Les recettes diplomatiques de Moustapha Niasse
Pour une résolution des conflits en Afrique, le président de l’Assemblée nationale pense qu’il faut faire de “la prévention”, de “la gestion” et “du règlement”. C’était hier, lors de la réunion délocalisée de la Commission mixte du Parlement de la CEDEAO dont le thème portait sur : “Le mécanisme de la CEDEAO de prévention des conflits : quel rôle pour le Parlement de la CEDEAO ?”
A lors que les pays africains peinent à s’accorder sur une position commune par rapport à la crise au Mali, Moustapha Niasse a servi aux parlementaires de la CEDEAO un cours diplomatique magistral. Venu présider la réunion délocalisée de la Commission mixte (Commission affaires politiques, paix et sécurité, Commission droits de l’Homme et protection de l’enfant, Commission Nepad et mécanisme africain d’évaluation par les pairs), le président de l’Assemblée nationale a indiqué les “étapes” à suivre en cas de crises et de conflits. Il s’agit de “la prévention, de la gestion et du règlement”.
S’agissant de la “prévention”, M. Niasse suggère de faire de “l’analyse et de la prospective pour éviter les conflits”. Une fois que le conflit a éclaté, il faut le gérer en rassemblant “tous les éléments de base sur le plan politique, diplomatique, culturel et méthodologique liés à ce conflit. C’est à ce moment qu’on peut envisager “le règlement” du conflit. Il repose, selon l’ancien émissaire des Nations-unies dans les Grands Lacs, sur un triptyque : “négociations, consultations, échanges”. En cas de blocage, on procède à la “suspension (des négociations), reprise des prémices de départ, analyse des prémices, rapprochement des antagonistes”. “C’est à la fin seulement (de ce processus) que l’on discute des accords de base. Une fois l’accord de base défini et rédigé par les experts, les commissions représentant les parties prenantes réunies, on rédige un projet d’accord”, indique l'ancien ministre des Affaires étrangères. “Quand le projet, qui était rouge, passe à orange puis au vert, alors on signe l’accord.”
Par ailleurs, Niasse regrette le fait que le Parlement de la CEDEAO, qui dispose “de tous les instruments avec un protocole de non agression et d’assistance mutuelle, soit confronté à des “problèmes (de) non-opérationnalité de ces instruments”. Pour cause : “L’absence de volonté politique des Etats membres, mais aussi et surtout leurs faiblesses structurelle, financière et logistique.” Dans une sorte d'intime conviction basée sur l'expérience, Moustapha Niasse est d'avis que “la sous-région peut aujourd’hui se passer de la communauté internationale (…) pour mettre en œuvre son propre mécanisme de résolution des conflits”.
Martina Moreira Moniz, député membre de la Commission des droits de l’Homme et protection de l’enfant, a pour sa part conseillé à ses collègues de ne pas faire du mécanisme de la Cedeao “un slogan pour attirer les investisseurs étrangers, mais un véritable instrument pour prévenir les conflits”. Un avis que partage Cheikh Abdallah, le directeur du Groupe inter-gouvernement d’action contre le blanchiment d’argent (GIABA) qui dit attendre de ces travaux la mise en œuvre de textes législatifs pour l’application des protocoles.
DAOUDA GBAYA
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