Les chiffres et les lettres de l’OIM
Le dernier rapport mondial sur l’émigration fait état de plus d’un milliard de migrants dans le monde.
Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), actuellement dans le monde, il y a un milliard de personnes déplacées dont 250 millions de migrants internationaux et 760 millions migrants internes. Une personne sur sept est un migrant. Sur les 250 millions de migrants internationaux, les 25,9 millions sont des réfugiés et 3,5 millions sont des demandeurs d'asile. En d'autres termes, environ 10 % sont des migrants forcés et 90 % des migrants internationaux sont des travailleurs migrants et des membres de leur famille ou des étudiants internationaux.
Selon le document, près de la moitié des migrants sont des femmes et des filles. Elles migrent de plus en plus seules ou en tant que cheffes de famille. Les femmes migrantes, renseigne la note, sont confrontées à des risques majeurs, notamment l'exploitation sexuelle, la traite et la violence. Elles font face à une double discrimination : en tant que femmes et en tant que migrantes.
Les principaux pays de destination des migrants sont la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Ghana. En 2019, 21 millions d'Africains vivaient dans un autre pays africain.
Mais depuis le début de la Covid-19, une baisse significative des migrations régionales et une perturbation de la mobilité et du commerce transfrontaliers sont enregistrées. En juin 2020, on estimait à 33 000 le nombre de migrants bloqués aux frontières.
Selon la chargée des médias et de la communication/point focal genre à l’OIM qui a présidé, hier, un atelier sur la question, la migration environnementale est à la fois un problème et une solution, généralement combinée avec d’autres facteurs économique, politique, démographique, social auxquels le stress environnemental est ajouté. En 2019, renseigne Fecam Marie Sèye, près de 25 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, en raison de catastrophes soudaines, dont environ 327 000 en Afrique de l’Ouest.
En 2050, la Banque mondiale estime, dit-elle, qu’il y aura 143 millions de migrants climatiques et près de 55 millions de migrants climatiques internes en Afrique de l’Ouest. ‘’En ce qui concerne la migration environnementale en Afrique de l’Ouest, poursuit-elle, le constat est qu’il y a des zones côtières qui sont menacées : affectant les pêches et les populations locales. L’élévation du niveau de la mer déclenche des inondations, de l’érosion, une salinité accrue, la disparition de certaines espèces, les précipitations au Sahel de plus en plus imprévisibles entraînant des sécheresses, des inondations et des déplacements. Le rétrécissement du lac Tchad provoque l’insécurité alimentaire dans le bassin du lac Tchad et impacte sur la transhumance bovine menant au conflit’’.
Ces déplacements sont aussi source de danger. ‘’Parlant des violations des Droits de l’homme contre les migrants, ils peuvent inclure un déni des droits civils et politiques tels que la détention arbitraire, la torture ou l'absence de procédure régulière, ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels tels que les droits à la santé, au logement ou à l'éducation. Le déni des droits des migrants est souvent étroitement lié à des lois discriminatoires et à des attitudes profondément enracinées de préjugés ou de xénophobie. Lorsque les personnes n'ont pas réussi à atteindre la destination souhaitée et à retourner à leur lieu d'origine ou à revenir après une période d'absence, elles peuvent faire face à la stigmatisation’’, prévient-elle.
Les attentes de l’OIM envers les journalistes
Pour renverser la tendance, les médias ont un grand rôle à jouer, selon Fecam Marie Sèye. Elle préconise une couverture équilibrée, de faire une mission de service public, de se fonder sur les faits, de dénoncer la haine, d’utiliser des terminologies correctes, de donner la parole aux migrants, de protéger la dignité et la sécurité des migrants. ‘’On attend de la presse de très bonnes considérations éthiques. Je fais allusion à la responsabilité (transparence des médias et engagement à corriger les erreurs), de l’humanité (journalisme sensible et attentif qui évite de causer un préjudice indu), de l’impartialité (des traitements équitables qui racontent toutes les facettes de l’histoire), de l’indépendance (avoir un journalisme libre de toute autocensure et pression politique), et la précision’’.
‘’Pour les utilisations des médias sociaux, les journalistes ne doivent pas céder à l'immédiateté, ils doivent vérifier leurs faits, être prudents avec la popularité des publications. On attend d’eux qu’ils ne cèdent pas au sensationnalisme et aux images trop puissantes ou ‘’chargées’’, de citer et créditer leurs sources, d’être prudents avec les données numériques personnelles qu’ils laissent derrière eux et enfin d’être conscient de leurs parcours numériques’’, ajoute Mme Sèye. Selon qui la manière dont la communication sur les migrations est gérée influencera non seulement la mentalité des communautés d'accueil, mais aussi l'image que les migrants ont d'eux-mêmes et de leur comportement.
‘’Les migrants doivent être considérés comme des acteurs clés du débat sur la migration, et non comme de simples spectateurs’’, conclut-elle.
CHEIKH THIAM