Les raisons historiques et les solutions
Les politiques, entre 1960 et 1993, ont développé la pauvreté et le chômage. Les nouvelles initiatives ne seront toutefois concluantes que si les jeunes s’engagent. Ces idées ont été développées hier lors d’un panel, dans le cadre de la semaine nationale de la jeunesse.
La semaine nationale de la jeunesse continue de dérouler ses activités. Hier, au centre culturel Blaise Senghor, un panel a été organisé sur le thème : la citoyenneté active au service du développement et l’implication des jeunes dans le PSE. Les délégations des différentes localités ont eu droit à des exposés sur l’emploi des jeunes, une question considérée aujourd’hui comme une bombe démographique. Non pris en compte par les pouvoirs publics, il a fait partir le régime socialiste. Dans ses meetings, Wade demandait à ceux qui n’avaient pas d’emploi de lever la main. De la même manière, cette jeunesse s’est retournée contre lui.
Si l’emploi est devenu aussi préoccupant, c’est que des décisions qui devaient être prises par le passé ne l’ont pas été. Mayassine Camara du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, s’appuyant sur le diagnostic fait dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE), déclare que de 1960 à 1993, le Sénégal n’a jamais eu un taux de croissance supérieur au taux démographique. «En quelque sorte, nous avons développé la pauvreté», conclut-il.
Au début des années 2000, un taux de croissance élevé a été noté, au-delà même du taux d’accroissement naturel. Ce qui lui fait dire qu’il est possible de réduire ce déficit d’emploi si les mesures idoines sont prises. Il faudrait cependant qu’un fort taux de croissance soit réalisé et maintenu, car le constat est que la courbe de croissance a évolué en dents de scie dans la décennie 2000. Une amélioration est notée depuis 2012 et pourrait aider à convertir les dividendes démographiques en facteur de développement. Il ne faut pas cependant se faire d’illusion, le Sénégal est sous la domination des jeunes, depuis 2000, et le restera pendant 50 ans. ‘’C’est dire donc que c’est parti jusqu’en 2050’’, affirme M. Camara.
Mobilisation et implication
D’après l’expert au MEFP, le problème principal n’est pas le chômage, car les chiffres officiels parlent de 10% de chômeurs. Le vrai problème, c’est le sous-emploi évalué à 30% environ. «Il y a beaucoup de gens qui bougent et peu qui travaillent». Pour étayer ses arguments, il donne l’exemple des paysans qui sont actifs 3 mois sur 12. Les marchands ambulants aussi, ainsi que certains qui acceptent un boulot de 25 000 F par exemple, alors que leurs aptitudes leur permettent d’avoir 100 000 F. C’est donc pour pallier tout cela que des différentes initiatives ont été prises.
Cependant, Mamadou Ndiaye de l’ANPEJF a tenu à faire une précision. Les politiques ont beau être généreuses, si chacun ne joue pas le rôle qui est le sien, les objectifs ne seront jamais atteints. «Le développement nécessite la mobilisation, l’implication et l’engagement des jeunes. C’est une occasion pour moi d’interpeller la responsabilité individuelle et collective. C’est un processus et l’aptitude et le comportement de chacun compte», a-t-il apostrophé.
BABACAR WILLANE