Publié le 5 Jan 2013 - 08:25
TAXE DE 10 FRANCS CFA SUR LE LITRE DU CARBURANT

 

 Des transporteurs en contresens

 

 

Le paiement d'une taxe de 10 francs sur le litre de carburant, en lieu et place de la vignette et de la patente, n'est pas du goût des transporteurs interrogés.

 

''Trop, c’est trop !'' C’est le refrain entonné par nombre de transporteurs qui ne se retrouvent pas dans l'espèce de ''troc'' entre la suppression de la vignette et de la patente et le paiement d'une taxe de 10 francs Cfa sur chaque achat d'un litre de carburant. C'est le cas de Pape Seck, chauffeur de ''Car rapide'', trouvé à l'arrêt devant les locaux de la Fastef (ex-Ecole normale supérieure), à Dakar. D’après lui, ''si l’État a décidé de supprimer les vignettes pour le compenser par la taxe sur le carburant, c’est pour se sucrer sur le dos des chauffeurs''. ''C’est seulement hier (mardi, Ndlr) que des amis m'ont parlé de la suppression de la vignette au cours de l’année 2013. Jusqu'à présent, je n’ai pas encore une idée nette sur la question mais s’il s’agit de nous soutirer de l’argent sur la consommation de carburant, cela n’arrange pas les chauffeurs'', martèle-t-il. Un autre conducteur, intéressé par la discussion, se rapproche. ''Pourquoi l’État veut supprimer les vignettes'', s'interroge-t-il, avant de donner aussitôt son avis sur la question : ''Nous préférons nous acquitter de la vignette tous les ans, plutôt qu'on nous la fasse payer par le biais du carburant.''

 

Cap vers la gare routière des taxis urbains de Petersen. Beaucoup de conducteurs de taxi observent la pause. Le sujet de la suppression de la vignette fouette d'un coup les ardeurs. Chacun y va de son petit commentaire. ''Supprimer la vignette pour une taxe sur la consommation de carburant n’est qu’une arnaque. Si l’Etat le fait, les transporteurs vont plus souffrir'', lance Mansour Ndiaye. Pour le vieux Diop, taximan, si le gouvernement procède à cette taxation, ''c’est parce qu’il veut encore se faire du beurre sur le dos des transporteurs car le carburant est déjà insupportable''. ''Je préfère payer deux fois la vignette en une seule année que d'être taxé 10 francs sur chaque litre consommé. Chaque jour, un taxi peut consommer plus de 20 litres. Si on fait la somme, combien cela peut nous coûter au cours d’une seule année'', analyse Cheikh Niang. Ensemble, ils se livrent à un petit jeu de calcul. Selon leurs estimations, si cette mesure est appliquée, cela peut leur coûter deux fois plus qu’une vignette et une patente : ''Imaginez que nous payons pour toute l’année 7 500 F Cfa la vignette et 15 000 F Cfa la patente, si nous payons aujourd’hui pour chaque litre 10 francs, cela devient beaucoup plus cher'', se hasarde Cheikh Niang.

 

Leur collègue Djibril Diène pense que l’Etat doit maintenir la vignette et penser à réduire le prix du carburant. ''Aujourd’hui, soutient-il, les transporteurs ne supportent plus les hausses sur le prix du carburant.'' ''Beaucoup de chauffeurs de taxis ou de cars ne sont pas propriétaire du véhicule. Si la vignette est supprimée pour une taxe spéciale sur le carburant, ce sont les chauffeurs qui vont la payer, alors que les taxes et les patentes étaient du ressort du propriétaire du véhicule'', ajoute Djibril Diène.

Au gare de Colobane, El Hadj Sam somnole dans son véhicule. Il vient de Mboro après avoir passé toute la semaine à faire des courses entre Dakar et Touba. Ici également, difficile de voir un transporteur en phase avec la nouvelle mesure, excepté El Hadj Sam. ''Si tout le monde paye la vignette et qu'aucun policier ne nous arrête pour une question de vignette ou de patente, je suis totalement pour son application'', acquiesce M. Sam.

 

Des négociation avec les patrons

 

Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (CNTS/FC), abonde dans le même sens que les réfractaires à la nouvelle mesure. ''Si cela est effectif, il doit y avoir des négociations entre les travailleurs et les patrons pour voir comment ces derniers pourront rembourser l’argent dans le salaire des travailleurs'', indique Cheikh Diop. Il juge d'ailleurs élevée la barre de 10 francs : ''Quand il a été question de mettre en œuvre la réforme, les syndicats avaient donné leurs avis. Concernant le coût, je ne suis pas encore informé, mais si c’est à 10 francs par litre, c’est trop.''

 

Aliou NGamby NDIAYE

 

 

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