Le Pr Diokhané dissèque le Budget et les Finances du Sénégal
Comment nous avons hérité des principes sur lesquels repose la gestion du budget sénégalais ? Une question, parmi tant d’autres, à laquelle a répondu le livre du professeur Diokhané qui, de l’avis des participants à la cérémonie de dédicace, peut s’imposer comme la nouvelle référence.
Après un quart de siècle, l’ouvrage d’Abdourahmane Diokhané, ‘‘Les finances publiques dans l’Uemoa, budget du Sénégal’’, vient réactualiser le répertoire académique dans un champ encore mal défriché. Pour l’auteur, professeur à la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSPJ), deux raisons essentielles ont motivé la publication du livre. ‘’Partager mon expérience, théorique et pratique, et combler un vide d’autre part. Les ouvrages qui existent jusqu’ici sur les finances publiques sénégalaises étaient relativement anciens.
Ils n’ont donc pas intégré un événement majeur qui a profondément renouvelé la problématique de nos FP : la création de l’Uemoa par le traité de Dakar du 10 janvier 1994’’, a déclaré l’auteur, dans une salle de conférence de l’Ucad II exiguë pour une assistance nombreuse. D’ailleurs les rapports avec cette instance sous-régionale constitue un pan important de l’ouvrage, puisque l’analyse et l’appréciation de nos FP, en particulier du budget, se fait dans le cadre des règles fixées par la structure ouest-africaine.
‘’La période actuelle est marquée par un encadrement de l’Uemoa dans nos règles de procédure budgétaire mais aussi de la politique budgétaire. Le but pour cette instance est de garantir la soutenabilité de nos FP ’’, explique-t-il.
Le professeur a annoncé que l’Uemoa prévoit l’harmonisation des politiques budgétaires avec un phasage en deux temps : assurer la convergence des politiques des États-membres par la mise en place de critères de convergence ; puis permettre l’équilibre, voire l’excédent budgétaire. Des rapports qui constituent la troisième étape d’un parcours sénégalais dans la trajectoire des finances publiques, selon lui. Les deux phases précédentes se situent après les indépendances, marquées par le caractère volontariste des nos FP, c’est-à-dire l’utilisation du budget comme instrument du développement économique et social ; et une autre période marquée par la mise sous tutelle des finances par les institutions financières internationales due à la crise économique des années 70 découlant sur une politique d’austérité budgétaire imposée.
L’auteur a succinctement présenté les cinq titres de son œuvre que sont l’élaboration du budget ; la présentation de la loi de finances ; l’approbation parlementaire de la loi de finances ; l’exécution de la loi de finances ; et le contrôle de l’exécution de la loi de finances. A propos du troisième point Abdourahmane Diokhané insiste sur la supervision des ’approbations de la finance par le Parlement. ‘’On y montre comment l’action parlementaire est encadrée dans les procédures budgétaires afin d’éviter que par des amendements coûteux, elle doive mettre en cause l’équilibre de la loi des finances’’, déclare-t-il.
La référence estudiantine demeurait jusqu’ici ‘’Finances publiques sénégalaises’’ de l’économiste français, Nguyen Chan Tan publié en 1990. Une mise en contexte qui fait s’interroger le directeur de Harmattan Sénégal sur la nécessité de valoriser l’expérience et l’expertise locales. ‘’Nous sommes formés dans les mêmes universités et dans les mêmes conditions que nos collègues occidentaux. Des fois même, nous sommes majors devant eux. Mais une fois rentrés, nous enseignons avec leurs livres. Il faut commencer à appliquer le savoir que nous produisons nous-mêmes’’, plaide-t-il, ajoutant un plaidoyer pour le renforcer de l’enseignement des FP dans les facultés car, avec l’introduction d’une nouvelle technique de budgétisation, le budget-programme, ‘’on aura besoin de bras pour sa mise en œuvre’’.
Ousmane Laye Diop