Pour "contenu blasphématoire"
Le Pakistan a bloqué dimanche 20 mai le réseau social Twitter sur son territoire en raison d'un "contenu" jugé "blasphématoire", à savoir "un concours de caricatures de Mahomet", a indiqué à l'AFP un fonctionnaire de l'Autorité des télécommunications du pays (PTA). "Le site a été bloqué par le ministère de la Technologie de l'information et la décision nous a été transmise. Il y avait un contenu blasphématoire dans Twitter", a déclaré Mohammad Younis Khan, porte-parole de l'Autorité. Pressé d'être plus précis, Mohammad Younis Khan a indiqué qu'il s'agissait d'"un concours de caricatures de Mahomet".
Concours de caricatures
Un responsable du ministère concerné a souligné qu'il avait demandé à plusieurs reprises au réseau social que ce genre de concours ne soit pas organisé, mais qu'il n'avait obtenu aucune réponse. L'islam interdit toute représentation d'un prophète, quel qu'il soit. La publication de caricatures de Mahomet en 2005 au Danemark et dans d'autres pays européens avait provoqué des manifestations de musulmans en colère, souvent violentes, à travers le monde. En 2008, un attentat suicide revendiqué par Al-Qaïda pour protester contre ces caricatures avait fait huit morts devant l'ambassade du Danemark à Islamabad.
Facebook disponible
Le Pakistan avait bloqué Facebook et YouTube à la mi-2010 en raison d'un contenu "blasphématoire" du même genre. Dans le cas actuel, "Facebook et Twitter étaient impliqués. Nous avons négocié avec les deux. Facebook a accepté de retirer le matériel (incriminé), mais Twitter ne nous répond pas", a déclaré le porte-parole de la PTA. En conséquence, Facebook est disponible mais Twitter reste bloqué, a-t-il dit. Ceux qui sont responsables du concours de caricatures "s'efforcent de blesser les sentiments des musulmans", a ajouté le porte-parole de la PTA. Selon le quotidien pakistanais Dawn, Twitter a refusé jusqu'à présent de se plier aux demandes de la PTA de retirer les contenus controversés. "Les responsables du ministère s'efforcent toujours de les amener à accepter, et dès qu'ils auront retiré ce matériel, le site sera débloqué", a déclaré le président de la PTA, Mohammad Yaseen. Evoquant la fureur provoquée par cette interdiction, un utilisateur de Twitter, @vinodvyas, a écrit: "A présent des milliards de personnes savent qu'il existe un concours de dessins du prophète".
Contre-productif
Pour Ali Dayan Hasan, directeur pour le Pakistan de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), le blocage de Twitter par les autorités est "malavisé, contre-productif, et se révèlera en fin de compte inutile comme toutes les tentatives similaires de censure l'ont été". "La liberté d'expression n'est pas négociable, et si le Pakistan est une démocratie respectant les droits comme il l'affirme, ce blocage doit être levé immédiatement", a déclaré Ali Dayan Hasan.
(Huffingtonpost)