155 000 enfants souffrent de malnutrition sévère
La Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité nationale (DGPSN) organise, depuis hier, un atelier de capitalisation des bonnes pratiques en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Coopération Française. Le thème principal est ‘‘De la protection sociale à la promotion économique inclusive’’.
La lutte pour la protection sociale, la sécurité alimentaire notamment, se porte tant bien que mal au Sénégal. La diversité des programmes de filets sociaux est bien réelle. Des expériences comme les transferts monétaires (cash et vouchers) ; le programme intégré de réduction des risques (épargne, crédit, assurance) ; les cantines scolaires ; les programmes d’achats (PAA) ont aidé à atténuer les risques et chocs liés à la pauvreté. Cependant, les effets escomptés tardent à se faire sentir. ‘‘Les résultats restent mitigés car n’ayant pas permis, pour la majorité d’entre eux, de mettre en place des mécanismes de protection durables et efficaces’’, reconnaît le délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale, Anta Sarr. Une situation à laquelle s’ajoutent une couverture limitée des programmes existants ; une multiplicité de critères de ciblage, une absence de coordination au niveau stratégique et opérationnelle ainsi qu’une dispersion institutionnelle des programmes, déplore le ministre. A l’échelle du continent africain, le Sénégal est tout de même reconnu pour ses initiatives de développement du capital humain et de protection sociale à travers des filets sociaux destinés aux segments les plus vulnérables de la population.
36 milliards pour 927 416 personnes
Les pouvoirs publics ont attaqué le problème de pauvreté et de vulnérabilité sous deux angles, selon le conseiller spécial du Premier ministre, Fallou Dièye. Après la délégation générale qui s’attaque à la pauvreté structurelle avec la mise en œuvre de la bourse familiale pour un objectif de 300 000 familles soit 2 millions 500 à 3 millions de personnes assistées ; le gouvernement s’attaque aux causes conjoncturelles. ‘‘La vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle résulte d’un déroulement d’une campagne agricole comme celle de 2014 qui a connu des sécheresses et de l’insécurité alimentaire.
Pour y faire face, un plan de riposte 2015 est à l’œuvre qui se chiffre à 36,2 milliards pour lesquels 18 milliards pour assister 927 mille 416 personnes choisies par ciblage qui vont être assistées pendant 3 mois, le temps que les premières récoltes arrivent’’, annonce-t-il. Pour le bétail aussi, 570 mille têtes constituant le noyau sensible, le temps est également ciblé en attendant qu’arrivent les pâturages. Le conseiller annonce également les chiffres de la malnutrition et les solutions y afférentes. ‘‘Nous avons décelé qu’il y a environ 155 mille enfants qui sont malnutris de façon sévère que nous allons assister. 1 million d’enfants de moins de 5 ans vont faire l’objet d’une surveillance nutritionnelle pendant toute la saison et un peu plus de 10 mille femmes allaitantes et enceintes’’, annonce le conseiller du Premier ministre. La collaboration entre pouvoirs publics, programmes onusiens et coopération internationale a toutefois réussi à contenir la résilience.
Succès du PAA
Un succès incarné par la réalisation du programme d’achats locaux d’aliments (PAA). ‘‘Il a visé pendant trois ans à assister 1 000 petits riziculteurs qui n’arrivaient pas nourrir leurs familles avec des rendements faibles de 800 kilos de paddy à l’hectare. Grace aux efforts conjugués de la FAO, des autorités et de la coopération brésilienne, le rendement est passé à 2,5 tonnes. Non seulement ils arrivaient à nourrir leurs familles, mais ils disposaient d’un surplus commercialisable qui leur a apporté 75 mille F CFA de revenus supplémentaires par personne’’, fait savoir Fallou Dièye.
La directrice et représentante du PAM au Sénégal Ingeborg Breuer annonce que son organisation reste disposé à renforcer les capacités des acteurs nationaux et mettre en œuvre les modèles proposés. D’ailleurs ce surplus de ces cultivateurs a été acheté par le PAM pour fournir gratuitement les cantines scolaires de 181 écoles pendant un an. ‘‘La mise à l’échelle va consister à dupliquer ce projet dans les régions de Kolda, Sédhiou, Ziguinchor et Matam qui sont les régions périphériques où existent des facteurs d’insécurité alimentaire. C’est un exemple de la résilience’’, annonce le conseiller du premier ministre. Les pouvoirs publics et les partenaires techniques et financiers vont discuter de la bonne gouvernance, de la croissance inclusive et de la protection sociale suivant leurs expériences respectives pour une mise en cohérence des résultats obtenus. L’atelier va passer en revue les mesures prises en faveur des secteurs productifs dont l’agriculture, l’élevage, et le secteur informel.
Ousmane Laye Diop