Publié le 25 Mar 2024 - 19:30
PRÉSIDENTIELLE 2024

Diomaye, le retour aux sources

 

Après près d’un an passé en prison, le candidat Bassirou Diomaye Faye a été accueilli, hier, en héros dans son Ndiaganiao natal où il a voté au bureau n°2 de l’école Ndiandiaye.

 

Ndiaganiao sort de la torpeur. Hier, le village situé à une quinzaine de kilomètres de Sandiara, à une trentaine de kilomètres de Mbour, a accueilli son enfant prodige, né il y a 44 ans dans le village de Ndiandiaye. Ému par la liesse populaire, le candidat favori à la Présidentielle témoigne : ‘’Cela ne me surprend pas. Vous savez, je suis né ici, j’ai grandi ici, je ne suis jamais resté plus de deux mois sans revenir dans le village. Cette fois, à cause des péripéties (c’est la première fois qu’il retourne au village depuis son élargissement de prison), nous sommes restés plus de onze mois que nous ne sommes pas venus pour rendre visite à nos parents. Je comprends donc toute cette ferveur autour de ma personne.’’

Ce 24 mars 2024, ce n’est pas seulement l’enfant chéri du village qui revient sur ses terres natales. C’est aussi un potentiel président de la République du Sénégal. Escorté par ses deux ravissantes dames toutes de blanc vêtues, Diomaye, drapé dans un grand boubou traditionnel, préfère cette fois jouer la carte de l’apaisement. À l’endroit des différents candidats, il déclare : ‘’Nous lançons un appel au calme, parce que nous sommes tous des Sénégalais. Nous n’avons pas besoin de nous entretuer. Nous avons traversé des moments très difficiles. Il faut travailler à les dépasser. Moi, j’aspire à être un président de rupture, un président qui va réconcilier les Sénégalais.’’

Après 11 mois d’absence, Diomaye a donc retrouvé les siens. Sur place, c’est l’effervescence, une hystérie presque généralisée. À tous les coins de rue, jeunes, vieux, hommes, femmes, enfants, tous accourent pour acclamer le candidat à l’élection présidentielle, celui qui est appelé ‘’le digne héritier de Ndiouma Cor Faye’’.

La soixantaine révolue, Aly Ngom n’est nullement surpris par cette ascension fulgurante : ‘’Bassirou est juste sur les traces de son grand-père. Il est juste le fruit des graines que Ndiouma Cor, son grand-père, avait semées. Son grand-père est un héros hors pair de Ndiaganiao, quelqu’un qui, toute sa vie durant, s’est battu pour sa communauté, un homme qui a toujours lutté pour la cause humaine. Bon sang ne saurait donc mentir.’’

Sur ces terres de Ndiandiaye où le petit Diomaye a fait ses premiers pas, la fierté est immense. La joie se lit sur tous les visages. Jamais, le village n’a eu ce privilège d’avoir un fils aussi proche du poste de responsabilité le plus élevé de la Nation. Par un concours de circonstances, leur fils pourrait être le cinquième président de la République du Sénégal, le plus jeune de toute l’histoire du pays. Pour Diomaye, il s’agira surtout d’être ce président de ‘’rupture’’ que le peuple sénégalais attend de tous ses vœux.

Après un bref tête-à-tête avec son père et sa mère dans la maison familiale, le convoi s’ébranle vers l’école de Ndiandiaye, son lieu de vote où il a voté au bureau n°2. Pendant plusieurs minutes, il était impossible de remettre de l’ordre à cause de la ferveur populaire. C’est aussi l’occasion pour les populations de poser sur la table tous les maux du village que les régimes successifs n’ont jamais pu prendre en charge. L’un des premiers, c’est le bitumage de la route qui rallie Ndiaganiao à la route nationale. Une route chaotique qui rend difficile l’accès à ce paisible terroir.

Un Sonko bis

Des différents responsables de l’ex-Pastef, Bassirou Diomaye Faye est, à n’en pas douter, celui dont le profil se rapproche le plus de celui d’Ousmane Sonko. Dans un article à lui consacré par ‘’EnQuête’’, un de ses camarades de parti disait ceci : ‘’Il est le portrait craché d’Ousmane Sonko. De tous les responsables, c’est lui qui ressemble le plus à Ousmane, du point de vue du style et du discours. À telle enseigne que beaucoup voient en lui un n°2 de fait, même si Birame Soulèye est statutairement le n°2.’’

C’était en 2021, au tout début de la longue crise qui opposera son parti au régime du président Sall. On était loin de se douter qu’il serait si vite roi à la place du roi. Ces propos sont aujourd’hui confirmés par le patriote en chef lui-même. ‘’Sonko c’est Diomaye, ce n’est pas un simple slogan, c’est une réalité. Diomaye c’est Sonko, non plus, ce n’est pas un slogan, ce n’est pas un hasard, si je l’ai choisi comme candidat…’’, confiait le maire de Ziguinchor.

Une nouvelle dimension a été franchie

Au seuil de ses 44 ans, le jeune leader boxe déjà dans la cour des grands. Derrière ses apparences d’homme candide, à la limite timide et sans histoire, se cache une personne très coriace dans l’adversité. Selon les témoignages, Bassirou a de qui tenir. Son grand-père est un ancien combattant de la Grande Guerre (1914-1918). Ce dernier, rapportaient d’ailleurs nos sources, s’était battu avec véhémence pour inviter les Sérères de son terroir à amener leurs enfants à l’école. Et il fut l’un des premiers à donner l’exemple en inscrivant son fils, le père de Diomaye, dans la première cohorte des élèves de l’école élémentaire de Ndiaganiao. C’était en 1945.

Grandi dans cette atmosphère familiale, Diomaye va très tôt se forger un tout autre destin. Un destin contre l’impérialisme vécu par son grand-père. Un destin contre le système soutenu par son propre père, ex-soutien de Senghor. Très vite, il comprend l’importance des études pour aller au-delà de ses ascendants.

Présenté comme un garçon très brillant, l’ancien pensionnaire de la mission catholique et du CEM de Ndiaganiao a passé son cycle secondaire au lycée Demba Diop de Mbour, avant de rejoindre, contrairement à son leader qui a fréquenté l’UGB, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, d’où il est sorti avec une Maitrise en droit en 2004.

Dans la foulée, il passe et réussit simultanément aux concours de l’École nationale d’administration et du Centre de formation judiciaire/Section magistrature. Celui qui aurait pu devenir magistrat opte pour une carrière dans l’Administration fiscale. Il est souvent présenté comme un homme droit et incorruptible par ses pairs dans l’administration des impôts.

MOR AMAR

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