Diomaye en terrain trouble
Lors de sa première visite officielle au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, va-t-il se présenter en médiateur entre les juntes militaires du Sahel et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ? Le chef de l’État est attendu sur plusieurs questions dont les tensions entre l’AES et la CEDEAO, la hardiesse des djihadistes et les menaces qui pèsent sur la sous-région.
Le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye effectuera, ce jeudi 30 mai 2024, une visite d’amitié et de travail au Mali et au Burkina Faso, informe la présidence de la République. Ces voyages interviennent au lendemain de la prolongation du mandat de cinq ans du chef de la junte au Burkina Faso et de trois ans au Mali où le contexte politico-social devient de plus en plus tendu.
Pour son premier voyage au sein de la nouvelle Alliance des États du Sahel (AES), le président sénégalais espère désamorcer les tensions entre les juntes militaires et les institutions ouest-africaines, notamment la CEDEAO. À Ouagadougou et à Bamako, il discutera avec les présidents burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, et malien le colonel Assimi Goïta du Mali des défis monétaires et des difficultés rencontrées par la CEDEAO, appelant à une réforme du franc CFA pour mieux répondre aux aspirations des populations.
Bassirou Diomaye Faye, perçu comme un leader crédible sans attache avec les anciens réseaux de pouvoir, pourrait saisir cette opportunité pour affirmer un nouveau leadership régional. Cependant, le succès de ses efforts de médiation dépendra de la volonté de Ouagadougou, de Bamako et de Niamey d’accepter cette main tendue.
Le président Faye est attendu aujourd’hui pour une visite ‘’d’amitié et de travail’’ au Burkina Faso, marquant son premier déplacement dans l'un des trois pays de l'AES depuis leur retrait de la CEDEAO. Cette alliance, regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est formée de régimes militaires qui ont pris le pouvoir par des coups d'État et qui reprochent à la CEDEAO d’être trop influencée par la France et de ne pas assez soutenir la lutte contre le djihadisme.
Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, a déjà entrepris de nombreux voyages en Afrique de l’Ouest, rencontrant des dirigeants en Côte d'Ivoire et au Nigeria. Sa mission actuelle pourrait être déterminante pour la stabilité et l'intégration économique de la région.
Amadou Camara Gueye