Des députés dénoncent un «énième couac communicationnel»
Pour des «têtes brûlées» de la majorité, décréter un téléthon parlementaire un beau matin en faveur des inondés est la preuve d'un déficit de communication dans le management du groupe.
S’il y a un domaine où le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar péche, c’est sans doute la communication. Constitué pour la plupart de «bleus», il est traversé par un malaise lié à un «déficit de communication», comme dans ce téléthon parlementaire où chaque député est prié de cotiser 100 000 pour venir en aide aux sinistrés des inondations par l'intermédiaire du plan Orsec. «J’ai appris l’information dans la presse, s’insurge un député membre de BBY. On ne peut se réunir comme ça et prendre une décision sans consulter les intéressés.» Même s’il se dit favorable au «principe» de la contribution, notre interlocuteur critique «la démarche» adoptée par le Bureau de l’Assemblée nationale. «Il faut qu’ils (les membres eu bureau) sachent que nous avions déjà pris des engagements avec des communes d’arrondissement dans le cadre de cet élan de solidarité.»
Le député Abdoulaye Ndiaye, lui, n’est pas prêt à laisser passer cette mesure. «Je vais l’attaquer (cette décision) au cours de notre réunion (NDLR : Réunion de commission parlementaire qui devait se tenir hier)», déclare ce responsable de l’Alliance pour la République (APR). Pour lui, «l’approche» choisie par le Bureau de l’Assemblée nationale dans cette affaire «n’est pas bonne». Il impute ce «énième couac communicationnel» au management du groupe parlementaire BBY. «Tout le monde se perd, on est toujours pris au dépourvu», déplore le député. Mais son collègue Thierno Bocoum ne s’en alarme pas outre mesure. Il préfère attendre «d’être saisi officiellement sur cette question».
En revanche, il n’est pas très convaincu de la pertinence de cette proposition du Bureau de l’Assemblée nationale. «Au-delà de cette mesure, les populations nous attendent ailleurs. L’Assemblée nationale est une institution qui doit s’occuper des grandes solutions. Il serait, par exemple, plus intéressant d’auditionner les ministres concernés sur le plan ORSEC, sur la gestion des inondations et sur le plan décennal et ainsi avoir une meilleure lisibilité sur les solutions préconisées que de verser dans le mimétisme à travers un téléthon parlementaire.» A l'en croire, «plusieurs députés ont déjà mis la main à la poche pour venir en aide aux sinistrés, et le plus souvent dans la plus grande discrétion. C’est mon cas, mais cela ne me gênerait pas de le refaire. Cependant nous devons éviter de verser dans le populisme».
Quoi qu’il en soit, la communication semble être le talon d’Achille du groupe parlementaire majoritaire. D’ailleurs, certains députés n’ont pas compris que la session plénière qui devait se tenir ait été reportée sine die, sans qu’ils aient été informés. Nos tentatives pour joindre le président du groupe BBY, Moustapha Diakhaté, sont restées sans suite, tandis que Haoua Dia, présidente de la commission Culture et communication, a dit ne pas être au courant d’une telle décision.
DAOUDA GBAYA
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