Le ministre et la BM n’ont pas les mêmes chiffres
Le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan et la Banque mondiale ne s’accordent pas sur le taux de décaissement pour le financement des 16 projets du portefeuille de l’institution financière au Sénégal. Pour Vera Songwe, ce taux qui est de 22,7% ‘’est faible’’. Par contre le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan avance un taux de décaissement de 32%.
Le portefeuille de financement de la Banque mondiale pour le Sénégal peine dans le décaissement. De l’avis de la Directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, ‘’65% des engagements ne sont pas encore absorbés si on considère tous les projets depuis le plus ancien jusqu’au plus récent’’. Soit un total de 719 millions de dollars (431 milliards de F Cfa) qui peinent à être absorbés. Du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015, c’est-à-dire, la période de la revue, ‘’le décaissement du Sénégal est à 22.7% au 30 avril, donc en dessous de l’objectif fixé de 30%’’, informe Vera Songwe, hier, à l’occasion de la revue annuelle conjointe de la coopération entre le Sénégal et la Banque Mondiale. Pourtant, compare-t-elle, un pays comme la Côte d’Ivoire est à un taux de décaissement de 45,6%.
Cependant, la Banque mondiale et le ministère de l’Économie, des Finances et du Plan ne se sont pas mis d’accord sur les chiffres. D’après Amadou Ba, sur les 575 milliards de F Cfa que constitue le portefeuille de la Banque mondiale, 184 milliards de F Cfa sont déjà décaissés. Ce qui lui fait un taux de décaissement de 32%. Selon le ministre, il ‘’va falloir qu’on regarde nos chiffres pour aller vers une meilleure harmonisation’’. Toujours est-il qu’‘’il n’y a pas de contradiction dans les chiffres’’, à en croire le directeur général des Finances publiques.
De l’avis de Mouhamadou Moustapha Ba, la Banque mondiale a calculé un taux de décaissement annuel pour avoir 22,7% alors que le ministère a calculé des taux de décaissement cumulés. Un argument soutenu par Ndèye Maguette Fatim Seck. Cette dernière explique qu’‘’il n’y a pas une grande différence sur les chiffres. Il s’agit juste de 2 types de décaissement calculés différemment’’.
Toutefois, selon la directrice des opérations de la BM, ce ‘’faible taux de décaissement’’ est surtout lié à ‘’la jeunesse des projets’’ mais aussi aux ‘‘retards dans la mise en œuvre des activités’’. ‘’Nous espérons que cette revue sera une occasion pour poser clairement les contraintes et trouver des solutions idoines car, autant le gouvernement du Sénégal que la Banque mondiale ne peuvent accepter une situation qui portent surtout préjudice aux populations bénéficiaires de notre partenariat. Et pour cela, il faut reformer nos modalités de mise en œuvre des projets’’, appelle Véra Songé.
Pour le ministre de l’Economie, les ‘’goulots d’étranglement’’ sont à chercher dans la passation des marchés, la gestion financière et les décaissements. ‘’Un plan d’actions engageant toutes les parties sera élaboré en vue de formuler des recommandations visant à lever les obstacles et à trouver des solutions aux problèmes identifiés’’, promet Amadou Ba.
Le portefeuille de la Banque mondiale est de 575 milliards de F Cfa sur lesquels viennent s’ajouter 500 milliards pour le financement du Plan Sénégal Emergent. Il vise des secteurs prioritaires tels que l’éducation, le transport et l’agriculture.
ALIOU NGAMBY NDIAYE