Publié le 20 Dec 2021 - 18:54
SOMMET TURQUIE-AFRIQUE

Macky Sall plaide pour le relèvement du niveau des échanges commerciaux

 

Le chef de l’Etat Macky Sall a appelé, samedi, en marge du Sommet Turquie-Afrique tenu à Istanbul, à relever davantage le niveau des échanges commerciaux et de l’investissement entre les deux parties, pour la réalisation conjointe de projets d’infrastructures de développement en Afrique. En 20 ans, le volume des échanges entre la Turquie et l'Afrique est passé, de 5,4 milliards de dollars à 25,3 milliards en 2020. Sur les seuls onze premiers mois de 2021, il a atteint 30 milliards de dollars.

 

Le 3e Sommet Afrique-Turquie s’est tenu à Istanbul, du 16 au 18 décembre 2021, sous le thème ‘’Renforcer le partenariat pour une prospérité et un développement communs’’ et le ‘’Plan d’action conjoint Afrique-Turquie 2021’’. Ayant pris part à ce rendez-vous, le chef de l’Etat Macky Sall a plaidé, sur son compte Twitter, pour la hausse du niveau des échanges commerciaux et de l’investissement entre les deux parties, afin de réaliser ensemble des projets d’infrastructures de développement du continent.

‘’Je voudrais remercier notre hôte, le président @RTErdogan, pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse qu’il nous offre dans cette belle cité d’Istanbul, carrefour historique d’échanges et de rencontres. (…) Je pense que nous pouvons davantage relever le niveau de nos échanges commerciaux et de l’investissement pour la réalisation conjointe de projets d’infrastructures de développement en Afrique ; infrastructures routières, autoroutières, portuaires, aéroportuaires, ferroviaires…’’, a twitté samedi dernier le président Macky Sall.

Le chef de l’Etat sénégalais s’est entretenu, à cette occasion, avec son homologue turc et aussi des investisseurs. ‘’La Turquie et le Sénégal entretiennent de solides relations amicales et une coopération féconde. Nous voulons porter ces relations à un niveau supérieur. Je dois témoigner ici du dynamisme du partenariat sénégalo-turc. Depuis près de dix ans, la Turquie et le Sénégal ont considérablement intensifié leurs relations politiques et diplomatiques. Nous avons aussi réalisé de grands projets, dont un centre de conférences internationales, un parc des expositions, une gare pour gros-porteurs, un marché d’envergure nationale, une plateforme sportive multidisciplinaire appelée Dakar Arena et un stade moderne de 50 000 places’’, poursuit-il.

Sur son compte Twitter, la présidence du Sénégal a aussi indiqué qu’en séjour à Istanbul, Macky Sall a eu une rencontre avec des investisseurs qui lui ont présenté le projet ‘’Le village’’. Il s’agit du nom d’un centre commercial ‘’ultra moderne’’ que le groupe turc Summa va bientôt construire à Diamniadio.

Moussa Faki Mahamat (UA) : ‘’Le temps de l’action et de la transformation est arrivé’’

Si du côté du Sénégal, le chef de l’Etat se réjouit de la collaboration entre son pays et la Turquie, à l’échelle continentale, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a relevé que si leur partenariat ‘’se porte bien, cela ne devrait guère inciter à l’autosatisfaction’’.  Mais, bien au contraire, à ‘’redoubler d’efforts’’, afin de le porter au niveau d’efficacité, de productivité et de performance optimum.

‘’Cette approche constructive incite à une programmation concrète de projets modèles, innovants, transformateurs, de portée décisive et d’utilité réciproque avérée. Le projet de déclaration soumis à votre haute attention engage dans cette voie. Le chemin est balisé. La réflexion théorique et méthodologique a eu son temps. Celui de l’action et de la transformation est arrivé. Les peuples et les élites d’Afrique nous attendent avec impatience sur ce terrain du concret’’, affirme Moussa Faki Mahamat, lors de son allocution.

Le tissu économique de l’Afrique étant encore organisé autour des biens primaires, donc à faible valeur ajoutée, se traduit, selon lui, dans les échanges par un déficit structurel, en général au profit des partenaires. ‘’Notre souhait le plus ardent est que le partenariat Afrique-Turquie contribue, sinon à inverser cette tendance, du moins à en réduire progressivement l’ampleur et les effets indésirables. Ici encore, j’en appelle à l’identification d’indicateurs de performance facilitant, au bout d’un cycle de partenariat, la mesure des avancées enregistrées. L’ambition d’industrialisation rencontre une autre, celle d’une plus grande vitalité de la Zone de libre-échange continentale africaine par l’amélioration des capacités productives de nos Etats, tant du point de vue de la quantité que de la diversité. C’est à la réalisation de cette double ambition que nous souhaitons ardemment associer la Turquie et tous nos partenaires dans le monde’’, renchérit le président de la Commission de l’UA.

D’après M. Faki Mahamat, l’Agence turque de coopération et de coordination, Tika et l’Agence de développement de l’UA, Auda-Nepad se voient ouvrir devant elles un ‘’vaste boulevard de coopération prometteuse’’. Ainsi, il les encourage vivement à s’y engager ‘’avec audace, créativité et imagination. Le renforcement des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des projets me parait ici crucial’’.

Car, il estime que c’est dans son efficacité que se mesureront leurs capacités de combler leurs lacunes et d’amplifier la performance des résultats de leur partenariat. ‘’Pour porter ce partenariat aux niveaux souhaités d’exemplarité, nous sommes interpelés à l’ancrer dans une vision du monde, aujourd’hui en pleine recomposition à l’échelle planétaire. Peut-être, est-ce le moment d’exprimer, haut et fort, notre souhait que notre partenariat contribue à rejeter le recours à la force pour résoudre les grands défis actuels et soutenir notre préférence de leurs solutions politiques par la négociation et le dialogue fondés sur les valeurs de respect et de justice entre tous les êtres humains et toutes les nations’’, souligne-t-il.

Le volume d'échanges multiplié presque par 5 en 20 ans

Selon TV5monde Afrique, le président Erdogan a par ailleurs exprimé le souhait de renforcer les échanges avec l'Afrique dans un grand nombre de domaines, dont la santé, la défense, l'énergie, l'agriculture et les technologies. ‘’Le potentiel réel entre nous va bien au-delà de nos objectifs actuels", a-t-il insisté.

En clôturant le sommet, il a annoncé l'ouverture prochaine de nouvelles ambassades de Turquie en Afrique, afin de porter leur nombre total à 49 représentations - contre 43 actuellement - sur les 55 pays de l'Union africaine. Ankara compte également 38 bureaux commerciaux, a-t-il souligné.

Le volume des échanges entre la Turquie et l'Afrique est passé, en 20 ans, de 5,4 milliards de dollars à 25,3 milliards en 2020. Sur les seuls onze premiers mois de 2021, il a atteint 30 milliards de dollars, a précisé le chef de l'Etat qui vise un objectif de 75 milliards pour l'avenir.

Un mémorandum d'accord signé pour la période 2022-2026, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit également de "renforcer la collaboration" avec l'Afrique dans cinq domaines principaux : outre le commerce et les investissements, la "paix, sécurité et gouvernance ; l'éducation, les jeunes et le "développement des femmes" ; le "développement des infrastructures et de l'agriculture" et la "promotion des systèmes de santé résilients".

Face à l’urgence sanitaire, le chef de l’Etat a aussi déploré la non-disponibilité de vaccins en Afrique. Il a ainsi promis d'envoyer 15 millions de doses de vaccin anti-Covid en Afrique, laissée pour compte dans la distribution mondiale, malgré l'apparition et l'identification pour la première fois du nouveau variant Omicron en Afrique du Sud et au Botswana. ‘’Nous améliorerons les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, le développement humain grâce à des échanges de connaissances. Ce que nous avons amorcé aujourd’hui. Pour améliorer la prospérité de nos peuples, gagnons ensemble, prospérons ensemble, grandissons ensemble’’, promet-il.

Erdogan dénonce l’absence de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies

Il convient de noter que la Turquie s'est beaucoup investie en Afrique, ces deux dernières décennies, sous les auspices de M. Erdogan, pour développer les liens diplomatiques, mais aussi économiques et commerciaux, en particulier dans le domaine de la défense. Et par rapport à la défense et à la sécurité, le président turc trouve ‘’injuste’’ l’absence de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies. ‘’C’est injuste que le continent africain, avec sa population de 1,3 milliard d’habitants, ne soit pas représenté au Conseil de sécurité des Nations Unies. Les groupes terroristes comme Boko Haram et Daesh ne sont pas le seul problème de certains pays. Le terrorisme est notre problème à tous. Il n’y a pas de différence entre ces groupes terroristes et le PKK ou le Frto qui nous attaque’’, regrette Erdogan. 

En matière de défense, TV5monde Afrique rappelle dans son site que la Turquie dispose déjà d'une base militaire en Somalie et pousse son avantage avec ses ventes de drones. ‘’Le modèle TB2 de la société privée Bayraktar - dirigée par un des gendres du président - est le plus demandé, après ses succès vantés ces dernières années en Libye et en Azerbaïdjan. Le Maroc et la Tunisie ont pris livraison de leurs premiers drones de combat turcs en septembre et l'Angola a récemment exprimé son intérêt pour ces aéronefs sans pilote, lors de la visite de M. Erdogan sur place en octobre. La Turquie a également signé en août un accord de coopération militaire avec le Premier ministre d'Ethiopie, Abiy Ahmed, englué dans une guerre contre les rebelles du Tigré, avec lequel M. Erdogan s'est entretenu à huis clos vendredi. Le chef de l'Etat a également eu un rendez-vous privé avec le président du Nigeria, Muhammadu Buhari’’, rapporte le média français.

Le président turc a conclu le sommet par une nouvelle invitation aux pays du continent pour le 2e forum de la diplomatie organisé à Antalya, en mars prochain. Et un nouveau rendez-vous avec le continent a été annoncé pour 2024, cette fois en Afrique.

MARIAMA DIEME

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