SAINT-LOUIS - MAUVAIS TEMPS SUR LA CÔTE
Les pêcheurs de la langue de Barbarie prennent leurs dispositions
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L’alerte rouge lancée par l’Anacim avec une houle dangereuse pouvant dépasser les 2,5 m de hauteur, est prise très au sérieux par les pêcheurs. Au quai de pêche de Diamalaye et dans les grand-places de la langue de Barbarie, l’alerte est sur toutes les lèvres. D’ailleurs, des associations et structures intervenant dans le secteur ont entamé des séances de sensibilisation pour que les consignes de sécurité soient respectées par les acteurs.
Les pêcheurs du quartier de la Langue de Barbarie ont souvent payé de lourds tributs, en bravant les interdits de la météo les empêchant d’aller en mer. Pour parer à de pareilles catastrophes, les services de pêche de Saint-Louis ont informé les pêcheurs du mauvais temps en haute mer. Une alerte que les associations et autres structures intervenant dans la pêche artisanale ont tenté de faire respecter par les acteurs. Pour les responsables régionaux de l’Union des pêcheurs artisanaux du Sénégal, tous les canaux possibles sont mis à contribution pour qu’aucun pêcheur de la langue de Barbarie ne prenne le risque d’aller en mer dans les 48 heures.
‘’Depuis que nous avons reçu l’information, on s’est mobilisé pour la partager avec toute la communauté et les acteurs. Nous sommes descendus dans les grand-places habituelles au bord du fleuve, dans les sous-quartiers, pour les sensibiliser sur les risques de la houle annoncés par la météo. On a même utilisé les réseaux sociaux, surtout les groupes WhatsApp, pour faire passer l’info à la base’’, a expliqué Malick Fall.
De plus, a-t-il rappelé, le non-respect des alertes de la météo ne crée que des catastrophes toujours sanctionnées par des pertes en vies humaines et des dégâts matériels. ‘’Quelles que soient la bravoure et la technicité qu’il détient, le pêcheur guet-ndarien ne peut rien faire face à un mauvais temps. Pour éviter des accidents mortels ou des disparitions en haute mer, il faut respecter les consignes de la météo. Des drapeaux rouges seront implantés dans les lieux indiqués pour dire aux pêcheurs qu’il y a danger en mer. En tout cas, nous avons fait ce que nous pouvions faire’’, a-t-il ajouté.
Sans regretter que leur structure ne puisse pour le moment que sensibiliser et dissuader les réfractaires. ‘’Avec l’appui des autorités compétentes, le CLPA et les autres organisations de pêche artisanale, nous travaillons pour arriver à des sanctions contre les contrevenants. Mais, en attendant, on se focalise sur la sensibilisation. Heureusement, le travail de sensibilisation effectué sur le terrain commence à porter ses fruits. Car les pêcheurs guet-ndariens accordent maintenant une attention et une importance aux alertes des bulletins de l’Anacim’’, a révélé le président du CLPA de Saint-Louis.
Les acteurs sensibles aux messages d’alerte
Au quai de pêche de Diamalaye qui grouille de monde d’habitude, l’affluence est moins bruyante. Sur les bords du fleuve en face du cimetière Thiaka Ndiaye, de grandes pirogues sont accostées. Parmi les quelques pêcheurs en tenue de travail rencontrés sur place, chacun cherche à expliquer cette situation peu ordinaire. ‘’Les lieux sont un peu désertiques, parce que l’alerte interdisant les pêcheurs d’embarquer en mer est passée par là. Donc, les services de pêche et les autres associations veulent notre sécurité et celle de nos biens.
C’est pourquoi personne n’a pris de risque d’aller pêcher, en attendant que le calme revienne’’, a lancé Baye Djily. Pour son compagnon, à cause du non-respect des alertes de la météo par les pêcheurs, la langue de Barbarie a perdu plusieurs de ses fils et beaucoup de centaines de millions de francs CFA en matériel de pêche. ‘’Le pêcheur qui reste à quai a un manque à gagner, mais la sécurité n’a pas de prix. C‘est pourquoi j’ai demandé à mon équipe de suivre les instructions du service des pêches. Mais vu l’ambiance du quai, on peut espérer que les populations sont sensibles à l’appel des organisations des pêcheurs et aux comités de vigilance’’, a soutenu Abdou Fatta.
Il faut signaler que le respect de l’alerte rouge de la météo par les pêcheurs de la langue de Barbarie commence à se sentir au marché aux poissons.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)
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