Les producteurs de la zone de Mboundoum crient au secours
Les producteurs de Mboundoum et villages environnants n'oublieront pas sitôt la campagne hivernale 2023. Ces derniers font face à de nombreuses difficultés, dont des périmètres inondés par les pluies, la pression aviaire, une insuffisance criante de machines agricoles. D'ailleurs, ils sollicitent l'aide des autorités et interpellent le président Macky Sall pour honorer leurs dettes.
Située à une trentaine de kilomètres de la ville de Ross-Béthio, la zone de Mboundoum est toujours citée parmi les plus grandes productrices agricoles du département de Dagana. Mais pour la présente campagne hivernale, les fruits des récoltes n'augurent rien de bon. Car les producteurs de cette zone du delta traversent de sérieuses difficultés et les rendements rizicoles sont fortement menacés.
Pour le président de l'Union des producteurs de Mboundoum, Mamadou Moustapha Diack, les fortes pluies enregistrées cette année dans la région de Saint-Louis ont causé beaucoup de préjudices aux producteurs de la zone.
"Avec les fortes pluies de cette année, les périmètres sont inondés. Ce qui constitue une véritable catastrophe pour la récolte. Puisque les machines ne pouvaient pas y entrer, de même que les ouvriers agricoles. Des facteurs négatifs qui font qu’aujourd’hui, le paysan éprouve de grandes difficultés pour obtenir de bons rendements agricoles. Une diminution de la production agricole et des revenus qui affectent la subsistance et la sécurité alimentaire du producteur", a déploré M. Diack.
Comme un malheur ne vient jamais seul, a-t-il cité, les producteurs de Mboundoum et des villages environnants font face également à une terrible pression aviaire. "La pression aviaire dans le delta de la vallée du fleuve Sénégal est une conséquence directe de l'augmentation de la population d'oiseaux dans la région. Ces oiseaux se nourrissent des cultures, ce qui entraîne des pertes importantes pour les agriculteurs. Malheureusement, nos cris de détresse n'ont nullement ébranlé les autorités compétentes pour qu'elles nous aident à traiter rapidement cette situation. Nous sommes laissés à nous-mêmes", a dénoncé le président de l'Union des producteurs de Mboundoum.
La main tendue au chef de l'État
Très remontés contre les autorités, les producteurs de la zone de Mboundoum rappellent qu'ils souffrent aussi de la vétusté des aménagements, de l’insuffisance des machines agricoles, en particulier les moissonneuses-batteuses. "La vétusté des aménagements dans la vallée du fleuve Sénégal aggrave les problèmes liés aux inondations. Les systèmes de drainage, les digues et les canaux sont souvent mal entretenus, voire obsolètes, ce qui compromet leur efficacité à protéger les terres agricoles. Chaque fois qu'il y a de fortes pluies, de vastes étendues de terres sont régulièrement inondées, ce qui aggrave encore notre situation et augmente les risques de maladies liées à l'eau stagnante. Malgré les grandes surfaces emblavées, la zone ne dispose pas d’assez de machines agricoles", a râlé Moustapha Diack.
Pour toutes ces raisons, a-t-il poursuivi, les productions et les acteurs sont plus que menacés. "Les productions sont presque nulles dans la zone. Nous n'avons plus de quoi manger dans nos foyers respectifs. Dans la zone, il y a un réel problème de sécurité alimentaire qui se dessine, puisque les gens ne se nourrissent plus correctement. Avant, au Walo, nos jeunes ne s'intéressaient pas à l'émigration irrégulière. Mais avec cette situation chaotique, ils commencent à partir et risquer leur vie parce qu'ils ne sont pas appuyés dans leurs projets agricoles et rien ne les retient dans le terroir", a regretté M. Diack. Raison pour laquelle il sera très difficile pour les producteurs de la zone de rembourser les dettes contractées dans certaines institutions financières.
"Face aux difficultés que nous traversons, nous ne sommes pas en mesure de rembourser les dettes. C'est pourquoi nous invitons le président de la République à intervenir rapidement pour que des solutions soient trouvées. Il est urgent de prendre des mesures pour améliorer les systèmes d'irrigation, renforcer les infrastructures de drainage et mettre en place des mesures de prévention et de gestion de la pression aviaire, afin de réduire l'impact de ces problèmes sur les communautés vivant dans cette région", a conclu le président Moustapha Diack.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS