La Bad au banc des accusés
Au Sénégal et en Afrique, les femmes continuent d’être la couche la plus impactée de certains projets qu’elles jugent nuisibles à l’environnement et qui ne respectent pas leurs droits fondamentaux. Regroupées par l’association Lumières Synergie-Développement (LSD), les femmes impactées par des projets d’infrastructures indexent la Banque africaine de développement de financer ce genre de projet.
‘’A Bargny depuis 2008, on est confronté à la pollution, à l'accaparement des terres, à la non-prise en compte de l'existant dans les centres de transformation, parce que quand la centrale était installée, on nous a dit qu'elle serait à 2 km de Bargny, alors que la centrale est à moins de 500 m des populations, moins de 10 m des femmes transformatrices et moins de 200 m du quartier de Mina. Malgré notre refus, la centrale s'est quand même installée. Nous voulons que les doléances des communautés puissent être prises en charge et en compte. Installer une centrale à charbon au cœur d'une ville, ça n'existe nulle part dans le monde’’, s’est offusqué Fatou Samba, Présidente des femmes transformatrices des produits halieutiques impactées par la centrale à charbon de Sendou.
Elle s’exprimait lors d’un atelier régional de partage et de capitalisation avec les différentes organisations partenaires, qui a regroupé des femmes venues de quatre pays africains : Guinée, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Sénégal, pays hôte.
Cette rencontre avait pour objectif de revisiter le programme ‘’Amplifier la voix des femmes affectées par les projets de la Banque africaine de développement en Afrique de l’Ouest’’ avec les communautés de femmes, d’apprendre de leurs expériences et de leurs luttes pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations dans la mise en œuvre des projets de développement.
En effet, Lumière Synergie pour le Développement accompagne depuis maintenant une décennie des communautés de femmes affectées par des projets portant à la fois atteinte à leurs droits essentiels et à leur environnement. Cet accompagnement s’accentue principalement sur le plaidoyer en faveur d’une intégration durable de la dimension genre dans les projets et programmes de développement, la justice climatique et la transition juste et verte.
Ainsi, durant les trois dernières années, LSD, avec l’appui de la Fondation pour une société juste (FJS) mène le programme ‘’Amplifier la voix des femmes affectées par les projets de la Banque africaine de développement en Afrique de l’Ouest’’.
Le programme visait, en effet, à encadrer et à accompagner des communautés de femmes affectées par des projets d'infrastructures dans la connaissance et la défense de leurs droits, mais également de les fédérer dans un mouvement capable d’influencer les politiques et les opérations de la Bad sur le climat, le genre et le droit des femmes en Afrique de l'Ouest. Dans ce cadre, la chargée de projet de l’association, Aby Dia, a invité la Bad et toutes les autres banques au respect des politiques de sauvegarde de l'environnement. ‘’Le message particulier que nous lançons aux banques, c’est qu’elles respectent les politiques de sauvegarde. Car cela va permettre de veiller aux droits des communautés hôtes, mais aussi plus particulièrement aux droits des femmes’’, a dit Aby Dia.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)