L’avis du docteur gynécologue Ciss
Les dysménorrhées ou règles douloureuses sont de deux types : primaires et secondaires. Elles nécessitent, d’après le Dr gynécologue Daouda Ciss, un traitement précoce et nécessaire afin d’éviter des complications chez la jeune fille ou la femme qui vit cette situation.
Contrairement à la perception populaire, les règles douloureuses sont une maladie. En terme scientifique, elles sont désignées sous le vocable de dysménorrhée. Ainsi, le docteur Daouda Ciss, gynécologue-accoucheur à l’hôpital général Idrissa Pouye de Grand-Yoff, renseigne que ces douleurs menstruelles surviennent chez 50 à 70 % des jeunes filles ou femmes. Ce qui provoque, d’après le spécialiste, des taux d’absentéisme scolaire ou professionnelle chez 15 à 20 % des concernées. Suffisant pour démontrer que les règles peuvent être très invalidantes et entraver les activités de ‘’ses victimes’’.
Les dysménorrhées peuvent être classées en deux catégories : elles sont primaires ou secondaires. ‘’Dans la plupart des cas, la survenue des dysménorrhées primaires s’observe chez la jeune fille, quelques mois après le début de la puberté, à l’apparition des ménarches’’, explique le Dr Ciss. Et dans ces cas, les douleurs peuvent se manifester par des signes avant-coureurs, c’est-à-dire avant l’apparition des saignements, au début ou à la fin. ‘’Elles ne sont pas dues à des causes organiques, mais relèvent plutôt du fonctionnement hormonal chez la femme qui fait qu’il y ait ces douleurs’’, indique le gynécologue.
Selon lui, la douleur ressentie durant cette période s’explique par le fait que les règles doivent passer par le col utérin. S’il n’a jamais été ouvert, il y a une difficulté à expulser les écoulements sanguins. ‘’De ce fait, il y a une hormone qui est sécrétée qu’on appelle la prostaglandine, qui va participer à l’ouverture de l’orifice du canal cervical, là où doivent passer les règles’’, fait savoir la blouse blanche.
Parallèlement, le gynécologue relève que la dysménorrhée secondaire touche les femmes qui n’ont jamais eu de dysménorrhée primaire et qui, après plusieurs accouchements, commencent à ressentir la douleur des règles. ‘’La plupart des causes sont liées à ce qu’on appelle une endométriose, c’est-à-dire la présence des cellules endométriales ailleurs que dans l’utérus. Parfois, ces cellules peuvent migrer et s’installer dans le myomètre (deuxième couche de l’utérus)’’, indique le Dr Ciss.
Lequel souligne, en outre, que ces deux formes de dysménorrhée constituent de plus en plus des motifs fréquents de consultation gynécologique.
Pour le traitement de ces deux types de dysménorrhée, le spécialiste avertit d’emblée que le résultat peut être décevant. ‘’Cela devient plus compliqué chez les femmes qui ont la dysménorrhée secondaire. Ces cas peuvent aller jusqu’à la chirurgie pour les femmes qui n’ont plus besoin d’enfant’’, renseigne le Dr Ciss.
Ce qui prouve, à suffisance, que cette pathologie ne doit pas être minimisée, alors qu’elle nécessite une prise en charge totale.
Toutefois, pour la dysménorrhée primaire, semblable aux cas constatés chez les collégiennes, le gynécologue précise que le traitement doit se faire graduellement. ‘’Il y a des médicaments comme des antalgiques, des anti-inflammatoires. %ais on peut aller jusqu’à bloquer le cycle menstruel avec de la progestérone, notamment chez les filles qui ne souhaitent pas contracter de grossesses’’, souligne le spécialiste.
A côté de ce traitement médicalisé, le Dr Daouda Ciss reconnait que d’autres préfèrent l’automédication ou même recourir à la médecine traditionnelle, au lieu de se faire consulter pour qu’on puisse constater la dysménorrhée et leur proposer un traitement adapté.
‘’La douleur est subjective et l’intensité varie d’une personne à une autre. Les jeunes filles ou dames ont intérêt à se rapprocher des structures sanitaires pour que la dysménorrhée soit traitée de manière pérenne’’, recommande le gynécologue.
HABIBATOU TRAORE