La mortalité maternelle plus élevée à Kédougou et à Tamba
Les régions de Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor et Matam ont un taux élevé de la mortalité néonatale. Une situation due à la mauvaise qualité de la surveillance au cours de l’accouchement et du postpartum, a indiqué un rapport de l’UNFPA.
Au Sénégal, la situation de mortalité maternelle, néonatale et infantile reste préoccupante. Selon un rapport sur ‘’l’état de la pratique de sage-femme dans le monde’’ publié en mai 2015 et coordonné par le FNUAP, l’OMS et la confédération internationale des sages-femmes, près de 800 femmes continuent de mourir chaque jour de complications liées à la grossesse et l’accouchement. Cinq de ces 800 femmes meurent chaque jour au Sénégal. Chacune de ces femmes a besoin d’accès aux services essentiels de santé maternelle, d’être bien suivie de la grossesse à l’accouchement.
En dépit des progrès notés ces dernières années, toutes les cinq heures, une femme perd la vie en donnant la vie dans ce pays. Selon le rapport, la majorité des décès maternels et ceux des enfants de moins de cinq ans est due aux difficultés d’accès à des soins médicaux adéquats notamment dans les zones reculées du pays.
Un des meilleurs indicateurs de la qualité des soins et des compétences est le taux de mortalité. Cette mortalité maternelle reste élevée dans les zones les plus éloignées. Elle est de 222 pour 100 000 naissances vivantes avec une disparité nette entre les régions. Kédougou et Tambacounda comptent respectivement 1 412 et 1 047 décès pour 100 000 naissances vivantes contre 68 décès pour 100 000 naissances à Dakar, selon l’Enquête.
Parmi les facteurs de risques retenus, on cite la référence 59,5% et la mauvaise qualité de la surveillance au cours de l’accouchement et du postpartum (60%).
Le rapport a révélé que le taux de mortalité néonatale est très précoce (20%) et plus élevé dans les régions éloignées. La région de Ziguinchor est à 73%, Matam 46%, Tambacounda 35% et Kédougou 30,4%. Le rapport estime que 45% des décès étaient évitables.
Seulement 59% des accouchements en zones rurales sont assistés par un personnel qualifié
Selon la représentante résidente de l’UNFPA/Sénégal, Andrea Wojnar Diagne, les populations doivent en général pouvoir accéder aux structures et professionnels de santé facilement et en toute sécurité. ‘’Si on se réfère à la répartition géographique des structures de santé, on se rend compte qu’elles sont réparties avec une grande disparité. Les structures sanitaires se trouvent concentrées en milieu urbain plus qu’en milieu rural, où les grandes distances et souvent l’état des routes rendent l’accessibilité géographique difficile.
Quant à l’accessibilité par rapport au personnel qualifié, notamment la Sage-femme, elle n’est pas non plus satisfaisante. Elle suit la même répartition géographique que les structures de santé’’, a dit Mme Diagne.
Durant la grossesse, 96% des femmes enceintes ont consulté un professionnel de santé mais 48% seulement ont effectué les 4 CPN recommandées.
Pour l’accouchement, 77% des naissances ont eu lieu dans un établissement de santé avec 59% d’assistance par du personnel qualifié, dont 42% par les sages-femmes. Cependant, cette assistance par du personnel qualifié est plus importante en milieu urbain (80%) qu’en milieu rural (44%).
L’environnement de travail des sages-femmes, constate le rapport, n’est pas souvent favorable à une offre de soins de qualité surtout au niveau des zones éloignées, en raison d’une insuffisance de logement de fonction pour les sages-femmes, de moyens de transport insuffisants voire inexistants, d’absence d’écoles du moyen et du secondaire pour la scolarisation des enfants, de motivation financière insuffisante et d’éloignement du conjoint.
VIVIANE DIATTA