Jean Charles Tall dénonce le ‘’mutisme coupable’’ des ingénieurs
L’architecte Jean Charles Tall a vidé son chargeur hier sur les ingénieurs et autres cadres qui interviennent dans le domaine du bâtiment. Il n’apprécie guère leur ‘’mutisme coupable’’ face à l’insécurité qui secoue le secteur.
Les bâtiments s’effondrent, les gens meurent et bizarrement, ingénieurs et autres architectes ne se prononcent pas. Ils s’emmurent dans un ‘’mutisme’’ que Jean Charles Tall assimile à de la culpabilité. Invité à un débat organisé par la Fédération des entreprises au Sénégal dans l’électricité (FESELEC), l’architecte a regretté que les multiples effondrements notés dernièrement au Sénégal laissent de marbre les cadres du secteur du bâtiment. Il soulève trois facteurs à l’origine de ce silence. Certains ingénieurs préfèrent se taire pour des intérêts politiques, d’autres s’agrippent à de quelconques privilèges, alors qu’un troisième groupe opte pour la facilité en estimant que d’aucuns sont là pour faire le travail.
Résultat : les techniciens ne sont ni vus, ni connus encore moins sentis sur des questions qui les interpellent au plus haut niveau. Notre responsabilité, dit-il sagement à l’endroit de ses pairs, ‘’c’est que nous oublions que cela peut nous toucher’’. Exposant sur le thème ‘’Sécurité et responsabilité dans le bâtiment’’, il constate avec regret qu’à un niveau plus large, les Sénégalais n’ont plus de ‘’capacité d’indignation’’, raison pour laquelle, ils ‘’n’assument plus leurs responsabilités’’. A travers des diapositives, il a voulu démontrer le laxisme ambiant qui caractérise les gens. C’est ainsi qu’il a été remarqué sur les images l’absence de panneaux de chantiers sur plusieurs immeubles en construction. ‘’De nos jours, il est banal de ne pas voir des panneaux de chantier dans plusieurs immeubles en construction, ce qui est dangereux’’, fait-il remarquer.
Suffisant pour qu’il en arrive à cette conclusion : ‘’Nous sommes tellement habitués à l’irresponsabilité de notre société que nous ne la voyons plus’’. Pour redresser la barre, le conseiller au Ministère de l’Énergie et des Mines, Daniel Sarr, demande un retour à la situation normale. Il explique qu’un ouvrage doit être d’abord sérieusement conçu et ‘’si chacun respecte les normes et les dispositions élaborées, tout devrait changer’’. Toutefois, il ne faudrait pas, de son avis, occulter la nécessité d’un ‘’changement de comportement’’ de la part des Sénégalais et une ‘’rigoureuse fermeté’’ des gouvernants pour faire appliquer les normes.
Initiateur du débat sur le thème : ''Comment améliorer la qualité dans la conception, la réalisation de projets électriques (Bâtiments, industries, réseaux de distribution et de transport…''), la FESELEC entend ainsi contribuer à la réflexion pour plus de sécurité. Le thème de cette première journée, selon le directeur Mor Kassé, c’est d’aider à trouver des solutions dans un contexte où les effondrements de bâtiment sont d’une actualité brûlante.
Amadou NDIAYE
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