Publié le 24 Dec 2014 - 23:36
RAPPORT DE L’ONG OXFAM SUR L’EXPLOITATION MINIERE

Kédougou et la malédiction aurifère

 

La cérémonie de restitution des travaux sur le foncier et la démocratie participative réalisés par le Cesti en collaboration avec l’ONG Oxfam a eu lieu hier, à l’école de journalisme de l’UCAD. Pour l’occasion, le Dr Mbaye Dieng de l’ONG Enda a présenté ses études diagnostiques menées à Kédougou. Des études qui révèlent que ‘’l’avenir de la région n’est pas dans l’or‘’.

 

‘’La mine n’est pas une activité durable. Elle suscite beaucoup de problèmes’’. C’est le constat général des études diagnostics menées par Mbaye Dieng dans les contrées aurifères de Kédougou. Cette région du sud-est du Sénégal, frontalière du Mali et de la Guinée, abrite 155 000 habitants. L’économie de cette région créée en 2008 a longtemps reposé sur l’agriculture, l’élevage et l’orpaillage traditionnel. Mais la réforme du code minier initiée en 2003 pour attirer les investisseurs a progressivement changé la donne en faveur d’un orpaillage intensif et industriel.

Si la gestion des réserves foncières est confiée aux autorités décentralisées, la gestion du sous sol revient exclusivement à l’Etat et donc aux autorités déconcentrées. ‘’Le pouvoir des collectivités locales est donc limité’’, constate Mbaye Dieng. Le code minier stipule que lorsque des richesses minières sont repérées sur un site habité, les populations peuvent être déplacées et dédommagées financièrement pour faciliter l’exploitation.

‘’ Même les cimetières ne sont pas épargnés’’, regrette Dr. Dieng. Ainsi, le développement de l’orpaillage industriel s’accompagne de plusieurs effets négatifs pour la région.  Les activités d’exploration et d’exploitation de minerais nuisent à l’environnement. ‘’On assiste à une pollution de l’eau, une ressource rare dans cette partie du Sénégal‘’, déplore-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Les terres agricoles sont progressivement détruites par l’utilisation de produits.’’

En outre, l’illusion de l’enrichissement rapide que l’exploitation minière fait miroiter pousse les populations à se détourner de l’agriculture. A défaut d’enrichir les populations, l’agriculture avait le mérite de leur assurer une certaine stabilité que l’orpaillage vient troubler. Les mines aurifères attirent même les écoliers de plus en plus tentés d’abandonner l’école. ‘’La déperdition scolaire atteint des proportions franchement inquiétantes’’, se désole Mbaye Dieng.

Pour illustrer son propos, il donne l’exemple de cette salle de classe qui a vu son effectif passer de 40 à deux élèves dont l’une est enceinte. L’autre conséquence de cette ruée vers l’or, c’est justement le développement de la prostitution. Avec 7%, cette région détient ainsi le triste record du taux de prévalence du Sida au Sénégal. Le développement de la prostitution est en parti dû à l’important flux migratoire provoqué par la présence de l’or. Les gens viennent des pays voisins du Sénégal dans l’espoir de faire fortune dans les mines. Enfin,  l’insécurité est un problème récurrent dans cette zone minée par les rivalités et les convoitises.

Pourtant, les multinationales qui exploitent l’or s’efforcent de s’investir dans le social. Ainsi, on peut noter certaines réalisations comme la construction d’écoles, de centres de santé, de forages … Mais selon Mbaye Dieng, ces actions servent davantage à lisser l’image écornée des multinationales qu’à contribuer au développement durable de la zone. Selon lui, les multinationales devraient surtout s’acquitter de la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). ‘’La RSE ne doit pas être une option, elle doit être une obligation‘’, croit-il savoir’’.

En définitive, Dr Dieng reste convaincu que ‘’l’avenir de la région n’est pas dans l’or ‘’.

Mariam Diallo (stagiaire)

 

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