Publié le 8 Oct 2021 - 03:50
RAPPORT D’AFRICA PULSE -CROISSANCE ECONOMIQUE

La Banque mondiale table sur des taux de 4,7 et 5,5 % en 2021 et 2022

 

Le Sénégal devrait connaître une croissance de 4,7 et 5,5 % en 2021 et 2022, respectivement, grâce à l’expansion de l’agriculture et des mines et au rebond du secteur des services, et aux entreprises adaptant leurs opérations à l’environnement Covid-19. C’est ce qui ressort du rapport d’Africa Pulse de la Banque mondiale rendu public, hier.

 

Malgré les effets de la pandémie sur l’économie nationale, le taux de croissance du Sénégal restera positif. Selon le rapport Africa Pulse de la Banque mondiale, rendu public hier, il devrait connaître une croissance de 4,7 et 5,5 % en 2021 et 2022, respectivement. Ceci, grâce à l’expansion de l’agriculture et des mines et au rebond du secteur des services, aux entreprises adaptant leurs opérations à l’environnement Covid-19. L’inflation devrait rester faible, autour de 2 %, et diminuer à 1,5 % en 2023.

‘’La sous-région de l’Afrique de l’Ouest et centrale devrait connaître un taux de croissance de 3,2 % en 2021, contre -0,8 % en 2020. La sous-région devrait encore progresser de 3,6 % en 2022. Si l’on exclut le Nigéria, la sous-région devrait reprendre son élan après la faible performance de l’année dernière (0,7 %) pour atteindre 4,5 % en 2021 et 5,3 % en 2022. Le taux de croissance de l’Union économique et monétaire ouest-africaine devrait être de 5,6 % en 2021 et de 6,1 % en 2022, en raison de termes de l’échange favorables’’, renseigne le document.

Concernant les perspectives économiques de la sous-région, la Banque mondiale indique que le risque pour les perspectives est ‘’orienté à la baisse’’. D’après la même source, l’apparition du variant Delta et son impact sur l’activité économique ont montré que la région reste ‘’vulnérable’’ à l’émergence de nouveaux variants. Les données recueillies dans de nombreux pays montrent que la reprise qui s’était amorcée au premier semestre de l’année a été compromise par la réimposition de mesures d’endiguement.

‘’Environ 20 % des pays étaient en confinement (national ou ciblé) ou en restrictions élevées liées à la Covid-19 au cours du troisième trimestre 2021. Compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire limitée, les pays africains ne pouvaient pas se permettre les mesures de relance budgétaire sans précédent entreprises dans les économies avancées et les marchés émergents. La marge de manœuvre politique sera encore plus restreinte avec toute nouvelle épidémie du virus. En outre, la pandémie laisse des traces à long terme dans les économies de la région. La pandémie réduit encore la croissance potentielle par ses effets durables sur le capital humain, résultant des perturbations de la scolarité. Les pays qui ont réussi à accélérer le déploiement de la vaccination ont de petites populations et ont été agressifs dans leur intervention gouvernementale’’, relève le rapport.

Réduire au plus vite l’exposition des actifs au risque carbone

Il est également souligné dans le document que les pays riches en ressources non renouvelables doivent gérer la transition alors que le monde se décarbonise. Et que la baisse de la demande mondiale de matières premières énergétiques non renouvelables (notamment les combustibles fossiles) due à ce mouvement de décarbonisation fera baisser leurs cours internationaux. ‘’L’abandon du pétrole, du gaz et du charbon fait donc peser un risque sur la richesse des pays qui disposent d’énergie non renouvelable en abondance (par exemple, le Nigéria et l’Angola). C’est le cas aussi des pays ayant récemment découvert du pétrole ou du gaz (Mozambique, Kenya, et Sénégal). Il existe ainsi, dans ces pays, un fort risque d’actifs échoués. En conséquence de quoi, il est nécessaire de réduire au plus vite l’exposition de leurs actifs au risque carbone. Les politiques devraient être conçues pour favoriser la diversification des actifs en soutenant l’accumulation de capital humain ainsi que de capital naturel renouvelable tout en comblant le fossé des infrastructures’’, souligne la Bm.

Pour l’institution de Breton Woods, une gestion prudente des revenus tirés des matières premières pourrait aider à financer ces investissements. Ainsi, la mise en place d’un cadre fiscal cohérent comprenant des incitations fiscales ciblées, la réduction des subventions aux combustibles fossiles et l’instauration d’une forme à définir de taxe carbone, est ‘’essentielle’’ pour favoriser l’investissement privé et l’innovation dans les énergies propres ou d’autres activités vertes.

Une enquête menée dans le cadre de ce rapport, sur 325 Petites et moyennes entreprises (Pme) des régions semi-arides du Kenya et du Sénégal, a évalué leur capacité à s’adapter aux chocs climatiques. Elle établit une distinction entre une adaptation durable (par exemple par un changement de l’assortiment de produits) et des réactions non soutenables (comme la vente en urgence d’actifs). ‘’Les entreprises examinées sont fortement exposées aux risques climatiques et appliquent un vaste éventail de stratégies pour y parer. Certaines mesures visent à assurer la continuité de l’activité (adaptation durable), mais d’autres ont pour effet une contraction de l’activité (adaptation non soutenable). Les pratiques d’adaptation durable sont moins efficaces, si les événements climatiques extrêmes se font plus fréquents’’, lit-on dans le document.

Les spécialistes de la BM notent que la capacité des entreprises à s’adapter de manière durable dépend de facteurs qui peuvent être influencés par l’intervention publique. D’une part, les obstacles financiers et la médiocrité de l’accès aux marchés réduisent, selon eux, la probabilité d’une adaptation durable. D’autre part, l’accès à l’information, le soutien des pouvoirs publics et une assistance ciblée augmentent cette probabilité. Enfin, les entreprises commenceront à se préparer au changement climatique à venir tant qu’elles sont engagées de manière ininterrompue dans un processus d’adaptation durable.

Sur le volet agricole, des observations récentes de la Banque mondiale, montrent qu’une utilisation ‘’plus intensive’’ d’intrants importés dans les pays à faible revenu peut contribuer à améliorer la productivité globale des facteurs agricoles et protéger cette activité des effets négatifs des chocs liés au climat. ‘’Les pratiques agricoles à visée conservatoire sont marquées par une dégradation accrue des sols, en particulier dans les régions arides et semi-arides du continent, où le sol contient peu de matière organique, où les engrais sont peu utilisés et où les épisodes successifs de sécheresse réduisent le rendement des cultures. Ces pratiques conservatoires comprennent la rotation des cultures, la pratique du paillis pour maintenir la couverture des sols et les techniques culturales sans labour’’, soutient l’institution.

D’après la même source, l’observation montre que la culture de plantes de couverture, l’application d’engrais vert et le paillis ont contribué à améliorer la fertilité des sols et la rétention d’eau par les sols dans des zones sèches du Burkina Faso, du Sénégal et du Niger. ‘’La minimisation du labour offre également plusieurs avantages pour les agriculteurs africains, dont une meilleure infiltration de l’eau, une augmentation de la matière organique dans le sol et la rétention de l’humidité. Elle réduit aussi le coût de la main-d’œuvre au stade de la préparation des terres et permet une meilleure synchronisation des semis avec le début des pluies’’, estime-t-elle.

MARIAMA DIEME

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