PRODUCTION DE RIZ LOCAL
Le Criz passe en revue les limites du secteur
Le Sénégal a encore du chemin à faire, pour espérer couvrir ses besoins en riz, la denrée la plus consommée dans le pays. C’est en ce sens que le Comité interprofessionnel du riz (Criz) tient, depuis hier, un atelier de deux jours pour passer en revue les problèmes du secteur, réfléchir et échanger avec les différents partenaires sur les programmes, afin de mener une synergie d’actions sur la filière riz.
Le Comité interprofessionnel du riz (Criz) tient un atelier de deux jours pour aborder les problèmes qui freinent le développement du riz local au Sénégal. L’objectif est de réunir les différents acteurs afin de créer une synergie dans les actions à mener par les partenaires, pour une promotion réussie de cette filière.
Les membres du comité ont, en effet, déploré les programmes individuels développés dans les différents coins du pays. Dans leurs échanges, ces producteurs sont revenus sur les problèmes qui gangrènent le secteur et rendent difficile l’autosuffisance en riz au Sénégal.
A ce propos, le président du Criz reconnait que des efforts sont en train d’être faits, notamment dans la commercialisation du riz, sur le plan de la qualité et de la disponibilité. ‘’On passe de 70 % de riz brisé et 30 % de riz entier à l’inverse. Il y a une capacité de décortication qui est de 385 tonnes par heure, ce qui représente une masse importante. Ce sont des avancées sur le plan de la qualité, de la capacité de décorticage et du renforcement du parc de matériel agricole’’, s’est réjoui Ousseynou Ndiaye.
A côté de ces avancées, M. Ndiaye déplore une baisse des superficies arables, ainsi qu’une baisse du rendement due à plusieurs facteurs. Cette situation est due, d’après son analyse, aux changements climatiques, aux rongeurs et autres oiseaux en période hivernale. ‘’L’autre problème, c’est la commercialisation avec le prix du paddy. On a fixé le prix du riz sur le marché par rapport au riz importé. Avec les problèmes de la Covid, des mesures ont été prises par l’Etat concernant le prix du riz blanc avec une réduction de la taxe pour maintenir le prix du riz blanc au même niveau qu’avant la Covid. Il faut, dans ce cas aussi, prendre des mesures au niveau du producteur. C’est là-bas que le problème se pose. Si l’on fixe le prix du riz blanc, alors que pour le prix du producteur, on ne fait aucun effort pour le rendre incitatif, on a des difficultés’’, souligne le président du Criz.
Il relève, en outre, que le prix des intrants a connu une augmentation, ce qui devrait donc entrainer l’augmentation du prix du paddy et éventuellement celui du riz blanc. ‘’Si l’on bloque le prix du riz blanc à un certain niveau, ce qui est sûr, c’est que le producteur va souffrir. C’est l’un des objectifs de cet atelier qui doit permettre de réfléchir sur les stratégies à mettre en œuvre pour avoir le prix du paddy incitatif au producteur et en même temps avoir un prix accessible sur le marché. Pour cela, il faut obligatoirement une intervention de l’Etat qui doit le subventionner. Actuellement, il y a une subvention uniquement sur les intrants, à savoir l’engrais’’, regrette-t-il.
Ousseynou Ndiaye pense ainsi qu’il faudrait mener des actions pour que le prix du riz paddy soit raisonnable. ‘’Le premier raccourci pour arriver à l’autosuffisance en riz, c’est l’incitation d’un prix incitatif. Il y a une évolution actuelle sur les quantités produites, mais jusqu’à présent, on n’a pas atteint l’objectif’’, renseigne le président du Criz. D’après ses propos, il était prévu, au départ, une production dans la vallée de 900 000 t de paddy pour l’atteinte de cet objectif, alors qu’aujourd’hui, les rendements tournent autour de six tonnes à l’hectare. ‘’Il faudrait 150 000 ha et la production dans la (culture) irriguée tourne autour de 80 000 ha. Il y a une nette différence. Ce qui veut dire qu’il faut augmenter la production. On a une meilleure qualité par rapport au riz importé ; on a du riz aromatisé naturel’’, renseigne-t-il.
Ainsi, pour les cinq prochaines années à venir, il est prévu, à travers un contrat entre la Saed et l'Etat du Sénégal, une augmentation des superficies, l’amélioration de la disponibilité de l'eau, l'augmentation de la capacité de stockage. Les acteurs s’attendent également à l’amélioration de la mise en marche et la fonctionnalité des plateformes de commercialisation, ainsi que la transformation de 75 % du paddy à travers les rizières et 25 % à travers les unités de décortication artisanales (UDA) qui, précise-t-on, ne sont pas assez outillées pour produire du riz de qualité.
HABIBATOU TRAORE
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