Les crédits pour le ministère de l’Intérieur en hausse de 20 milliards de francs CFA
Antoine Félix Diome a détaillé son programme pour la prochaine année devant l'Assemblée nationale qui a adopté, hier, le budget de son département.
L’Assemblée nationale a adopté, hier, le budget du ministère de l’Intérieur arrêté à 162 427 894 025 F CFA en autorisations d’engagement (AE) et à 149 500 996 472 F CFA en crédits de paiement (CP). Ce département dirigé par Antoine Félix Diome a connu une hausse budgétaire de 20 milliards de francs CFA, par rapport à l’exercice 2021. Toutefois, des dépenses relevant du ‘’secret d’Etat’’ font que les montants réels n’ont pu être communiqués.
Ce budget 2022 est réparti entre 6 programmes. En premier lieu, le ‘’Pilotage, gestion et coordination administrative’’ doté de 4 672 973 552 F CFA en (CP). Ces crédits seront consacrés à la réalisation, en cours, d’activités importantes en matière de coordination interministérielle de lutte contre la drogue, la mise en place d’un Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine ainsi que la prise en charge progressive de la dimension genre dans l’accomplissement des missions du département.
Pour l'année 2022, Antoine Félix Diome a informé de la poursuite de la mise en œuvre du projet de refonte et de sécurisation du réseau informatique et de télécommunication de son département, la mise en œuvre d’un programme triennal de construction et de réhabilitation de bâtiments administratifs à travers le ‘’Programme de construction prioritaire des services du ministère de l’Intérieur’’.
Concernant le programme sur la '’Sécurité publique’’, doté de 75 170 526 235 F CFA, il ambitionne de faire face aux nouveaux défis sécuritaires, à travers l’adoption d’une approche globale, mais surtout collective. Selon le ministre de l’Intérieur, cette approche se résume autour des opportunités et des perspectives ayant trait à une coopération entre les services de sécurité, en passant par une mutualisation plus poussée des ressources, une socialisation des approches de prévention, ainsi qu’une amélioration et un développement de la formation professionnelle, notamment la spécialisation avec un renforcement des effectifs et une acquisition de moyens d’intervention performants.
Le programme '’Sécurité civile’’ a été budgétisé à hauteur de 28 929 429 122 F CFA. Il compte apporter une réponse plus adéquate et une amélioration de la prévention des risques de toutes sortes (climatique, sanitaire, catastrophes naturelles, accidents). Mais aussi la mise en place d’une politique de sécurité civile de proximité, de la densification du maillage du territoire en casernes de sapeurs-pompiers, ainsi que de la modernisation des dispositifs de secours d’urgence et de lutte contre les incendies, périls et les accidents de toutes natures.
En 2022, le programme ‘’Administration territoriale’’ du budget du ministère de l’Intérieur, doté de 17 686 486 563 F CFA, permettra, entre autres, la mise en place d’un ambitieux Programme de modernisation de l’Administration territoriale (PMAT) qui permettra la construction et la réhabilitation de bâtiments administratifs, et le renouvellement du parc automobile vieillissant du commandement territorial.
Enfin, le programme '’Gouvernance électorale’’, qui a été fourni à hauteur de 22 841 581 000 F CFA, va permettre l’organisation des élections territoriales, en janvier prochain. Mais pas que. Il devra s’en suivre les élections du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et les élections législatives dès le second semestre de 2022. D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur a informé une révision exceptionnelle des listes électorales, en prélude aux Législatives, conformément aux dispositions du Code électoral. Revenant sur les tensions notées autour des élections locales, Antoine Félix Diome a indiqué que tous ‘’les segments de la société civile doivent être mobilisés dans ce sens pour préserver la stabilité de notre pays’’.
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CODE ÉLECTORAL, LOI ORGANIQUE SUR LA COUR SUPRÊME
Les justifications d’Antoine Félix Diome pour le rejet des listes opposantes
Le ministre de l’Intérieur a défendu ses administrés devant les députés et justifié la non-réintégration des listes, malgré les décisions des cours d’appel.
Si l’intervention du député Déthié Fall a donné le ton du discours de l’opposition sur l’organisation des élections territoriales du 23 janvier prochain, celle de son compère Cheikh Bara Dolly Mbacké l’a posé en des termes plus simples. ‘’On ne peut pas vous faire confiance’’, a-t-il lancé à la figure du ministre de l’Intérieur. Le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie d’ajouter : ‘’Vous êtes le bras armé de Macky Sall contre l’opposition. Cette période préélectorale, avec toutes les listes que vous avez rejetées, montre que ce qui suivra ne sent pas bon. Rien que dans notre circonscription, cinq listes de la coalition Wallu Sénégal ont été rejetées. Au même moment, aucune liste de Benno Bokk Yaakaar n’a été rejetée sur toute l’étendue du territoire. Comment c’est possible ?’’
D’autres seront plus mesurés dans leur propos. A l’image de Toussaint Manga. L’opposant a rappelé à Antoine Félix Diome la mesure de ce qui l’attend dans moins de deux mois. ‘’Ces élections locales, retient-il, seront votre premier test dans l’organisation de joutes électorales. Et je crois que vous mesurez la lourdeur et la grandeur de la tâche. La stabilité politique du pays dépendra de la bonne tenue des élections dans le respect des règles démocratiques. Les Sénégalais ne demandent qu’une seule chose : des élections libres et transparentes qui permettent aux citoyens d’élire leurs maires et leurs présidents de conseils départementaux''.
Le ministre de l’Intérieur l’a très tôt compris. Vu le contexte actuel, il lui était impossible d’éviter les questions politiques lors de son passage à l’Assemblée nationale pour le vote du budget 2022 de son département. Alors, pour répondre aux invectives des parlementaires insatisfaits du déroulé du dépôt de listes de candidatures aux élections locales, Antoine Félix Diome a d'abord fait le bilan : ‘’Sur l’étendue du territoire national, les circonscriptions administratives ont enregistré 3 112 déclarations de candidature. Il y a eu 72 décisions sur ces dépositions dont 38 rejets et 34 annulations. Sur ce dernier chiffre, il y a eu 10 pourvois en cassation qui ont été portés par l’Administration, par le canal de l’agent judicaire de l’Etat et du ministère de l’Intérieur.’’
3 112 déclarations de candidature enregistrées, (…) 10 pourvois en cassation portés par l’Administration
Sur ce procédé, le ministre de l’Intérieur a défendu ses administrés, en invoquant la loi électorale. Selon lui, les coalitions et partis politiques ont la possibilité de déposer des recours sur différentes cours d’appel concernées. A la suite des décisions de ces dernières, les parties intéressées (impliquant les préfets et sous-préfets) peuvent introduire un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Et tant que ces procédures ne sont pas vidées, l’Administration territoriale n’est pas autorisée à accepter ces listes. ‘’Ce n’est pas parce qu’une personne a obtenu gain de cause devant une cour d’appel que le préfet ou le sous-préfet doit intégrer la liste qui a été initialement rejetée. La loi organique sur la Cour suprême a prévu que lorsqu’il y a un pourvoi en cassation, la décision ne peut être exécutée. Les préfets auraient réintégré ces listes que cela aurait été une violation manifeste de la loi’’, a-t-il soutenu pour répondre aux complaintes sur les listes de l’opposition qui n’ont été réintroduites, malgré des décisions favorables des cours d’appel concernées.
Ces explications n’ont pas convaincu Aïda Mbodj. Bien au contraire, estime la parlementaire. Elles n’ont fait que prouver à ses yeux, s’il en était besoin, que c’est le ministre de l’Intérieur qui instruit ‘’l’Administration territoriale sur les actes à poser lors du dépôt des listes de candidature, leur acceptation ou rejet selon ses intérêts. Cela prouve à suffisance que les autorités administratives sont des acteurs politiques. La mission de l’Administration publique est en train d’être dévoyée’’.
Un constat qui permet à l’ex-mairesse de Bambey de réaffirmer que l’organisation des élections doit être confiée à une personnalité neutre.
Toutefois, Antoine Félix Diome a balayé ces accusations, en soutenant que l'opposition ne peut pas avoir des jugements sélectifs en fonction de préoccupations d’ordre politique. ‘’Doit-on respecter une partie des règles électorales et en rejeter d’autres, lorsqu’elles ne nous sont pas favorables ? Avant que les cours d’appel n’aient eu à vider leur saisine sur les recours introduits, vous avez entendu certaines personnes dire que la justice est instrumentalisée. Une fois qu’elles ont rendu des décisions qui leur ont été favorables, elles ont affirmé que la justice a été réhabilitée et heureusement’’, charrie-t-il.
Lamine Diouf