L’Etat préconise le tourisme domestique
Le tourisme interne a été la ‘’meilleure alternative’’ pour tout le secteur, lorsque la crise sanitaire a plombé l’économie mondiale. D’où la nécessité, selon le directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT) d’avoir une nouvelle réflexion sur la façon de développer le segment domestique, dans le cadre de la reprise. Pape Mahawa Diouf s’exprimait samedi, lors des rencontres professionnelles des acteurs du tourisme.
Considéré comme une destination ‘’privilégiée’’ pour les touristes et les multinationales, le Sénégal a vu, à l’instar des autres pays du monde, son secteur touristique fortement heurté, avec l’arrivée de la pandémie de la Covid-19. Ceci a favorisé de nouveaux mode de travail et des modèles économiques différents pour les hôteliers, les agences, les compagnies aériennes...
Avec la réadaptation de ces opérateurs, le Sénégal, à l’instar d’autres pays, travaille pour la relance de son offre touristique, au vu de sa position géographique accessible, sûre et propice pour les investisseurs. ‘’Le tourisme interne a été la meilleure alternative pour tout le secteur, lorsque la crise sanitaire a plombé l’économie mondiale. Le segment domestique a souvent été ignoré, mais cette crise a mis en avant l'opportunité et la nécessité de se repositionner sur les déplacements intra-régionaux. Une nouvelle réflexion sur la façon de développer ce segment est donc une étape importante dans la reprise. La diversification des produits, le développement de prix compétitifs tels que les tarifs pour les nationaux et résidents, constituent des défis auxquels le secteur doit faire face’’, note le directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT).
Pape Mahawa Diouf, qui prenait part aux rencontres professionnelles des acteurs du tourisme, ce week-end, a soutenu que le tourisme interne pourra ‘’aider’’ la destination Sénégal à se remettre des impacts économiques de la pandémie tout en permettant de sauver des emplois, de protéger les moyens d’existence et de retrouver aussi les bienfaits sociaux apportés par le tourisme.
Pour le DG de l’ASPT, la promotion du développement des compétences, en particulier les compétences numériques, et l'investissement dans le capital humain et le développement des talents sont essentiels pour soutenir l’emploi. ‘’L’ASPT a initié la campagne ‘Taamu Sénégal’ pour inciter les nationaux et la diaspora à préférer le Sénégal pour leurs vacances, plutôt que d’autres destinations prisées. Cette initiative d’envergure nationale est aussi destinée à promouvoir l’offre touristique auprès des entreprises publiques et privées nationales pour leurs activités de team-building, colonies de vacances ou encore séminaires. Pour ce faire, il faut que l'offre du pays soit adéquate et concurrentielle avec les demandes des entreprises. Nous travaillons à ça et cette initiative d'ATS concoure à encourager ce dynamisme du tourisme interne. Dans le cadre de l'initiative ‘Taamu Sénégal’, nous allons poursuivre ce travail en développant des partenariats avec le secteur public et le secteur privé, particulièrement le monde de l'entreprise’’, poursuit-il.
Pour sa part, la présidente du Collectif des acteurs du tourisme au Sénégal a souligné que les Sénégalais commencent à avoir ce besoin de vouloir partir en vacances. ‘’D’ici quelques années, on pourra noter une tendance beaucoup plus affirmée avec des gens qui partiraient en vacances pour des séjours plus longs. Historiquement parlant, ce n’est pas dans nos cultures d’aller en vacances, il faut le reconnaitre. Il faudrait qu’on ait cette période de transition, si on veut vraiment construire un développement touristique local. Il faudrait qu’on soit un peu patient. Que les gens soient sensibilisés afin qu’ils aient cette culture de partir, de découvrir. Il faudrait revisiter nos habitudes, nos comportements socio-culturels’’, indique Awa Sow.
D’ici 10 ans, la présidente du Collectif des acteurs du tourisme au Sénégal estime qu’il y aura plus de touristes sénégalais, car les mentalités vont changer, notamment avec cette génération de jeunes Sénégalais qui vont à l’étranger pour poursuivre leurs études. ‘’Il faut faire une étude sérieuse, scientifique sur les besoins et les motivations des touristes sénégalais, pour pouvoir avancer et avoir une meilleure structuration de la chaine de valeur, avoir une stratégie cohérente qui va nous permettre de bâtir ce tourisme qui est un potentiel qu’il faut exploiter’’, suggère-t-elle.
Un chiffre d’affaires de 300 milliards de F CFA en 2020
Le secrétaire général exécutif du Syndicat des agences de voyages et du tourisme du Sénégal trouve quant à lui, qu’il faut développer une approche ‘’plus stratégique’’ pour la relance qui devrait être repenser autrement. ‘’L’offre est variée, évolutive, mais elle n’est pas connue. (…) Au cours de son évolution, le tourisme a fini par occuper une place prépondérante dans l’économie de beaucoup de pays en développement.
Au Sénégal, en termes de chiffre d’affaires, c’est 300 milliards en 2020, soit une participation 6,8 % au produit intérieur brut (PIB)’’, informe Cheikh Gaye. En ce qui concerne le tourisme religieux, M. Diouf a rappelé que ce qui a été fait dans le cadre du partenariat avec la Société d'aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco-Sénégal) et l'ASPT est d'aller faire une sensibilisation auprès des chefs religieux. ‘’La campagne est en cours. L'objectif est de développer des packages qui amèneraient des citoyens sénégalais dans des sites religieux nationaux avec des modèles de résidence bien sélectionnés et en parfaite accord avec les autorités religieuses. Nous allons très prochainement émettre des campagnes de prospection dans les pays émetteurs de touristes pour Médina Baye’’, fait-il savoir.
L'objectif est, d’après lui, de voir qui organise ces voyages en direction du Sénégal. ‘’Une fois identifié, il nous faut voir le modèle de réceptif existant et prendre l'aval du khalife pour voir comment développer davantage les produits et organiser une communication et un marketing pointu et efficace pour favoriser une meilleure connaissance de ces destinations et des expériences touristiques possibles sur ces lieux. Nous avons un engagement des communautés et des confréries qui sont prêts à aller dans le sens de la modernisation et du développement de l'offre touristique, et du développement de l'investissement dans ces réceptifs dans ces sites religieux’’, ajoute le DG de l’ASPT.
Il convient de relever que les objectifs visés par les rencontres des acteurs du Sénégal sont, entre autres, selon de la directrice générale de l’agence Africa Tourism Solutions (ATS), d’inciter les différentes parties prenantes à réfléchir sur des perspectives de relance à la suite de la Covid-19, sensibiliser les acteurs sur l’importance du digital pour le développement du tourisme. Mais aussi de définir des leviers d’amélioration pour l’industrie à travers des partenariats pour ouvrir de nouvelles pistes de travail et axes de réflexion et de démontrer l'intérêt de tous et de chacun à s'impliquer dans cette nouvelle dynamique. ‘’Nous avons voulu convier tous les acteurs du tourisme pour voir comment nous pouvons travailler ensemble, réfléchir et aller plus de l'avant pour renforcer le tourisme sénégalais. A travers nos actions, nous voulons inspirer la jeunesse à explorer le continent noir et l'aider à préserver sa culture et son patrimoine. Nous croyons fortement que l'éducation et la communication digitale peuvent contribuer à l'émergence de notre pays. Les rencontres des acteurs du tourisme ont pour but d'inciter de nouvelles méthodes et de valoriser nos créateurs. Nous voulons par là aussi encourager le Made in Sénégal, la valorisation de ces produits locaux que nous devons utiliser de plus en plus et également les créateurs de contenu qui vendent la destination Sénégal’’, explique Aminata Mbaye Thiam.
MARIAMA DIEME