Des doutes planent sur la mise œuvre des recommandations par Barrow
Cinq ans après le départ de Yahya Jammeh, remplacé par Adama Barrow à la tête de l’Etat gambien, les citoyens de ce pays voisin comptent rendre justice aux victimes du régime précédent. Il est prévu, dans ce cadre, une présentation du rapport final relatif aux violations des droits humains commis pendant le régime de Yahya Jammeh (1994-2017) à l’actuel président Adama Barrow par la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC).
Cependant, avant cet exposé prévu le 30 septembre prochain, des doutes planent sur l’application des recommandations qui vont découler de ce rapport. D’après un communiqué rendu public à ce propos, ‘’la Commission vérité, dont les audiences ont été suivies à la radio et à la télévision, devrait identifier et recommander des poursuites contre les personnes qui portent les responsabilités les plus importantes dans les violations et abus des droits humains dont Jammeh. Elle y prononcera également des recommandations en matière de réparation, de réconciliation et de réformes institutionnelles’’.
Le gouvernement gambien disposera de six mois pour répondre à ces recommandations qui devraient, dit-on, être un thème central des prochaines élections, prévues le 4 décembre 2021. Seulement, alerte la note, en début septembre, le National People’s Party (NPP), formation politique du président Adama Barrow, a formé une alliance électorale avec l’Alliance for Patriotic Reorientation and Construction Party (APRC). ‘’Cette alliance suscite des doutes quant à la volonté du gouvernement dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission vérité. Le président par intérim de l’APRC, Fabakary Tombong Jatta, a déclaré que le rapport final de la Commission vérité devrait être jeté dans une corbeille à papier’’, indique-t-on dans le document.
Par ailleurs, une étude publiée le 6 septembre par Afrobarometer, un réseau de recherche panafricain, informe que 73 % des Gambiens estiment que ceux qui ont commis des atteintes aux Droits de l’homme sous le régime de Jammeh, devraient faire l’objet de poursuites judiciaires.
Pour réaliser son travail, la commission a interrogé, depuis le début des auditions en janvier 2019, 392 témoins. Les auditions des membres du précédent gouvernement et des victimes, poursuit la note, permettent d’établir un lien entre Jammeh et des meurtres et des tortures d’opposants politiques, notamment ceux de ‘’59 migrants d’Afrique de l’Ouest, et la chasse aux sorcières de centaines de personnes victimes de détention arbitraire. Ils rapportent également que Jammeh aurait violé et agressé sexuellement des femmes qui lui étaient présentées. En outre, il aurait mené personnellement un programme frauduleux de lutte contre le sida, forçant les malades à arrêter leur traitement au profit de soins prodigués personnellement par Jammeh’’.