Publié le 6 Oct 2021 - 02:16
SANTE MERE-ENFANT SENEGAL

791 décès maternels et 3721 néonatals enregistrés en 2020

 

Selon le rapport de la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant, il a été noté 791 décès maternels dans les structures sanitaires et 3721 décès néonatals, en 2020. L’annonce a été faite, hier, par le responsable de cette direction le Dr Amadou Doucouré, lors d’un atelier de plaidoyer des parlementaires pour l’instauration d’une journée nationale de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile.

 

Pour lutter contre la mortalité maternelle et néonatale, les soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU) sont, d’après le Directeur de la Santé de la mère et de l’enfant, une stratégie qui permet une prise en charge des complications responsables des décès maternels et de nouveau-nés, plus d’autres stratégies comme la planification familiale et l’accouchement par un personnel qualifié. ‘’Le Sénégal est à un tournant décisif en matière de santé reproductive et sexuelle. D’importants progrès ont été notés. Il est noté une tendance à la baisse de la mortalité maternelle. En 2020, dans nos registres sanitaires et selon le rapport de la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant, on a noté 791 décès maternels dans nos structures sanitaires, parmi lesquels 100 sont notifiés à Tambacounda et 99 dans la région de Dakar’’, informe le Dr Amadou Doucouré.

Il ajoute : ‘’Les six régions où on note le plus de décès maternels et néonatals sont : Kaffrine, Tamba, Kédougou, Sédhiou, Kolda et Ziguinchor. La mortalité infanto-juvénile a enregistré une baisse très importante, passant de 72 pour 1000 naissances à 37 pour 1000 entre 2012 et 2019. La mortalité néonatale quant à elle, évolue en dent de scie. Il est de 21 pour 1000 naissances vivantes en 2019 et nos structures en 2020, il a été noté 3721 décès néonatals’’. Le Directeur de la Santé de la mère et de l’enfant s’exprimait hier, lors d’un atelier de plaidoyer des parlementaires pour l’instauration d’une journée nationale de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile.

En plus de ces cas, Dr Doucouré a indiqué qu’il y a aussi le doublement du taux de prévalence contraceptive qui est passé de 2012 à 2020 de 12 à 26,5% et une diminution du taux de besoins non-satisfaits en planification familiale de 29,4% à 21,7%. ‘’La santé des adolescents constitue l’une des grandes priorités du pays pour assurer un bon départ dans leur cycle de vie. En effet, les adolescents sont confrontés à plusieurs défis liés à la santé sexuelle et à la reproduction, la santé mentale, les violences basées sur le genre, la nutrition. Ils font l’objet d’une attention particulière dans le présent Plan stratégique intégré : santé reproductive, maternelle néonatale, infantile qui tire à sa fin’’, note-t-il.

Il y a eu l’octroi de bourses de spécialisation aux médecins généralistes et de son augmentation. Elle passe de 150 000 à 300 000 francs, depuis 2018, et a contribué à la formation de plus 1140 spécialistes, dont 160 gynécologues, 113 pédiatres et 83 anesthésistes. ‘’Le montant pour les bourses est estimé à plus 10,393 milliards de 2012 à 2018 pour la formation de 474 spécialistes. Et là, j’invite nos jeunes collègues médecins spécialistes à accepter d’aller servir à l’intérieur du pays pour des soins de qualité, gage de la couverture sanitaire universelle. Il y a aussi le recrutement pour la contractualisation de plus de 2000 sages-femmes d’Etat, infirmiers ou médecin en cours’’, assure-t-il.

‘’Nous avons 22 blocs opératoires fermés sur les 29 que compte le Sénégal’’

Ce médecin généraliste a aussi souligné que le ministère de la Santé et de l’Action sociale a aménagé 26 espaces ado-jeunes au niveau des structures de santé et une ligne budgétaire de 500 millions de francs CFA a été allouée en 2020, pour l’achat de produits contraceptifs. ‘’Malgré les avancées significatives, le Sénégal continue de faire face à des défis liés à la santé reproductive et sexuelle et à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) 2030, fixés à moins de 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes et éliminer les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans et à ramener la mortalité néonatale à 12 pour 1000 naissances vivantes au plus et la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1000 naissances vivantes au plus’’.

En dépit des efforts substantiels consentis par le pays, le Dr Doucouré signale que l’équité dans l’accès aux soins continue de retenir une attention particulière au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Loin d’être exhaustifs, les défis se résument, d’après lui, au recrutement, à la rétention et la fidélisation des spécialistes dans les zones périphériques et éloignées. ‘’Dans un contexte où on parle de couverture sanitaire universelle ; qui veut dire des soins de qualité par tous et pour tous, il nous faut des spécialistes, au niveau des régions’’.

Le Directeur de la Santé de la mère et de l’enfant de poursuivre : ‘’Il y a aussi, l’effectivité de la fonctionnalité des blocs SONU, qui sont au niveau des centres de santé. A ce jour, nous avons 22 blocs opératoires fermés sur les 29 que compte le Sénégal. La mobilisation effective des fonds destinés à l’achat de produits contraceptifs, la continuité des services prénataux en période Covid-19. Nous sommes en pleine pandémie et ce n’est pas évident, pour la continuité des services, il nous faut encore beaucoup de tact, améliorer la communication pour que les femmes continuent à fréquenter les structures sanitaires’’.

Renforcer la capacité des médecins

Le représentant du ministre de la Santé a également fait savoir que la prise en compte du secteur privé et celui communautaire dans la prise en compte de ces programmes est une urgence, de même que le renforcement de la compétence initiale des médecins en SONU. ‘’Là, j’appelle les députés, afin que vous fassiez le plaidoyer pour qu’au Sénégal, un médecin avant de sortir puisse faire la césarienne. C’est un renforcement de capacité qu’il nous faut vraiment, si on veut mailler le territoire. Comme autres défis, il y a la fonctionnalité des comités multisectoriels à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, prenant en compte les autres déterminants. Il y a l’analphabétisme, l’état des routes, etc.’’, plaide-t-il.  

Toutefois, pour le Dr Amadou Doucouré, l’espoir est ‘’permis’’ avec l’ouverture des établissements publics de santé de Kédougou, Touba, Sédhiou et Kaffrine, avec un plateau technique relevé et qui a permis, aujourd’hui, d’amener des gynécologues à Kédougou et même des pédiatres. Il y a aussi la formation en cours de 27 médecins compétents SONU et à partir de janvier 2022, de 44 techniciens en réanimation. Ce qui permettra d’ouvrir des blocs opératoires fermés. Il s’agit de Saraya, Goudiry, Dahra Djollof, Ngoudiry, Koumpentoum, Makacoulibantang, Popoguine, Kanel, Mékhé, Khombol, Foundiougne, Darou Mousty, Oussouye, Thionk Essyl, Ranérou. Mais, de renforcer les blocs opératoires fonctionnels comme Bakel, Thiadiaye, Koungueul et Vélingara.

Autre activité en cours, il a rappelé le déploiement de 1000 agents de santé dont 40 spécialistes, dans les régions de Kaffrine, Tambacounda, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Ziguinchor. Il y a également, l’ouverture prochaine des pôles mère-enfant des EPS de Diamniadio, Pikine et Tambacounda, la mise en œuvre de l’initiative université-pôle territoire pour plus d’équité. ‘’Toutes ces actions doivent être accompagnées par une demande accrue en soins maternels néonatals dans un contexte de gestion axée sur des résultats. C’est ce qui justifie la pertinence du plaidoyer pour l’institutionnalisation de la journée nationale de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent. Cette journée constituera un fort moment d’introspection, de partage des progrès réalisés et des défis de la lutte contre la mortalité maternelle, néonatale, infanto-juvénile et de l’adolescent’’, estime le Directeur de la Santé de la mère et de l’enfant.

Pour sa part, le Directeur du Développement du capital humain au ministère de l'Economie du Plan et de la Coopération a notifié que le Sénégal s’est résolument engagé sur les voies de l’émergence et de la capture du dividende démographique. ‘’Or, la réalisation de ces objectifs exige, notamment, une action concertée, une synergie de tous les acteurs concernés pour venir à bout des goulots d’étranglement qui ralentissent l’atteinte des objectifs en matière de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile, d’améliorer les conditions sanitaires des populations et le relèvement du niveau d’éducation et de formation du capital humain’’, préconise Assane Ndiaye.

MARIAMA DIEME

 

 

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