processus de prise de décision pour une meilleure coordination des actions.
CHEIKH THIAM